Sri Lanka : après avoir confirmé son plan d'aide, le FMI met la pression sur Colombo

Lundi 21 mars, le FMI a annoncé accorder au Sri Lanka un plan d'aide de 2,9 milliards de dollars. L'accord trouvé début mars avec la Chine pour la restructuration de ses prêts au Sri Lanka a aussi joué en faveur de Colombo et a « ouvert la voie » à ce financement.
Englué dans une crise financière, politique et sociale depuis plus d'un an, le Sri Lanka va enfin pouvoir respirer un peu, après que le FMI a validé lundi son plan d'aide de 2,9 milliards de dollars.
Englué dans une crise financière, politique et sociale depuis plus d'un an, le Sri Lanka va enfin pouvoir respirer un peu, après que le FMI a validé lundi son plan d'aide de 2,9 milliards de dollars. (Crédits : DINUKA LIYANAWATTE)

Colombo va devoir donner des gages au FMI. Après avoir annoncé la mise en place d'un plan d'aide au Sri Lanka lundi, le chef de la mission locale du FMI, Peter Breuer, a rappelé mardi que le gouvernement s'était engagé à promulguer des lois anticorruption plus strictes dans les mois à venir. Profondément ancrée dans le pays, la corruption est en partie pour responsable des graves difficultés économiques du pays.

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Les mesures anticorruption sont « indispensables pour s'assurer que les bénéfices durement gagnés grâce aux réformes profitent au peuple sri-lankais », a-t-il estimé.

Peter Breuer a ajouté que le pays allait devenir le premier d'Asie à faire l'objet d'un « diagnostic de gouvernance » complet du FMI.

Un premier décaissement de 333 millions de dollars

Englué dans une crise financière, politique et sociale depuis plus d'un an, le Sri Lanka va enfin pouvoir respirer un peu, après que le FMI a validé lundi son plan d'aide de 2,9 milliards de dollars. Pour rappel, le pays de 22 millions d'habitants a demandé l'aide du FMI après avoir fait défaut sur sa dette publique de 46 milliards de dollars (43 milliards d'euros) en avril 2022. L'île d'Asie du sud et le Fonds monétaire international (FMI) étaient parvenus à un accord en septembre dernier.

Toutefois, le programme était resté en suspens, l'institution n'étant pas satisfaite des garanties apportées par la Chine, le principal créancier bilatéral du pays. Le 6 mars dernier, Pékin a accordé de nouvelles concessions, qui n'ont pas été rendues publiques, jugées suffisantes par le FMI. Dès lors, ce dernier a programmé la réunion de son conseil d'administration, dernière étape nécessaire pour valider le plan d'aide.

A l'issue de sa réunion lundi, le conseil a « approuvé le programme de 48 mois et environ trois milliards de dollars », ajoutant qu'un premier décaissement de 333 millions de dollars était immédiatement versé.

« Une étape importante pour restaurer la soutenabilité de la dette »

La présidence sri-lankaise s'est dite « heureuse » du feu vert accordé par le Fonds.

« J'exprime ma gratitude envers le FMI et nos partenaires internationaux pour leur soutien alors que nous tentons de remettre notre économie sur les rails », a ajouté le président du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, dans un communiqué.

« Le monde a accepté que le Sri Lanka n'était plus un pays en banqueroute », s'est-il félicité, ajoutant que les « affaires normales peuvent reprendre ».

De son côté, la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, s'est déclarée sur Twitter « très heureuse » de la décision du conseil d'administration, y voyant une « étape importante pour restaurer la soutenabilité de la dette » du pays.

Egalement citée dans le communiqué, elle a cependant souligné les nombreux efforts qu'il reste à réaliser de la part du gouvernement sri-lankais, l'appelant à « continuer sa stratégie de désinflation »" mais également à renforcer ses efforts afin de « lutter contre la corruption » et « mettre en place un programme de recapitalisation des banques ».

Une hausse des impôts engagée

Les Sri-Lankais, eux, semblaient moins enthousiastes. « Ce n'est pas quelque chose que nous devrions célébrer fièrement », a estimé auprès de l'AFP Charlotte Somaseeli, 67 ans. « C'est un signe de la situation désespérée dans laquelle nous sommes », a poursuivi cette officière de police à la retraite. « En gros, nous sommes fichus », a lancé de son côté Gehard Mendis, chef d'entreprise de 59 ans. « Le plan du FMI est aussi un prêt. Cela va augmenter le poids de notre dette ».

Le Sri Lanka doit trouver un accord avec l'ensemble de ses créditeurs, en particulier le secteur privé, qui détient plus de 40% de la dette extérieure du pays. Le pays était déjà parvenu à un accord avec ses deux autres principaux créanciers bilatéraux, le Japon et l'Inde, ainsi que les pays du Club de Paris, en vue d'une restructuration de sa dette. La Chine s'y était finalement ralliée le 6 mars. Colombo espère désormais obtenir un moratoire de 10 ans sur sa dette extérieure.

Si le gouvernement sri-lankais restait jusqu'ici dans l'attente du plan d'aide du FMI, il a d'ores et déjà commencé à mettre en place les politiques décidées dans le cadre du programme signé entre le pays d'Asie du Sud et l'institution, en particulier une hausse des impôts afin de réduire le déficit public.

La crise persiste

La décision de relever les impôts a toutefois suscité de nouvelles tensions sociales. Une grève nationale a été lancée le 15 mars, à l'appel d'une quarantaine de syndicats, poussant le gouvernement à déployer des soldats armés dans les gares et le port de Colombo.

Le mouvement s'est déroulé en dépit de l'interdiction des grèves imposée par le président le mois dernier, faisant courir le risque aux contrevenants de perdre leur emploi. L'économie de l'île de l'océan Indien continue de souffrir de la crise économique. En 2022, le PIB s'est contracté de 7,8% en 2022, la pire depuis son indépendance, en 1948.

(Avec AFP)

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