Turquie : malgré la hausse des taux, l’inflation repart à la hausse, s'affichant à 47,8% en juillet

Le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan est rongé par une inflation galopante depuis plus d’un an. Alors qu’elle semblait faiblir, elle est repartie à la hausse en juillet, de près de 48% sur un an, à cause de la dépréciation de la livre turque. La situation devrait néanmoins s’améliorer puisque la banque centrale va poursuivre le resserrement de sa politique monétaire.
A l'été 2023, le président turque a décidé de changer radicalement la politique monétaire de la Turquie
A l'été 2023, le président turque a décidé de changer radicalement la politique monétaire de la Turquie (Crédits : UMIT BEKTAS)

Déception en Turquie. Alors que l'inflation baisse depuis huit mois, elle est repartie à la hausse en juillet à 47,83% sur un an, soit + 9,6% sur un mois, la plus forte augmentation en dix-huit mois, selon les données officielles publiées jeudi. La hausse de juillet était cependant anticipée par la Banque centrale qui l'avait annoncée lors d'une conférence de presse le 27 juillet de sa nouvelle gouverneure, Hafize Gaye Erkan. Pour rappel, l'inflation était passée en mai sous la barre des 40% pour la première fois depuis décembre 2021 et elle avait atteint 38,2% sur un an en juin, son plus bas niveau en dix-huit mois après avoir culminé à 85,5% en octobre 2022.

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Selon ses prévisions annuelles, l'inflation doit atteindre 58%, plus du double des précédentes projections, à la fin 2023 mais elle a promis « la stabilité » à partir de 2025. Les chiffres officiels sont toutefois régulièrement contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l'inflation (Enag): selon eux, l'inflation atteint 69,21% depuis janvier et 122,88% sur les douze mois écoulés.

La livre turque plombée par la politique monétaire

Cette flambée des prix suit la dégringolade de la livre turque, qui a perdu près du tiers de sa valeur depuis mai, et valait jeudi 26,95 livres pour un dollar, selon le cabinet londonien Capital Economics. Une monnaie en berne qui rend toutes les importations beaucoup plus chères.

A l'origine de la mauvaise santé de la livre turque : la politique monétaire du pays.

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Pendant plus d'un an, la Banque centrale turque a décidé de baisser ses taux directeurs malgré l'inflation, à rebours donc de toutes les autres banques centrales. Une politique défendue par le président Recep Tayyip Erdogan qui affirmait vouloir privilégier la croissance et la création d'emplois dans un « nouveau modèle économique ». Le chef d'Etat avait aussi soutenu que les taux d'intérêt élevés étaient promus par un « lobby » étranger.

Mais fin juin, le gouvernement avait fait volte-face et nommé Hafize Gaye Erkan en tant que nouvelle gouverneure de la banque centrale dans l'idée de relever progressivement le taux directeur, à 17,5% le mois dernier.

Le relèvement des taux bienvenu, mais trop lent pour les marchés

La dernière hausse des taux avait cependant été vue comme plus timide qu'espérée par les investisseurs.

« Le resserrement monétaire sera progressivement renforcé (...) si besoin jusqu'à une amélioration significative des perspectives d'inflation », avait expliqué la Banque après une première hausse, en juin, de 8,5% à 15%, pour la première fois en plus de deux ans et avant une deuxième hausse en juillet.

Un rythme qui n'a pour l'instant pas permis de calmer la chute de la livre et qui n'a pas encore eu d'impact sur l'inflation mais qui est tout de même salué par les analystes. « La banque centrale a présenté un ensemble de prévisions plus réalistes lors de son rapport sur l'inflation la semaine dernière en relevant ses prévisions d'inflation de fin d'année à 58 % sur l'année », souligne jeudi Capital Economics. « Il est clair que les hausses de taux d'intérêt ne sont qu'une partie de la nouvelle politique » ajoute le cabinet qui mise sur « une hausse du taux directeur à environ 27,50 % d'ici la fin de l'année, nécessaire pour maintenir la confiance des investisseurs ».

De son côté, Timothy Ash, spécialiste des marchés émergents au cabinet BlueBay, salue « une équipe impressionnante, capable de dessiner une sortie de crise ». L'analyste fait en outre valoir les revenus du tourisme en hausse de 27 % sur le premier semestre 2023. Cette bonne nouvelle, rappelle-t-il, s'ajoute aux 50 milliards de dollars de contrats signés avec les Emirats arabes unis lors de la tournée de M. Erdogan dans le Golfe en juillet, qui atteindraient au total 100 milliards de dollars avec les accords conclus en Arabie Saoudite et avec le Qatar et le Koweit.

 (Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 03/08/2023 à 15:10
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Ce qu'il faut constater c'est que les errements économiques d'Erdogan + le financement de la reconstruction des zones détruites par le tremblement de terre vont nécessiter un soutien que seul le système financier occidental peut apporter à la Turqui...

à écrit le 03/08/2023 à 13:33
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Bonjour, La Turquie a su être un élément important du conflit ukrainien... Pays de transit des marchandises de la mer noire, ils se sont placé comme interlocuteur et alliés de la Russie... Malheureusement, ce pays a coupé délibérément tous les pon...

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