Allemagne : les commandes industrielles en dents de scie

Les commandes à l'industrie allemande s'affichent en dents de scie d'un mois sur l'autre. Elles ont fortement chuté en janvier (-11,3%) après avoir rebondi en décembre (+12%). La première économie européenne est engluée dans un ralentissement général de son activité dont elle peine à sortir.
Dans l'industrie automobile allemande en janvier, les entrées de commandes ont en revanche augmenté de +4,2%, après avoir chuté le mois précédent.
Dans l'industrie automobile allemande en janvier, les entrées de commandes ont en revanche augmenté de +4,2%, après avoir chuté le mois précédent. (Crédits : Reuters)

C'est un indicateur clé pour le secteur manufacturier, pilier de l'économie allemande, et il n'est pas bon. Les commandes à l'industrie allemande ont en effet plongé de 11,3% sur un mois en janvier, selon les chiffres publiés par l'institut des statistiques Destatis ce jeudi 7 mars. Ce, alors qu'elles ont progressé de 12% en décembre (données révisées). L'organisme explique que ce rebond le mois dernier a été lié à l'effet de grosses commandes exceptionnelles, notamment des commandes d'avions. Mais même sans le prendre en compte, l'évolution reste quand même négative puisque mesurée à -2,1% en janvier sur un mois.

Dans le détail, le recul est particulièrement prononcé dans la fabrication de matériel électrique (-33%), le matériel de transport (en particulier les avions, navires et trains (-27%) et la fabrication de produits métalliques (-14,5%). Dans l'industrie automobile, en revanche, les entrées de commandes ont augmenté de 4,2% en janvier, après avoir chuté le mois précédent.

Les commandes en provenance de la zone euro ont plongé de -25,7%. A contrario, celles venant de l'étranger (hors zone euro) ont progressé de 1,6%.

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Tendance à la baisse depuis plusieurs mois

Une comparaison sur trois mois des prises de commandes entre novembre 2023 et janvier 2024, par rapport aux trois mois précédents, fait toutefois apparaître une hausse de 2,3%. Mais ce n'est « pas encore assez pour inverser la tendance baissière des derniers trimestres », commente Jens-Oliver Niklasch, économiste à la banque LBBW, dans une note.

« L'économie reste dans un creux », ajoute-t-il.

L'indicateur diminue en effet globalement depuis l'été 2021, les commandes à l'industrie allemande subissant la baisse de la demande mondiale notamment due à l'inflation et à la hausse des taux d'intérêt. Ainsi, sur l'ensemble de l'année 2023, les prises de commandes corrigées des variations calendaires ont baissé de 5,9 % par rapport à l'année précédente, selon Destatis.

Le ministère allemand de l'Économie s'est exprimé sur le sujet début février et a qualifié de « faible » l'évolution de la conjoncture industrielle en Allemagne au premier trimestre. Mais « une reprise conjoncturelle progressive devrait s'amorcer au cours du reste de l'année », selon lui.

L'économie allemande engluée dans la crise

La publication de cet indicateur rappelle en tout cas, s'il le fallait, que l'Allemagne n'est pas sortie de la crise. Il faut dire que, la veille, les chiffres de ses exportations en janvier ont pu laisser paraître le contraire. Celles-ci ont nettement relevé la tête, avec une hausse de 6,3% sur un mois, totalisant 135,6 milliards d'euros, un montant bien plus élevé qu'attendu grâce au réveil de la demande européenne. « Malgré tous les chants du cygne, le commerce extérieur de l'Allemagne connaît un bon départ en 2024 », a ainsi souligné Robin Winkler, économiste à la Deutsche Bank.

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Mais la prudence reste de mise. L'Allemagne a connu l'une des plus mauvaises performances économiques de la zone euro en 2023 avec une contraction de son produit intérieur brut (PIB) de 0,3% et une fin d'année particulièrement mauvaise. L'activité économique est plombée par les difficultés de l'industrie qui souffre de prix d'énergie et de taux d'intérêt élevés, ainsi que du ralentissement de la demande chez ses grands clients comme la Chine. L'embellie n'est pas prévue pour tout de suite : le semestre d'hiver, incluant les trois premiers mois de 2024, est attendu en recul. Et l'activité économique allemande ne devrait progresser que de 0,1% en 2024, a estimé ce mercredi l'institut économique de Kiel (Ifw), abaissant ainsi de 0,8 point sa précédente prévision.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 07/03/2024 à 20:12
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Je ne sais pas pourquoi on se fait du souci pour l'Allemagne, dont les fondamentaux (éducation - recherche et développement - industrie), sont plutôt bons, surtout si on considère par rapport à la FRANCE...

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