En 2024, les quotas européens de pêche prendront en compte des espèces menacées, une première

Dans le cadre de cette négociation annuelle, l'Union européenne a prévu des quotas pluriannuels pour certains stocks de poissons, notamment le lieu jaune, qui est menacé. Le différend avec les pêcheurs britanniques a aussi été réglé.
Les quotas fixés prévoient pour l'an prochain une baisse drastique des captures de lieus jaunes, de 53% à 66% par rapport à 2023, selon les zones.
Les quotas fixés prévoient pour l'an prochain une baisse drastique des captures de lieus jaunes, de 53% à 66% par rapport à 2023, selon les zones. (Crédits : D.R)

Une nouveauté pour le secteur européen de la pêche. Ce mardi, les Etats membres de l'Union européenne ont approuvé les quotas de pêche 2024 dans leurs eaux ainsi que, pour la première fois, des quotas pluriannuels pour certains stocks. Notamment le lieu jaune, population menacée dont les captures sont nettement réduites.

Après deux jours et une nuit d'intenses pourparlers, les ministres chargés de la pêche ont arrêté les « totaux admissibles de captures » par espèces, qui s'appliqueront à partir du 1er janvier 2024 aux pêcheurs européens dans l'Atlantique, la mer du Nord, en Méditerranée et mer Noire.

« Cet accord contribuera à maintenir les stocks à des niveaux durables, tout en protégeant les moyens de subsistance des flottes de pêche », a déclaré le ministre espagnol Luis Planas, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, saluant « un bon équilibre ».

Les 27 ont adopté des quotas couvrant non seulement 2024 mais également 2025 voire 2026 pour dix stocks (lieu jaune, cabillaud...) dans l'Atlantique et la mer du Nord. Ce, après le feu vert du Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM), organe scientifique de référence.

Quotas pluriannuels et prise en compte d'espèces menacées

Inédits, ces quotas pluriannuels visent « à apporter aux entreprises de pêche un degré accru de prévisibilité », a observé Luis Planas. Dans l'Atlantique et la mer du Nord, les taux de captures ont été relevés pour plusieurs stocks en amélioration - merlu, plie (au large du Danemark), baudroie...-, mais fortement réduits pour des populations fragilisées : merlan dans le golfe de Gascogne, plie dans les eaux ibériques, langoustine dans les eaux portugaises...

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Surtout, les quotas fixés prévoient pour l'an prochain une baisse drastique des captures de lieus jaunes, de 53% à 66% par rapport à 2023, selon les zones. Face à l'effondrement de la population de ce poisson en Manche et Mer Celtique, le CIEM préconisait un moratoire total, une perspective qui alarmait de nombreux petits pêcheurs français, alors que les quotas sur cette espèce étaient restés inchangés cette année.

Surpêche en Méditerranée occidentale

La Méditerranée occidentale, minée par une surpêche endémique très au-delà des recommandations scientifiques, a de nouveau fait l'objet de tractations difficiles, alors qu'un plan de gestion 2020-2025 prévoit des réductions drastiques pour atteindre une gestion durable. Les Etats ont approuvé une réduction de 9,5% de l'effort de pêche des chalutiers dans cette région, en maintenant un mécanisme de compensation leur allouant des jours supplémentaires de pêche. Les ministres européens ont également entériné les quotas de pêche négociés la semaine dernière entre l'UE et le Royaume-Uni pour leurs eaux partagées.

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L'ONG Oceana a salué « un nombre plus important de quotas fixés en conformité aux avis scientifiques », mais a déploré que 13% d'entre eux soient encore supérieurs aux limites durables recommandées. Elle a en particulier dénoncé « le feu vert à une surpêche irresponsable d'espèces sensibles comme le cabillaud du Cattégat et l'anguille, en danger critique d'extinction ».

Les pêcheurs français aidés

Fin novembre, à l'occasion d'une visite aux assises de la Mer à Nantes, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé la prolongation des aides au carburant pour les pêcheurs français jusqu'à la fin du mois de juin 2024. Ces derniers n'avaient pas manqué d'exprimer leur mécontentement, notamment en région Bretagne.

Les pêcheurs français bénéficieront ainsi de la prolongation de l'aide de 20 centimes par litre de carburant - permise dans le cadre européen qui l'autorise - et ce, jusqu'au 30 juin 2024, a précisé le chef de l'Etat. Cette aide, qui expirait le 31 décembre de cette année, s'appliquera jusqu'à un plafond de 335.000 euros par entreprise et par an.


(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 13/12/2023 à 9:15
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LOL ! C'est comme le broyage des poussins, on pensait pas que ça existait en fait, de pouvoir pêcher les espèces en voies de disparition. Bon sang mais on part de si loin que ça !?

à écrit le 13/12/2023 à 8:15
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Certains disent que des bateaux chinois viennent pêcher mais sans quota, ça ne les concerne pas (ne sont pas UE). Et quand il n'y aura plus rien, ils changeront de site de collecte. A voir si c'est réel et significatif (% des prélèvements). Moins de...

à écrit le 12/12/2023 à 23:24
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Dans ce cadre, je vais mettre deux maquereaux en aquarium; mon logement ne me permet pas d'accueillir un couple de harengs. Mais si tout le monde s'y met...

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