La Bosnie se lance à son tour à la course au lithium, les défenseurs de l’environnement s'inquiètent

Riche en carbonate de lithium, en sulfate de magnésium et en bore, la ville de Lopare, en Bosnie, intéresse la société suisse Arcore AG qui y a mené des explorations ces dernières années. La production devrait même être lancée en 2027 par cette dernière. Mais la population manifeste, elle, son inquiétude quant aux risques environnementaux que représente une telle opération.
En Bosnie, les réserves du gisement sont estimées à 1,5 million de tonnes d'équivalent de carbonate de lithium, 94 millions de tonnes de sulfate de magnésium et 17 millions de tonnes de bore.
En Bosnie, les réserves du gisement sont estimées à 1,5 million de tonnes d'équivalent de carbonate de lithium, 94 millions de tonnes de sulfate de magnésium et 17 millions de tonnes de bore. (Crédits : WASHINGTON ALVES)

Comme d'autres pays européens, dont la France, la Bosnie attire pour ses ressources. Le sol argileux de la ville de Lopare, située dans une région vallonnée du nord-est du pays, un des plus pauvres d'Europe, a été exploré ces dernières années par la société suisse Arcore AG. Or, les réserves du gisement sont estimées par l'entreprise, qui souhaite approvisionner le marché européen, à 1,5 million de tonnes d'équivalent de carbonate de lithium, 94 millions de tonnes de sulfate de magnésium et 17 millions de tonnes de bore.

On y trouve « des quantités exceptionnellement intéressantes [de matières premières] pour la chaîne d'approvisionnement de l'Union européenne », s'est ainsi réjouit auprès de l'AFP le directeur la filiale d'Arcore en Bosnie, Vladimir Rudic.

« La mine de Lopare devrait lancer la production début 2027, commencer à tourner à plein régime entre 2030 ou 2032 », et produire à ce moment 10.000 tonnes de carbonate de lithium par an, explique-t-il. De quoi fabriquer entre 150.000 et 200.000 batteries pour les voitures électriques, selon des experts.

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Si le gisement est à « faible teneur » en lithium, son extraction reste intéressante, explique l'industriel. Et la présence importante de magnésium et de bore, utilisé notamment dans la fabrication d'éoliennes, garantit une « stabilité » dans la durée à la future mine.

Arcore, qui entend demander une concession d'exploitation pour une période de 50 ans, table sur des recettes annuelles d'un milliard d'euros et la création d'environ 1.000 emplois directs, et plus de 3.000 indirects.

Levée de boucliers

Mais, si la découverte de ces matières premières, indispensables à l'industrie européenne et à la transition énergétique, ravit les industries, elle divise l'opinion et les partis politiques : « une chance pour le développement » du pays, plaident les uns, un risque pour l'environnement déplorent les autres.

De son côté, le président de la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie dont Lopare fait partie, Milorad Dodik, s'est dit favorable à l'exploitation, « une chance de développement qu'il ne faut pas rater ». Tout en assurant qu'il ne s'agissait pas d'un permis de polluer.

Ce qui n'a pas empêché la levée de boucliers dès l'annonce à l'automne du plan d'ouverture d'une mine à ciel ouvert à proximité de la ville. Le conseil municipal a d'ailleurs voté en décembre une motion contre le projet. Car le maire de Lopare, Rado Savic, en est certain : « plus de 90% des habitants sont contre l'exploitation », affirme-t-il. « Les gens ont peur de fuites de matières toxiques (...) Nous sommes clairs: nous ne souhaitons pas une telle mine ici ». L'édile redoute une « détérioration encore pire de la démographie » de sa localité, où il ne reste plus que 8.500 habitants, contre 15.000 enregistrés au recensement de 2013.

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En réponse, Vladimir Rudic accuse les opposants de « semer la panique ». « Les conditions d'exploitation seront absolument contrôlées » et le traitement du minerai « se fera dans les cycles industriels fermés », assure le directeur de la filiale d'Arcore en Bosnie. Une étude d'impact sur l'environnement doit être réalisée après l'obtention éventuelle de concession d'exploitation, suivie d'un débat avec la population.

En France, l'ouverture d'une mine de lithium dans l'Allier fait l'objet de réunions publiques

En France, une première réunion du débat public sur l'ouverture d'une mine de lithium dans l'Allier par l'industriel Imerys s'est tenue mardi à Moulins. Une quinzaine de réunions sont ainsi prévues, avec un temps de lancement permettant de présenter le projet dans toutes ses composantes, un deuxième temps permettant de questionner les grands enjeux dans lesquels s'inscrit le projet, et un troisième temps permettant d'approfondir les questions.

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Et les échanges devraient être animés. Il s'agit, en effet, de l'un des plus gros projets européens de lithium. Or, depuis plusieurs mois, associations environnementales et habitants s'inquiètent, voire s'opposent, à la création de ce site d'extraction de lithium et à son usine de conversion qui devrait, elle, s'implanter à côté de Montluçon.

Pour Imerys, qui porte ce projet baptisé Emili, ce dernier représenterait un investissement qui dépasse le milliard d'euros. Il permettrait de produire en France à partir de 2028 le lithium nécessaire à la fabrication des batteries de plus de 600.000 véhicules par an pendant 25 ans. L'industriel estime qu'il générerait 500 emplois directs et 1.000 emplois indirects.

Exploitation du plus grand gisement de lithium au Royaume-Uni

En juin 2023, Imerys a aussi annoncé l'exploitation avec la start-up British Lithium du plus grand gisement de lithium du Royaume-Uni, qui pourrait alimenter « un tiers des besoins en batteries électriques du pays » et « assez pour équiper 500.000 voitures électriques par an d'ici à la fin de la décennie ».

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Avec à l'horizon l'interdiction de la vente de véhicules thermiques dans l'UE à partir de 2035, l'Europe a un besoin vital de réduire sa dépendance à la Chine. Dans le monde, en 2022, le lithium minier venait à 47% d'Australie, vendu en majorité à des sociétés de traitement chinoises, 30% du Chili et 15% de Chine. En Europe, seul le Portugal produit un peu de lithium à hauteur de 0,5% de la production minière mondiale en 2022 selon les données de l'institut d'études géologiques américain USGS.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 14/03/2024 à 16:24
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L'extraction du lithium est loin d'être polluante, au moins, c'est bien moins polluante que la plupart d'autres extractions. Evidemment, si ne pas respecter les normes, on peut polluer tout et n'importe quoi, mais quand même majoritairement les entre...

à écrit le 14/03/2024 à 9:53
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Ben oui mais trop tard messieurs ! Madame Van Layen a déjà pris son milliard ! ^^ Bienvenu en UERSS empire, qui s'entête obstinément à me donner raison, de la corruption prévu pour durer mille ans.

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