Portugal : la crise politique continue, le gouverneur de la Banque centrale sous le feu des critiques

Le gouverneur de la Banque du Portugal, Mario Centeno, a dû s'expliquer ce lundi au sujet des discussions qui auraient pu l'amener à remplacer le Premier ministre démissionnaire Antonio Costa, accusé de corruption. Selon l'opposition, ces pourparlers remettent en cause l’impartialité du gouverneur.
Dans un entretien au Financial Times paru dimanche, Mario Centeno avait affirmé avoir été invité « par le président et le Premier ministre à envisager la possibilité de diriger le gouvernement », en remplacement d'Antonio Costa.
Dans un entretien au Financial Times paru dimanche, Mario Centeno avait affirmé avoir été invité « par le président et le Premier ministre à envisager la possibilité de diriger le gouvernement », en remplacement d'Antonio Costa. (Crédits : Pedro Nunes)

L'exécutif portugais est sous le feu des projecteurs, après la démission surprise du Premier ministre Antonio Costa. Pour rappel, ce dernier a quitté ses fonctions le 7 novembre dernier, en raison de son implication dans une enquête pour corruption visant des membres de son cabinet. Le gouverneur de la Banque du Portugal, Mario Centeno, est désormais la cible des critiques. Dans un entretien au Financial Times paru dimanche, Mario Centeno avait affirmé avoir été invité « par le président et le Premier ministre à envisager la possibilité de diriger le gouvernement », en remplacement d'Antonio Costa.

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Ce lundi 13 novembre, la Banque du Portugal dément. « Le gouverneur Mario Centeno confirme qu'il n'a pas été invité par le président de la République à prendre la tête du gouvernement », a-t-elle indiqué dans un communiqué, en réaction à un démenti formel du chef de l'Etat, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa. Cette invitation a été adressée au gouverneur uniquement par le Premier ministre après des « conversations entre le Premier ministre et le Président », a précisé la Banque du Portugal.

L'opposition appelle le gouverneur à la démission

Finalement, le chef de l'Etat a refusé de remplacer Antonio Costa, dont le parti socialiste souhaitait rester au pouvoir grâce à la majorité absolue obtenue aux élections de janvier 2022, et a décidé de convoquer des législatives anticipées pour le 10 mars prochain.

Mais le gouverneur de la Banque du Portugal, qui a été ministre des Finances d'Antonia Costa entre 2015 et 2020, mais aussi président de l'Eurogroupe de 2018 à 2020, était désormais confronté aux critiques de l'opposition de droite.

Mario Centeno « devra évaluer son impartialité », a notamment observé Luis Montenegro, président de la principale formation d'opposition, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), en laissant entendre que le gouverneur de la banque centrale devrait démissionner.

« Il n'est pas en mesure de continuer à la Banque du Portugal », a pour sa part affirmé clairement le président des libéraux, Rui Rocha.

D'après les médias locaux, le comité d'éthique de la Banque du Portugal doit se réunir lundi pour évaluer la situation de Mario Centeno.

Un scandale qui secoue le gouvernement

La réaction politique est forte. Et pour cause, le scandale qui touche le gouvernement portugais est de taille. L'affaire qui a rattrapé le Premier ministre portugais concerne, selon le parquet, des soupçons de « malversation, corruption active et passive de titulaires de fonctions politiques et trafic d'influence » concernant l'attribution de licences d'exploration de lithium et de production d'hydrogène.

Au cours de l'enquête, « le nom et l'autorité du Premier ministre ont également été cités par les suspects », a ajouté le ministère public dans un communiqué. Soupçonné d'être lui-même intervenu « pour débloquer des procédures » dans le cadre de cette affaire, Antonio Costa fera « l'objet d'une enquête » autonome, toujours selon le parquet. Au cours de son allocution devant la presse, Antonio Costa a toutefois assuré être « surpris » par l'ouverture de cette enquête.

Mais il ne s'agit pas d'une première pour le chef du gouvernement. Après sa large victoire électorale le 30 janvier 2022, qui lui a donné une majorité absolue censée garantir la stabilité de son gouvernement, Antonio Costa a vu sa popularité s'éroder en raison de scandales à répétition. L'un des plus marquants est le « TAPgate », du nom de la compagnie aérienne publique qui a contraint plus d'une dizaine de ministres et de secrétaires d'Etat à quitter leur poste en raison de cette affaire. Ce scandale a été révélé il y a près d'un an après des révélations sur le versement d'une indemnité de départ de 500.000 euros à une administratrice de TAP, qui a ensuite atterri quelques mois plus tard au poste de secrétaire d'Etat au Trésor.

Pour l'opposition, la méfiance envers le gouvernement est donc de mise et cette dernière accuse maintenant Mario Centeno d'être trop proche de l'exécutif en place.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 14/11/2023 à 8:24
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25% de la finance mondiale est liée à l'activité criminelle et on continue de remplacer les politiciens par des financiers !? LOL !

le 14/11/2023 à 13:39
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il faut degager le ou les magistrat pour faute grave et sans indemnites ni retraite

à écrit le 13/11/2023 à 23:50
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Il y a Aurait des politiques en prison si on avait la vertue portugaise en France !!

à écrit le 13/11/2023 à 23:50
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Il y a Aurait des politiques en prison si on avait la vertue portugaise en France !!

à écrit le 13/11/2023 à 20:43
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Il faut qu'il vienne en FRANCE : chez nous, quelqu'un qui est soupçonné d'avoir falsifié des élections présidentielles, d'avoir acheté un procureur : d'avoir déclenché une guerre pour cacher des financements illégaux (tout en ayant fait planter la t...

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