UE : Bruxelles recommande l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Bosnie

La Commission européenne a annoncé, ce mardi, qu'elle allait recommander l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Bosnie. Et si la présidente de la Commission a salué les progrès réalisés par le pays, ce dernier doit encore mener à bien un certain nombre de réformes pour intégrer l'Union européenne. D'autant que les liens d'une partie de la classe politique avec la Russie inquiètent.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'exprimait, ce mardi, devant le Parlement européen à Strasbourg.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'exprimait, ce mardi, devant le Parlement européen à Strasbourg. (Crédits : YVES HERMAN)

[Article publié le mardi 13 mars 2024 et mis à jour à 15h30] Bruxelles a donné son feu vert à la Bosnie. La Commission européenne a, en effet, annoncé, ce mardi, qu'elle allait recommander l'ouverture de négociations d'adhésion avec celle-ci.

« Nous avons ouvert la principale porte de l'UE et il n'y a pas de marche arrière », s'est félicité Nermin Niksic, le Premier ministre de l'entité croato-bosniaque, l'une des deux entités constituant le pays avec celle regroupant les Serbes de Bosnie.

Mais cette démarche n'est pas sans conditions, a rappelé la présidente de l'institution, Ursula von der Leyen, qui a néanmoins salué les progrès impressionnants déjà réalisés par la Bosnie.

« Bien sûr, des progrès supplémentaires sont nécessaires pour rejoindre notre Union. Mais le pays démontre qu'il peut satisfaire aux critères d'adhésion et répondre à l'aspiration de ses citoyens à faire partie de notre famille », a-t-elle déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg.

Six des treize lois attendues par l'UE déjà adoptées

Le pays des Balkans avait déjà été fortement encouragé à poursuivre dans cette voie par l'Europe. Fin janvier, la présidente de la Commission européenne et les Premiers ministres néerlandais et croate s'étaient, en effet, rendus dans le pays balkanique alors que devait se tenir, en mars, un Conseil européen, dernière occasion, avaient-ils expliqué, pour valider l'ouverture de ces négociations avec la Bosnie avant les élections européennes en juin.

Lire aussiNotre sondage exclusif pour les européennes : Bardella engrange, la Macronie stoppe l'hémorragie

« Nous avons vu des progrès, nous avons constaté un véritable engagement en faveur de l'objectif d'adhésion », avait, à cette occasion, assuré Ursula Von der Leyen, après avoir rencontré la Première ministre bosnienne, Borjana Kristo, et plusieurs ministres de son cabinet. « Vous avez montré que vous pouvez obtenir des résultats si votre pays avance de façon unie », avait ajouté la dirigeante européenne, en faisant référence à un certain nombre de lois adoptées ces derniers temps par le Parlement bosnien, notamment dans le domaine de l'Etat de droit.

Borjana Kristo avait, de son côté, affirmé que sur treize lois « européennes » préparées par son gouvernement, six avaient été adoptées à ce jour. D'autres étaient en chantier, comme celles sur la prévention du blanchiment d'argent, sur le conflit d'intérêt dans les institutions ou encore sur les tribunaux.

« Je suis optimiste et je crois fermement que nous obtiendrons en mars (...) la date du début des négociations », avait-elle déclaré.

Des liens avec la Russie qui inquiètent

Alors que la Bosnie est candidate à rejoindre l'UE depuis 2016, les négociations se sont accélérées après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022 qui a relancé l'intérêt de l'UE pour la région des Balkans où la Russie est aussi influente.

« Au cours des dernières années, nous sommes passés à la vitesse supérieure dans notre approche de cette région », a ainsi reconnu Ursula von der Leyen, ce mardi.

Les liens entre la Bosnie et la Russie font d'ailleurs partie des préoccupations concernant son adhésion à l'Union européenne. En témoignent les propos tenus le 5 mars dernier par Haut représentant international en Bosnie, Christian Schmidt. Désigné par la communauté internationale, celui-ci dispose de pouvoirs discrétionnaires : il peut imposer ou annuler des lois et des décisions politiques, et limoger des élus.

Lire aussiDéfense : les 27 pays de l'Union européenne prêts à dépenser plus dans des armes "Made in Europe"

Il a ainsi mis en garde contre la proximité d'une partie de la classe politique avec Vladimir Poutine alors que le pays est confronté à une crise politique en raison des menaces sécessionnistes des Serbes de Bosnie, ce qui affecte aussi les réformes réclamées par Bruxelles.

« Nous devons montrer clairement que ce comportement anti-européen et cette relation étroite avec la politique de Poutine dans la guerre en Ukraine » ne sont pas acceptables, a-t-il affirmé dans un entretien à l'AFP Christian Schmidt, évoquant la relation du président russe avec le chef des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik. Ce dernier, sous sanctions britanniques et américaines, a rencontré à plusieurs reprises le président russe depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Il a même été décoré en février de la médaille de l'ordre d'Alexandre Nevski, une des plus hautes décorations russes, pour sa « grande contribution au développement de la coopération entre la Fédération de Russie et la Bosnie-Herzégovine, et pour le renforcement du partenariat avec la Republika Srpska ».

« Je suis un peu surpris (..) que tout le monde dans l'Union européenne n'ait pas compris que Dodik n'est pas un véritable stratège, mais l'outil de quelqu'un d'autre - et il n'est pas exclu qu'une partie de sa stratégie vienne directement de Moscou », a ajouté le Haut représentant, appelant néanmoins à ne pas en faire un obstacle à l'intégration.

« On ne devrait pas laisser le dernier mot de l'intégration européenne de la Bosnie-Herzégovine à Vladimir Poutine. Mais on ne devrait pas non plus dire que tout est normal », a encore insisté celui qui est, par sa fonction, responsable de l'application des accords de paix de Dayton, qui mirent fin en 1995 au conflit intercommunautaire qui a dévasté l'ex-République yougoslave et fait plus de 100.000 morts.

L'Ukraine dans la salle d'attente

La Commission européenne a confirmé lundi 4 mars qu'elle présenterait courant mars aux Etats membres le cadre de négociations en vue d'une adhésion de l'Ukraine à l'UE. Cette échéance faisait l'objet d'une incertitude, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen ayant un temps évoqué « le début de l'été », avant d'indiquer trois jours plus tard, lors d'une conférence de presse à Kiev le 24 février, que cela aurait bien lieu « à la mi-mars ». Lors d'un sommet mi-décembre, les dirigeants des Vingt-Sept s'étaient, en effet, mis d'accord sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine, chargeant la Commission de leur soumettre un « cadre de négociations » après avoir examiné la situation du pays et les mesures déjà adoptées par Kiev.

Pour rappel, en juin 2022, l'UE a accordé à l'Ukraine le statut de candidat, dans un geste hautement symbolique quelques mois après le début de l'invasion russe, ainsi qu'à la Moldavie voisine. Pour passer à l'étape suivante - l'ouverture de négociations d'adhésion - Bruxelles avait défini sept critères de référence pour Kiev. Il s'agit de conditions à remplir notamment en matière de lutte contre la corruption et de réformes judiciaires. Un sommet des dirigeants des Vingt-Sept est prévu les 21 et 22 mars.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 13/03/2024 à 10:30
Signaler
Belle perspective pour l'UE , intégrer les États mafieux et gros pourvoyeurs de poudre (plutôt blanche que noire) , de kalachnikov , et de "viande fraiche" (prostitution) : Bosnie , Albanie, Macédoine, Moldavie, Géorgie, Arménie, Ukraine. Félicitati...

à écrit le 13/03/2024 à 8:41
Signaler
Ils ont donné son milliard à madame Van Layen. "On peut entrer maintenant ?" "Oui tout est en règle c'est bon !" ^^ Bienvenu en UERSS empire prévu pour durer mille ans.

à écrit le 12/03/2024 à 18:15
Signaler
Quand va-t-on arrêter cette folie alors que l'Europe est déjà en crise ? VDL est pyromane

à écrit le 12/03/2024 à 12:57
Signaler
Franchement, je ne vois aucun avantage pour l’UE à appartenir à la Bosnie et à d’autres États des Balkans. Ils augmenteront le nombre d’États membres qui dépendront à jamais de la perfusion financière de l’UE. Les quelques contributeurs nets de l'UE ...

le 12/03/2024 à 18:33
Signaler
L'Europe de l'ouest l'Europe fondatrice sera d'ici vingt ans sous le coupe de l'est. Nous aurons finance leur infrastructures cela leur permettra d'acheter de l'équipement militaire Us voir actuellement les polonais notre industrie sera encore plus d...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.