Un défaut grec exposerait la France à un risque financier de 65 milliards d'euros

Pour parvenir à cette estimation, le rapporteur de la Commission des finances du Sénat a pris en compte les différents prêts consentis à la Grèce ainsi que les risques supportés par l'Eurosystème.
Une annulation totale du prêt bilatéral de 11,4 milliards d'euros accordé par la France à la Grèce impliquerait, dans la comptabilité nationale, un accroissement du déficit du même montant, qui correspond à 0,5% du PIB.

Qu'impliquerait financièrement pour la France un défaut de la Grèce ? 65 milliards d'euros, donc un montant bien supérieur aux 40 milliards d'euros généralement avancés. C'est du moins l'estimation effectuée par le rapporteur de la Commission des finances du Sénat Albéric de Montgolfier, qui publie jeudi 8 juillet un rapport d'information sur la question.

Une hausse du déficit public

Pour calculer ce montant, le sénateur d'Eure-et-Loir (Les Républicains) se fonde essentiellement sur trois éléments:

  • le prêt bilatéral de 11,4 milliards d'euros accordé à la Grèce en 2010-2011. Une annulation totale de ce prêt impliquerait, dans la comptabilité nationale, un accroissement du déficit du même montant, qui correspond à 0,5% du PIB. L'inscription devrait être effectuée l'année de constatation de l'annulation. A partir de 2020, la France aura un manque à gagner lié à l'inexistence des remboursements.
  •  les garanties apportées par la France au Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui a également accordé des prêts à la Grèce. Même si aucune dépense budgétaire n'est intervenue dans ce cadre, une annulation de ces prêts conduirait également, en comptabilité nationale, à une hausse du déficit public de la France, au prorata des garanties apportées. Le montant maximum calculé à ce titre est, en 2015, de 29 milliards d'euros.
  • les risques supportés par l'Eurosystème (système des banques centrales de la zone euro), estimés au total à environ 118,4 milliards d'euros en raison des avoirs détenus au titre du "Security market program" (SMP) et de la "dette" de la Banque de Grèce envers le système de paiement interne à la zone euro appelé "Target 2". Cette dernière "dette" ne s'appliquera qu'en cas de sortie de la Grèce de la zone euro. L'exposition de la France à ce titre est, selon le rapport d'information, de près de 24 milliards d'euros.

Un appel des garanties apportées par la France au FESF exclu pour le moment

Lé sénateur ne manque pas pour autant de noter que l'annulation du prêt bilatéral accordé par la France à la Grèce pourrait aussi n'être que partielle: en ce cas, le déficit français ne serait dégradé que d'une somme équivalente à la réduction accordée. Il observe par ailleurs que pour l'instant le Fonds européen de stabilité financière exclut - du moins tant qu'il continue de disposer de son accès au marché- de se retrouver dans l'obligation d'exercer les garanties apportées par la France sur les prêts consentis à la Grèce.

Albéric de Montgolfier observe par ailleurs qu'actuellement la rétrocession des revenus perçus  par la Banque de France sur les titres grecs - détenus pour compte propre ou dans le cadre du SMP - grave sur les dividendes versés à l'Etat. Entre 2012 et 2015, ces rétrocessions auraient représenté 2,8 milliards d'euros. En cas de défaut grec, ces restitutions seraient susceptibles de cesser: les versements de la France à la Grèce pendant la période considérée en résulteraient alors réduits de plus d'un milliard d'euros.

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