« Zeitenwende » à Hambourg

CHRONIQUE. Ce lundi débute à Hambourg un séminaire franco-allemand sous la direction du chancelier Olaf Scholz et du président Emmanuel Macron réunissant plusieurs ministres. A l'ordre du jour: énergie, industrie, défense, intelligence artificielle... Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, Berlin et Paris doivent repartir de l'avant pour que l'Europe reste dans la course mondiale face aux Etats-Unis et à la Chine.
Olaf Scholz et Emmanuel Macron.
Olaf Scholz et Emmanuel Macron. (Crédits : Reuters)

On ne pouvait rêver mieux. Le charmant hôtel Louis C. Jacob aux bords de l'Elbe et sa terrasse à l'ombre des tilleuls abriteront demain et mardi les travaux d'un séminaire franco-allemand très attendu. Emmanuel Macron et Olaf Scholz, ancien maire de Hambourg, seront accompagnés chacun par une vingtaine de ministres de leurs gouvernements respectifs. La France et l'Allemagne sont-elles encore fâchées ?

A Paris, l'heure n'est plus à railler la gouvernance allemande de l'après-Covid et des débuts de la guerre en Ukraine. A l'époque, on tempêtait contre cette Allemagne qui « achète son gaz à Moscou pour vendre des machines-outils à Pékin avec une main d'œuvre turque bon marché, le tout sous protection de l'OTAN ». Le changement d'époque — le fameux Zeitenwende clamé par le chancelier Scholz — a changé les dirigeants allemands. Que ce soit sur la nécessité absolue de diversifier les approvisionnements énergétiques de Berlin, de renforcer l'unité européenne ou d'investir massivement dans la défense.

Trouver des points de convergence

Certes, on n'a pas apprécié à l'Elysée l'initiative allemande de vouloir créer une alliance continentale visant à se doter d'une défense anti-aérienne commune. Ni l'intransigeance du gouvernement allemand sur la réforme européenne du marché de l'électricité. Mais Paris constate objectivement que « le Zeitenwende est une réalité », que « les instincts pacifistes et mercantiles de l'Allemagne ont été bousculés » et qu'on saura outre-Rhin « trouver des points de convergence » avec la France sur la nouvelle politique énergétique de l'UE.

En fait, Emmanuel Macron veut faire savoir qu'il a compris la peur de l'Allemagne de perdre son industrie la plus énergivore face à des prix du marché devenus tellement dissuasifs. Mais qu'elle doit comprendre à son tour qu'il est vain de vouloir punir la France pour les avantages acquis de sa politique nucléaire, notamment en termes de tarifs. On ne désespère pas à Paris que le vice-chancelier écologiste Robert Habeck saura se montrer « raisonnable » maintenant que le conflit à ce sujet semble être devenu « moins idéologique » et que les soupçons allemands d'un « agenda caché » français paraissent dissipés. Mais il aura fallu pour y parvenir plusieurs visites à Berlin dont celle de Bruno Le Maire le 12 septembre dernier et même celle du secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler accompagné de la conseillère Europe du président, Garance Pineau, le 26 septembre.

« Ce qui est usant, c'est de travailler non seulement avec les ministres des trois partenaires de cette coalition allemande divisée et impopulaire, avec un chancelier qui ne peut donc pas s'imposer, mais également avec les chefs des partis de cette alliance », confie un observateur de la relation.

Un séminaire qui se veut tourné vers l'avenir

Français et Allemands ont donc souhaité que ce séminaire de Hambourg, sans délivrables ni communiqué — ce qui dispense de querelles dans la négociation préalable — soit résolument tourné vers l'avenir. L'urgence à leurs yeux est de doter l'Europe d'une capacité à concurrencer les Etats-Unis et la Chine dans le domaine des nouvelles technologies, et singulièrement dans celui de l'Intelligence artificielle.

« L'idée est vraiment de faire travailler ensemble nos startups, nos grands industriels et nos investisseurs, sans trop s'attarder sur l'éthique régulatoire en la matière pour ne pas perdre de temps face à la concurrence », résume l'un des acteurs du séminaire.

Selon cette source, « il s'agit de relever nos défis communs qui sont immenses, au risque de voir l'Europe géopolitique disparaitre ».

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2023 à 16:51
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La floppée de ministres est inutile. Les grandes décisions se prennent en petit comité. La France se focalise avec une certaine révérence sur Allemagne une erreur de stratégie car nos "amis" allemands roulent exclusivement.pour eux La France sur le p...

à écrit le 09/10/2023 à 8:41
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"pour que l'Europe reste dans la course mondiale face aux Etats-Unis et à la Chine." "Reste dans la course" !? Mais quelle course ? C'est vite fait, c'est la première dans la corruption, dans le dumping fiscal et dans le dumping social et c'est tout.

à écrit le 09/10/2023 à 7:45
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Il est prévu d’avoir 2 fois par an des réunions des Gouvernements, pour théoriquement aligner leurs vues.

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