Arkéa : vers un nouveau bras de fer avec la Confédération nationale du Crédit Mutuel ?

Arkéa ne veut pas perdre son nom au profit de la cohésion du groupe : de nouvelles tensions entre le Crédit Mutuel Arkéa et la Confédération Nationale du Crédit Mutuel ont émergé sur un projet de « décision à caractère général ». A Brest, il est vécu comme manœuvre de centralisation forcée. Jeudi 21 janvier, les administrateurs du CMB dans les quatre départements bretons ont signé dans la presse régionale une lettre ouverte disant " non au risque de centralisation", "non à une banque délocalisée". Le Conseil régional a apporté son soutien.
La « décision à caractère général » proposée par la CNCM prévoit d'interdire l'utilisation seule de la dénomination Arkéa ou groupe Arkéa et d'imposer une charte graphique et de dénomination au groupe.
La « décision à caractère général » proposée par la CNCM prévoit d'interdire l'utilisation seule de la dénomination Arkéa ou groupe Arkéa et d'imposer une charte graphique et de dénomination au groupe. (Crédits : Arkéa)

La période était à l'apaisement, mais les tensions pourraient-elles se raviver au détour de cette prise de bec ? Près de trois ans après la manifestation parisienne des salariés bretons et la campagne du Crédit Mutuel Arkéa pour arracher son indépendance dans un contexte d'escalade avec l'organe central, le groupe a de nouveau interpelé jeudi dernier la Confédération nationale du Crédit Mutuel.

Dans un communiqué, le conseil d'administration du Crédit Mutuel Arkéa demande à l'unanimité le retrait d'un projet de décision de Paris lié au renforcement de la cohésion du groupe mais jugé à Brest comme « une nouvelle étape de la centralisation » et une « véritable atteinte à la maîtrise des choix stratégiques et de la vitalité d'entreprendre d'Arkéa ». Un comble pour l'établissement bancaire qui revendique des mois d'initiatives afin « d'apaiser les relations au sein du Crédit Mutuel ».

Présentée le 6 janvier pour une adoption le 25 janvier, la « décision à caractère général » proposée par la CNCM prévoit d'interdire l'utilisation seule de la dénomination Arkéa ou groupe Arkéa et d'imposer une charte graphique et de dénomination au groupe et aux caisses du Crédit Mutuel de Bretagne et du Crédit Mutuel du Sud-Ouest pour les activités commerciales et non-commerciales, y compris la communication institutionnelle et le sponsoring (voile, cyclisme, rugby...).

L'ensemble de l'offre commerciale, produits et services, du groupe Arkéa serait soumis à la validation préalable par la CNCM. Celle-ci contrôlerait aussi les opérations de croissance externe ou la création de filiales.

Pour l'heure, le calendrier envisagé par la CNCM pour faire adopter ce projet ne semble pas avoir évolué.

Actions devant différentes juridictions ?

« S'il était adopté, ce projet entrerait en totale opposition avec le principe de subsidiarité inscrit en 2018 dans les statuts du Conseil d'administration de la CNCM », prévient Arkéa qui ajoute: « Il survient de plus en pleine période de crise Covid et de plan de relance, où les banques doivent se concentrer pleinement sur le soutien à leurs clients particuliers, professionnels et entreprises. »

Selon le groupe breton, ce projet conduirait « à la mise en œuvre de mesures représentant des coûts considérables dans des délais de 3 à 6 mois », et « incompatibles à toute forme de bon sens économique ».

« Ce projet est particulièrement préoccupant en ce qu'il nous impose des contraintes injustifiées » relève Hélène Bernicot, la directrice générale du groupe Arkéa. « Il remet en cause notre modèle, notre liberté d'entreprendre, notre raison d'être », juge-t-elle.

En cas de suite défavorable à sa requête, le Conseil d'administration du Crédit Mutuel Arkéa, soutenu par les instances de gouvernance des fédérations du CMB et du CMSO, a donné mandat à la direction générale pour prendre « toutes les mesures qui assureront la protection des intérêts du groupe. » Arkéa brandit la menace : il n'exclut pas de mener des actions devant les différentes juridictions.

Impact sur les emplois directs et indirects ?

Fortement soutenu par le tissu économique et politique breton lors de son premier bras de fer avec la Confédération nationale du Crédit Mutuel, Arkéa joue de nouveau sur la corde sensible et la fibre régionale en affirmant que cette « décision à caractère général » fait « peser dans les territoires d'implantation du groupe un risque réel et sérieux sur les emplois, directs et indirects ».

Contactée, la CNCM s'en défend de même qu'elle assume sa demande liée à la dénomination du groupe. « Le Crédit Mutuel Arkéa fait partie depuis toujours du groupe Crédit Mutuel, dont l'unicité a été confirmée en justice. L'utilisation de cette dénomination est donc logique dans le nom du groupe régional », rappelle-t-elle.

En juin 2019, le tribunal administratif de Rennes avait pourtant rejeté sa demande d'interdire pour le groupe de s'appeler seulement Arkéa, estimant que la dénomination Arkéa ou groupe Arkéa n'apparaissait pas de nature à nuire à l'unité du groupe Crédit Mutuel.

Reste l'interprétation de cette décision: en assurant vouloir rester maître de sa « vision stratégique » et de ses « choix de développement », le groupe Arkéa, fort de ses 4,8 millions de sociétaires et clients et de ses 10.500 salariés, réaffirme au passage sa volonté de rester autonome et de suivre sa stratégie. Celle-ci se traduit sur le terrain par le maintien en Bretagne de son siège et de 6.000 de ses salariés ainsi que par une politique soutenue de soutien aux entreprises du territoire.

Soutien du président de Région

Lors de ses voeux à la presse, jeudi 21 janvier, Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne a apporté de nouveau son soutien à Arkéa et à son président Jean-Pierre Denis. "L'indépendance d'Arkéa est indispensable à l'avenir de la Bretagne, y compris dans une confédération, sinon les emplois partiront" a-t-il martelé.

Le jour même, les administrateurs et administratrices du Crédit Mutuel de Bretagne et présidents départementaux du Morbihan, du Finistère, d'Ille-et-vilaine et des Côtes d'Armor ont publié dans la presse régionale une lettre ouverte pour dire "non au risque de centralisation", "non à des choix déracinés, déconnectés de l'économie réelle", "non à une banque délocalisée".

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Commentaires 2
à écrit le 22/01/2021 à 20:54
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Bonjour Pascale Paoli Lebailly (Rennes) : quel amateurisme pour une journaliste digne de ce nom. Sans parti pris vérifiez vos sources et approfondissez votre dossier plutôt que de faire de la désinformation.Selon votre désinformation ou ... Déjà c...

à écrit le 22/01/2021 à 20:47
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Bonjour Pascale Paoli Lebailly (Rennes) : quel amateurisme pour une journaliste digne de ce nom. Sans parti pris vérifiez vos sources et approffondissez votre dossier plutôt que de faire de la désinformation.Selon votre désinformation ou ... Déjà ...

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