Pour Michel Barnier, les lobbys bancaires ont trop d'influence à Bruxelles

Le commissaire européen en charge des services financiers veut renforcer la présence de la société civile dans les groupes d'experts que consultent la Commission européenne pour concevoir ses directives.

Michel Barnier souhaite contrebalancer l'influence des banquiers au sein des "groupes d'experts" officiels composés de lobbyistes qui conseillent la Commission et préformatent les projets de directive. Le commissaire européen en charge des services financiers vient d'écrire à l'ONG Alter-EU, qui milite pour la transparence du lobbying, pour l'informer qu'il avait lancé "une réflexion interne afin d'identifier les mesures pour assurer une représentation appropriée et directe des consommateurs, investisseurs, PME et syndicats".

Les douze groupes de lobbyistes spécialisés dans les services financiers comptent 53 % de représentants de l'industrie financière contre à peine 22 % de représentants des consommateurs ou des syndicats. Certains groupes sont très déséquilibrés, comme celui sur les systèmes de paiement, qui réunit deux fonctionnaires, un universitaire, un syndicaliste et... 43 représentants de l'industrie. Ces écarts ne s'expliquent pas tant par la volonté de la Commission de s'entourer de conseillers à la solde du « grand capital » que par la faiblesse des moyens d'expertise technique de la société civile. L'influence coûte cher : 23 entreprises du Cac 40 déclarent dépenser au total 8 millions d'euros par an pour être présentes et peser à Bruxelles.
"Malgré les efforts consentis jusqu'ici, la situation concernant le niveau d'implication de la société civile et des organisations de consommateurs n'est pas satisfaisante", confie Michel Barnier, à La Tribune. Elle n'est pas satisfaisante "à la fois pour une question de perception de la part de l'opinion publique et pour une question de pluralité des points de vue dans le processus législatif". Alter-EU recommande que "les acteurs ayant des intérêts commerciaux soient toujours minoritaires » et demande « une compensation financière conséquente pour permettre aux experts n'émanant pas de l'industrie de participer aux groupes d'experts".

L'eurodéputé Pascal Canfin a d'ores et déjà entrepris avec d'autres élus de créer une sorte de "Greenpeace de la finance", pour agir sur la finance comme l'ONG écologique peut le faire sur le nucléaire. "Il faut que la Commission entende des sons de cloche de façon symétrique », martèle le député Europe Écologie. Ce nouveau contre-lobby financier doit recruter son premier expert dès mardi prochain.
Michel Barnier, soucieux de rétablir la confiance des consommateurs dans les services financiers, souhaite rééquilibrer progressivement les groupes d'experts. Le commissaire va également "lancer une étude sur la création d'un centre d'expertise indépendant".

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