Le Bund allemand a-t-il perdu son statut de valeur refuge ?

Les marchés craignent que le coût des différents plans de sauvetage ne finisse par peser sur la solvabilité de tous les Etats de la zone euro, même ceux jusque là considérés comme les plus sûrs.
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Un phénomène inédit perturbe les marchés depuis le début de cette semaine. On assiste à la fois à une hausse des taux allemands et à une forte remontée des rendements sur la dette des pays périphériques. 

Pourquoi est-ce si surprenant ?

Depuis le début de la crise, les marchés évoluent au gré de l'aversion au risque des investisseurs. Dans les périodes de stress, cette aversion au risque augmente. Les investisseurs ont alors tendance à se tenir éloignés de la dette des pays dits "périphériques" (Italie, Espagne, Portugal et Irlande) dont les rendements augmentent - sur les marchés obligataires, les rendements évoluent en sens inverse des prix. Ils trouvent alors refuge sur les Bund allemands, voire sur la dette des pays des "deux premiers cercles" de la zone euro (Finlande et Pays-Bas, puis Autriche et France).

Cette préférence pour la sécurité et la liquidité de la dette allemande a entraîné le rendement des Bund vers des niveaux historiquement bas ces dernières semaines. Le coût d'emprunt de l'Allemagne à 10 ans a ainsi clôturé à 1,17 % le 1er juin, après avoir touché un point bas à 1,13 % en cours de séance.

Un renversement de tendance depuis deux jours

Mais depuis deux jours, alors que les investisseurs n'en finissent pas de s'interroger sur les conséquences du plan de sauvetage des banques espagnoles, l'ensemble des rendements des dettes publiques de la zone euro sont orientés à la hausse. Les deux adjudications de dette qui ont eu lieu ce mercredi se sont passées correctement mais l'Allemagne (4,042 milliards d'euros d'obligations à 10 ans) et l'Italie (6,5 milliards d'euros de bons à 12 mois) ont dû payer des rendements plus élevés que lors des dernières opérations comparables.

Il faut dire que le plan annoncé le week-end dernier soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses. "Si l'aide est accordée par le FESF, cela entraînera une hausse des dettes publiques puisque les Etats de la zone se portent garants des fonds levés par le FESF. Pour la France, il serait question d'une augmentation de la dette d'un point de PIB",  explique l'économiste d'Aurel bgc Jean-Louis Mourier. Pour lui, c'est cette "incertitude sur le coût total du plan de soutien" qui explique que "les écarts de rendements entre le marché obligataire allemand et ceux des pays jugés fragiles d'un point de vue financier n'évoluent plus à l'inverse des taux allemands".

"L'Allemagne perd en qualité en raison du passif potentiel qui s'amoncelle sur le Bund."

De même, Andrew Bosomworth, le responsable de PIMCO - le premier gérant mondial de fonds obligataires - en Allemagne, a déclaré que les engagements de plus en plus lourds qui pesaient sur l'Allemagne avec la crise de la dette souveraine limitaient l'attrait de l'emprunt souverain de référence de la zone. Pour lui, les obligations allemandes sont toujours celles qui offrent la meilleure garantie parmi les dettes souveraines en Europe, mais leur prix n'est plus assez attractif. "Veut-on investir à des taux d'intérêt réels négatifs? Pas nécessairement", a-t-il dit à la presse. "L'Allemagne perd en qualité en raison du passif potentiel qui s'amoncelle sur le Bund."

Au-delà du plan de soutien aux banques espagnoles - qui pourrait s'élever à 100 milliards d'euros mais dont on ne connaîtra le montant qu'une fois que l'Espagne aura eu les résultats des évaluations actuellement effectuées par deux cabinets de conseil privés -, une possible contagion de la crise des dettes souveraines à l'Italie poserait un problème d'une toute autre ampleur aux pays de la zone euro. Pour les économistes d'Aurel bgc, Jean-Louis Mourier et Christian Parisot, "une intervention pour soutenir l'Espagne à laquelle s'ajouterait une aide totale ou partielle à l'Itale coûterait très cher à tout le monde. Les risques n'ont jamais été aussi importants car il n'y a jamais eu autant d'incertitudes tant au niveau institutionnel, qu'au niveau économique".

Rendement des emprunts d'Etat à 10 ans
  Allemagne France Italie Espagne
11 juin 2012 1,305% 2,559% 6,032% 6,508%
12 juin 2012 1,424% 2,729% 6,171% 6,705%
13 juin 2012 (17h) 1,500% 2,733% 6,217% 6,761%

 

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Commentaires 27
à écrit le 14/06/2012 à 18:51
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Les marchés ont raison : nous ne sommes plus solvables, et nous finirons tous ou presque "clodos" : merci à nos gouvernants stupides, incapables et mafieux

à écrit le 14/06/2012 à 14:50
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Le 10 ans Espagnol est à 7%, l'Italie pas très loin, que c est tenable ce taux usurier pour les états!! reflexion en profondeur du système s'impose, si non, on implose et c est la cata pour tous !

le 14/06/2012 à 16:02
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Si ça continue, l'apocalypse est pour bientôt !

le 14/06/2012 à 16:42
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Ouais, c'est pour le 21 décembre, tout le monde le sait et on s'en fout.

à écrit le 14/06/2012 à 14:46
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L'Allemagne depuis quelques temps pousse pour un "abandon de compétence" fin de la souveraineté, elle cherche à cacher certaines factures et sa réaliter, tu m'étonne que rien ne vas plu, avec une telle gestion budgétaire, nous avons un système qui a...

à écrit le 14/06/2012 à 13:36
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Le jour où le bund allemand rapportera plus que les bons du trésor français , Hollande sera le pacha d' un vrai navire . Il n' est jamais interdit de rêver ... Pour nous croissance est synonyme d' importations . Quant à notre avantage prétendu de ...

à écrit le 14/06/2012 à 11:07
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L'allemagne est aujourd'hui d'apparence plus solide que tous ses voisions européens. Elle a des atouts indéniables, mais tous n'est pas non plus brilliants, sa dette par rapport au PIB est semblable à celui de la France, et si on réintègre les dettes...

le 14/06/2012 à 12:31
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Tout à fait d'accord. Je préciserai toutefois que la "récession imposée à ses voisins" est surtout due à la faiblesse de ses achats à ceux-ci. Qui veut conserver ses clients a intérêt à ce qu'ils gagnent bien leur vie, sans emprunter!

le 14/06/2012 à 12:50
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@tribun, tu as raison, l'Allemagne a fait volontairement l'impasse sur le volet consommation de la croissance, là ou nous français avons peut être négligement trops misé dessus. les politiques des deux pays ont été déséquilibrées et aujourd'hui nous ...

à écrit le 14/06/2012 à 9:30
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un reversement de "tendance", "depuis 2 jours" car ca passe de 1.13 a 1.17% ? quelle analyse franchement pitoyable...........je pense meme que l'allemagne devient un investissement speculatif ' a long terme' ( une semaine)

le 14/06/2012 à 22:03
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Le fait est que la situation allemande est beaucoup plus inquiétante qu'il n'y parait. Sa croissance, fondée sur l'exportation, est très fragile. Ses principaux partenaires commerciaux, les pays de la zone euro, sont en mauvaise santé. Et les marchés...

à écrit le 14/06/2012 à 0:12
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... veux faire encore plus de dettes pour rembourser mes dettes. Vous me reconnaissez ? Ah mince !

le 14/06/2012 à 16:34
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le problème, ce n'est pas l'augmentation de ladette, c'est pourquoi faire, dans une entreprise on peut emprunter si on sait que le retour sur investissement sera supérieur au taux d'emprunt, c'est le fameux effet de levier. exemple on emprunte 100 ...

à écrit le 13/06/2012 à 22:12
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La France pays des liberté, la France suradministrée, ça c'est une oxymore.

à écrit le 13/06/2012 à 21:44
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De toute façon, une chose est bien claire, l'Allemagne ne saurait pas garantir toutes les dettes de tous les pays européens qui ne savent assumer leurs dettes- même si les Allemands seraient prêts pour le faire !! Les Euro-Bonds ne peuvent qu'entraîn...

le 15/06/2012 à 13:41
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l´endettement europeen se chiffre : 15.000 euro par allemand .... qui travaille. C´est ce que ridsque de perdre chaque allemand en cas d´un defaut de la zone Euro. Le volume d´export dans la zone euro est certes tres important mais le ...

à écrit le 13/06/2012 à 21:29
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Alors est-ce Trafalgar? Soyons réalistes, la dette de l'Allemagne est déjà très élevée. En Europe des politicens malveillants ont fait exploser des pays entiers. Et la situation n'est pas encore réglée. Qui peut laisser faire des agissements dignes d...

à écrit le 13/06/2012 à 19:03
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Le lingot a gagné 2,48 % aujourd'hui. La prime sur la napoléon est à 10,8 %. Rien d'autre à ajouter, l'affaire est pliée.

le 13/06/2012 à 19:45
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Tiens, un spéculateur sur l'or qui passe... Si vous voulez faire sa fortune : achetez-en...

le 13/06/2012 à 22:25
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Hum, Venise a tenu 600 ans avec l'or, aucune monnaie papier n'a dépassé 45 ans. Le franc a été dévalué en 1981, 1982 et 1983. En 1982, le dollar est monté à 10 francs. il n'y a pas de spéculation sur l'or, sa valeur est intrinsèquement la même. Ce n'...

le 14/06/2012 à 1:08
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bieb dire!

le 14/06/2012 à 10:55
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Et avec ton or, tu achètes quoi avec? Tu n'as pas d'argent sur toi? Comment fais tu pour vivre? Ce lobbying sur l'or, c'est un peu n'importe quoi...

le 14/06/2012 à 12:28
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Tu verras bien dans quelques mois ce que tu pourras acheter avec ton or et ce que tu ne pourra pas acheter avec tes euros car cela ne vaudra plus rien.

le 14/06/2012 à 13:33
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As tu acheté de l'or à 1900 dollars qui côte aujourd'hui 1600 ?!? Et je n'y ajoute pas la parité euro/dollars... L'or est aujourd'hui coté en continue, c'est juste une valeur spéculative de plus.

le 14/06/2012 à 13:40
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C'est ce genre de réflexion et de commentaire qui me dit que ce lobbying marche plutôt pas mal chez les moutons.

le 14/06/2012 à 14:54
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A kiros: C'est un pari. Si je me trompe, dans les pire des cas, les détenteurs d'or perdront 30% maxi. Si j'ai raison, les boursicoteurs et les épargnants perdront tout. Pour que j'ai tort, il faudrait que subitement les financiers et les politique...

le 14/06/2012 à 15:59
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Je te repose la question : Que vas tu faire avec ton or sur le dos?

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