La perspective empêche de dormir les patrons toujours sous le coup d'une fermeture administrative. Comme on le sait, c'est en mars que les entreprises commenceront à rembourser les premières traites du Prêt Garanti par l'État. Et sauf à ce que les banques leur consentent un sursis ce qu'elles ne semblent pas toutes disposées à faire - la CPME dixit -, le cap sera difficile à passer pour beaucoup d'emprunteurs.
En Normandie, l'Agence de Développement économique (ADN), bras armé de la collectivité régionale, estime que 40% d'entre eux seront en capacité d'honorer intégralement leurs échéances mais qu'à l'inverse 60% rencontreront des difficultés. La situation s'est dégradée ces derniers mois, alerte son directeur Alexandre Wahl sur la foi de projections bancaires : « La proportion était inverse à l'issue du premier confinement », souligne t-il.
L'insoutenable lourdeur de la dette
Comment aider ces TPE et PME à passer l'obstacle ? La Région espère avoir trouvé un palliatif. Elle lancera, d'ici quelques jours, un nouvel instrument financier dénommé « Normandie Prêts Participatifs ». Accessible aux entrepreneurs ayant contracté un Prêt Garanti par l'Etat, ce fonds doit leur permettre de rembourser le PGE en lui substituant un emprunt en haut de bilan, assimilable à des quasi fonds propres. Lequel emprunt pourra être consenti sur une période de cinq à dix ans à un taux médian de 2,5%.
« Le mur du PGE ne doit pas devenir létal, justifie Hervé Morin. C'est pourquoi nous cherchons à rendre soutenable cette dette qui se conjugue souvent avec un autre prêt en particulier pour les établissements les plus jeunes ».
Première cible (mais sans exclusive) : les hôteliers, cafetiers et restaurateurs, très nombreux à avoir eu recours au PGE pour un montant moyen, en Normandie, d'environ 60 000 euros. Pas question cependant d'ouvrir les vannes sans conditions. Les prétendants devront présenter un bilan sain. « Les entreprises qui allaient mal avant la crise ne sont pas le sujet » précise Alexandre Wahl à toutes fins utiles.
L'objectif n'en reste pas moins ambitieux. Doté de dix millions d'euros au démarrage, le fonds Normandie Prêts Participatifs devrait être abondé par Bruxelles via le fonds React EU à hauteur de quarante millions supplémentaires. De quoi se porter au secours de « plusieurs centaines d'entreprises » selon l'exécutif régional.
Les experts comptables à la manoeuvre
Quant à la mise en œuvre de la mesure, elle sera confiée pour partie aux bons soins du réseau régional des experts comptables, associé dès sa conception. « Nous avons co-construit et calibré ce dispositif qui a le mérite de combler un trou dans la raquette et nous assurons maintenant sa promotion auprès de nos 650 membres », confirme Damien Charrier, vice-président de l'Ordre.
Concrètement, il est prévu que les professionnels du chiffre informent leurs clients et assurent l'instruction technique des demandes sur la base de plusieurs pré-requis ; la décision finale revenant à un comité d'engagement indépendant.
Manifestement, l'idée fait mouche : près de deux-cents experts-comptables ont ainsi participé aux deux webinaires qu'a animé Hervé Morin dans le courant du mois de décembre. Reste à convaincre les principaux intéressés de la pertinence de ce modèle de financement assez méconnu sous nos latitudes.
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