La Tribune - Comment voyez-vous le marché hélicoptère civil et militaire ?
 

Lutz Bertling - Le marché civil est très déprimé. Toutes les zones géographiques sont touchées. Mais ce sont nos activités aux Etats-Unis (30 % du chiffre d'affaires) qui ont été le plus durement affectées, surtout les segments corporate et commercial. Les marchés européens et asiatiques sont eux aussi maintenant fragilisés. Des segments comme le tourisme sont sinistrés tandis que d'autres résistent mieux comme le marché « oil and gas » (plates-formes pétrolières).

- Quelles sont vos prévisions sur 2009 et 2010 ?
 

- Grâce aux commandes militaires à long terme, nos prévisions pour 2009 sont plutôt satisfaisantes en valeur mais en forte baisse en volume, surtout pour la gamme des hélicoptères légers. Comparées à 2008, les commandes nettes ont connu une baisse de 70 % en unités. Concernant le chiffre d'affaires d'Eurocopter pour 2010 et 2011 et la charge de travail sur nos chaînes de production, la situation est préoccupante. Si la crise persiste, les budgets gouvernementaux peuvent aussi être touchés et nous ne serions pas à l'abri de commandes différées ou du gel des budgets militaires.

- Face à cette crise, prévoyez-vous des mesures supplémentaires par rapport à votre plan de flexibilité ?
 

- Aujourd'hui, aucun plan social ni recours au chômage partiel n'est envisagé. Nous avions déjà anticipé la baisse de notre activité avec l'accord Safe (Sécurité, Adaptabilité, Flexibilité, Employabilité), qui s'applique depuis le 1er septembre 2009 aux non cadres en France (environ 5.000 employés). Il prévoit la mise en place d'un compte épargne temps et une nouvelle gestion des horaires. Nous disposons donc des outils nécessaires pour faire face à cette baisse de charge. La mobilité interne jouera un rôle clef et nous allons demander à nos employés de faire preuve de flexibilité. Des transferts de chaîne, notamment des appareils légers aux appareils lourds, sont à envisager. Enfin, il est clair que nous allons réduire le nombre d'intérimaires et limiter le recours aux heures supplémentaires.

- Quels montants souhaitez-vous économiser ?
 

- Même par temps de crise, il est extrêmement important de continuer à investir dans le futur de l'entreprise. Eurocopter doit optimiser de façon significative sa structure de coûts. L'objectif visé est d'économiser 200 millions d'euros à travers le monde à horizon 2011. Cela inclut notre contribution à « Future EADS ». Nous comptons aussi sur le nécessaire renforcement de nos liquidités : notre but est de réduire de manière significative notre niveau de stocks avant la fin de l'année 2010.

- Allez-vous investir dans de nouveaux produits ?
 

- Bien entendu. Notre capacité à proposer un portefeuille de produits et de services concurrentiels sera décisive. Nous devons améliorer encore la performance de nos produits et en développer de nouveaux. Notre objectif est de déposer 20 % de brevets supplémentaires en 2010. Le leadership d'Eurocopter dépend grandement de notre bureau d'études et de notre Recherche et Développement. Nous avons déjà accru les investissements sur fonds propres dans la Recherche et Développement de 40 % en 2008 et de 25 % en 2009. Nous comptons les augmenter de nouveau de 25 % en 2010.

- Où en êtes-vous du projet X4 ?
 

- Pour Eurocopter, le programme X4 revêt une importance capitale. Il doit prendre la succession du Dauphin, qui est l'un de nos best seller dans la gamme des hélicoptères civils. Nos équipes travaillent d'arrache pied aux définitions et aux spécifications pour que le X4 soit prêt le plus tôt possible. Le développement, de l'ordre de 600 millions d'euros, doit être lancé au plus tard avant juin 2010. Cet hélicoptère de 4/5 tonnes donnera de la charge de travail à 3.000 chez Eurocopter et ses partenaires en France. Comme le Dauphin à son époque, il sera en avance d'une génération. Nous faisons appel au Grand emprunt pour financer ce programme.