Armement : accord entre Paris et Berlin sur le SCAF, le MGCS et les exportations d'armes

La France et l'Allemagne avancent sur les trois dossiers sensibles dans le domaine de la défense, qui grippaient les relations entre les deux pays partenaires : programmes de l'avion du futur (SCAF) et du char du futur (MGCS) ainsi qu'un compromis sur les exportations d'armes.
Michel Cabirol
Angela Merkel et Emmanuel Macron, mercredi 16 octobre à Toulouse pour le Conseil ministériel franco-allemand.
Angela Merkel et Emmanuel Macron, mercredi 16 octobre à Toulouse pour le Conseil ministériel franco-allemand. (Crédits : Rémi Benoit)

C'était attendu, mais pas gagné d'avance. La France et l'Allemagne avancent sur les trois dossiers sensibles dans le domaine de la défense, qui grippaient les relations entre les deux pays partenaires : programmes de l'avion du futur (SCAF) et du char du futur (MGCS) ainsi qu'un compromis sur les exportations d'armes. "Cela s'est bien passé, au-delà de nos espérances", explique-t-on dans l'entourage de Florence Parly à l'issue du conseil ministériel franco-allemand, qui se tenait à Toulouse mercredi. Un accord franco-allemand au niveau des gouvernements a été finalisé, mais que va en faire le Parlement allemand, qui protège ses industriels (MTU et Rheinmetall, notamment) de façon excessive parfois ? C'est désormais la principale interrogation.

Le SCAF poursuit sa phase de décollage

Sur le système de combat aérien du futur (SCAF), les deux pays ont trouvé un accord pour poursuivre le programme. Il est prévu de lancer la notification des contrats de R&T (Recherche & Technologie) sur les cinq piliers du programme dès janvier 2020, affirme-t-on à l'Hôtel de Brienne : plateforme, système de systèmes, propulsion, remote carrier (drones, missiles...) et simulation. Soit un contrat de 150 millions d'euros, qui financera notamment le lancement d'un démonstrateur très attendu par les bureaux d'études de Dassault Aviation et d'Airbus. Les deux pays ont réaffirmé leur volonté de le voir voler en 2026. Cet avion de combat du futur et les drones qui l'accompagneront entreront en service en France et en Allemagne à l'horizon 2035/2040.

Il n'en reste pas moins que les deux pays doivent encore régler d'ici à un mois les "frictions" entre les motoristes Safran et MTU, ce dernier étant soutenu mordicus par le Bundestag. Il est donc prévu de notifier un contrat en janvier 2020. Mais si cela n'était pas possible, Paris et Berlin ont convenu de poursuivre le programme SCAF sans attendre un accord entre les deux motoristes.

Le MGCS prêt à passer la première

Après une négociation pied à pied de 2h30 entre les ministres des Armées, Florence Parly, et de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, Paris et Berlin ont trouvé un accord. Un contrat sur l'étude d'architecture système du programme MGCS devrait être signé au premier trimestre 2020. Selon l'entourage de la ministre, une lettre d'intention (LoI) a été signée cette semaine par les trois industriels concernés (Nexter, Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall).

Accord sur les exportations d'armes

Après près un an de travail en matière d'exportations d'armements, Paris et Berlin ont trouvé "une issue positive, explique-t-on dans l'entourage de Florence Parly. C'est un accord respectueux de la souveraineté de chaque Etat". Les deux pays ont signé "un accord juridiquement contraignant sur les règles de contrôle des exportations d'armements pour les programmes développés en commun", a expliqué l'Elysée dans un communiqué publié mercredi. Cet accord est considéré comme "très satisfaisant" pour la France sur les trois points qui divisaient Paris et Berlin : les programmes en coopération entre les deux pays comme le SCAF et le MGCS, les exportations d'un groupe franco-allemand comme KNDS, la société commune entre Nexter et Krauss-Maffei Wegmann (KMW), et, enfin, la problématique des équipements et des composants allemands équipant les systèmes d'armes français.

"L'accord sur les exportations d'armement scelle une confiance mutuelle entre la France et l'Allemagne et constitue la condition du succès de projets communs comme le char et l'avion du futur (l'accord de l'autre pays pour exporter ces équipements sera donné automatiquement)", a expliqué l'Elysée.

Sur les deux premiers points, il n'y a pas de restrictions à l'exportation, explique-t-on à La Tribune. Sur ce dernier point, il a été confirmé qu'en dessous du seuil de 20% fournis par les industriels allemand dans un programme français, Berlin n'avait pas son mot à dire, quelle que soit la destination de l'équipement militaire. Ce qui vaut pour la France, vaut également pour l'Allemagne. Un accord inespéré...

Michel Cabirol

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Commentaires 9
à écrit le 17/10/2019 à 18:15
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Pour l'accord sur les exportations, je pense que les programmes français contenant plus de 20% de composants allemands ne st pas légion et sont en phase avec la volonté politique d'essence gaullienne du maintien de l'indépendance technologique sur le...

à écrit le 17/10/2019 à 9:08
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Triste accord, dommage de ne pas parler d'exportations de vaccins, de médicaments contre le cancer et autres maladies, d'exportation de denrées alimentaires. Le monde reste cruel malheureusement, les écologistes devraient réfléchir que leur cause n'a...

le 17/10/2019 à 15:18
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Les labos pharmaceutiques n'ont pas besoin de l'accord des gouvernements pour exporter des vaccins ou des médicaments. Idem pour exporter de la nourriture. Voilà pourquoi l'on en parle pas.

le 17/10/2019 à 17:07
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Excusez-moi, mais on est sur un journal économique, et que vous le vouliez ou non, la France, comme beaucoup de pays, produit des armes et qu'elle revend pour défendre sa souveraineté et des emplois. Oui, le monde est cruel et on est pas sur l'Huma.

le 18/10/2019 à 10:40
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fma, si les ecologistes arrivaient au pouvoir, ils feraient comme les autres : s'adapter à une real geopolitik complexes et imprévisible qui nécessite parfois de montrer ses muscles ss toutefois les utiliser ( cf la négociation Trump Erdogan sur le s...

à écrit le 16/10/2019 à 21:52
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Ces compromis ne sont pas surprenants, l'Allemagne a compris que l'hégémonie américaine au sein de l'OTAN était une conséquence d'une confiance excessive envers l'allié américain. En renonçant à acheter le F35 au profit d'une collaboration avec la Fr...

le 17/10/2019 à 13:16
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Hé ben il en faut pas grand chose pour en convaincre certains ici,un peu comme Macron,ça fait peur à voir.. Sinon on vous rappel que le F-18 est toujours présent dans la course pour remplacer les Tornado et qu'il est en "bonne position" de toute man...

à écrit le 16/10/2019 à 20:51
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Accord? Airbus allemand? Les allemands ont une fois de plus atteint leurs objectifs! Et les français sont fiers des miettes!

le 17/10/2019 à 18:25
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Allons ! Allons ! Évitons les excès d'humeur...car comme les excès alimentaires ils sont nocifs pour la santé.

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