Négociations tendues entre grande distribution et industriels de l'agroalimentaire

Entre les prix des matières premières (blé +20%, huile, fruits...) qui ont flambé et les demandes de rabais (-4%...) demandés par la grande distribution, les fabricants de l'industrie agroalimentaires se disent pris en étau. Côté grande distribution, on pointe du doigts certains "gros" industriels qui auraient des demandes déraisonnables. Les agriculteurs, eux, ont choisi de faire front commun avec les industriels car ils estiment que loi Alimentation, qui prévoit de partir des coûts des producteurs pour fixer les prix, est bafouée... Après une année singulière, qui avait vu toute la filière soudée pour affronter les soubresauts du début de la crise sanitaire, le point sur des négociations annuelles... toujours à haute tension.
L'Association nationale des industries alimentaires (Ania) souligne l'inflation des prix des matières agricoles: Sur le blé, c'est +20% ; sur l'huile, c'est +27% ; et sur les fruits, c'est entre +10% et +20% : donc, les industriels ont impérativement besoin de passer des hausses de tarifs. Et malheureusement, aujourd'hui, c'est encore des pressions, des menaces de déréférencement [par la grande distribution, Ndlr].
L'Association nationale des industries alimentaires (Ania) souligne l'inflation des prix des matières agricoles: "Sur le blé, c'est +20% ; sur l'huile, c'est +27% ; et sur les fruits, c'est entre +10% et +20% : donc, les industriels ont impérativement besoin de passer des hausses de tarifs. Et malheureusement, aujourd'hui, c'est encore des pressions, des menaces de déréférencement [par la grande distribution, Ndlr]." (Crédits : Reuters)

Des demandes "indécentes": l'industrie agroalimentaire française assure être prise en étau, face aux exigences de prix de la grande distribution qui compliquent sérieusement les négociations commerciales annuelles, après une année de crise sanitaire marquée par la flambée des cours des matières premières.

"Ce qui est véritablement inquiétant, c'est que les demandes qu'on a de la part de la grande distribution demeurent extrêmement négatives et ne bougent pas", s'alarme un industriel de l'agroalimentaire - qui a requis l'anonymat, c'est dire le climat qui règne.

"On est dans des demandes qui sont entre -4% et -2,5%", rapporte-t-il, après avoir dû faire face, avec ses fournisseurs, à une "inflation très forte des prix agricoles".

Des matières premières plus chères et des demandes de rabais sur le produit fini...

Catherine Chapalain, directrice générale de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), renchérit:

"Sur le blé, c'est +20% ; sur l'huile, c'est +27% ; et sur les fruits, c'est entre +10% et +20% : donc, les industriels ont impérativement besoin de passer des hausses de tarifs. Et malheureusement, aujourd'hui, c'est encore des pressions, des menaces de déréférencement [par la grande distribution, Ndlr]."

Elle souligne que l'ensemble des acteurs de l'alimentation se sont serré les coudes pour faire tenir la chaîne alimentaire au début de la crise sanitaire, lorsque les premières restrictions destinées à endiguer l'épidémie ont mis à mal la logistique, une "solidarité" qui "ne se traduit pas dans les négociations 2021", marquées par des "demandes de prix indécentes", malgré la loi Alimentation.

La distribution fustige les "gros industriels", pas les PME

La grande distribution affirme pour sa part, avoir avant tout des difficultés à conclure avec les "gros" du secteur. Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), explique la situation de son point de vue :

Avec des demandes de hausse de prix "de l'ordre de 3% à 4% en moyenne", "on observe des demandes totalement injustifiées et déraisonnables de la part de certaines grandes entreprises, notamment celles qui utilisent très peu de matières premières agricoles", affirme-t-il auprès de l'AFP.

À l'inverse, selon lui, "les demandes du côté des PME étaient plutôt raisonnables, ce qui explique que les négociations se soient bien passées".

Une affirmation quelque peu contestée par la FEEF (la Fédération des Entreprises et Entrepreneurs de France représente les industriels et fournisseurs PME, alimentaires et non alimentaires de la distribution) qui se positionne à peu près sur le même constat que, l'Ania:

"Les négociations commerciales sont plutôt difficiles pour les industriels PME avec des demandes de déflation assorties de faibles contreparties et peu de prise en compte des surcoûts liés à la crise."

Côté volaille et oeufs, quelques "dossiers restent complexes"

Selon Carrefour, la situation n'a rien de tendue, affirmant mercredi que tout se passe au mieux, avec même de l'avance sur le calendrier:

"Plus de 95% des contrats avec ses fournisseurs locaux et régionaux ont été signés, soit un mois avant la date butoir de la fin des négociations commerciales."

Le représentant des distributeurs, M. Creyssel, reconnaît tout de même la problématique posée par la hausse des matières premières dans "un certain nombre de dossiers qui restent complexes". Il cite en particulier "la volaille, les œufs", des secteurs pour lesquels "les discussions sont toujours en cours".

Face à "l'embellie de la distribution", les agriculteurs donnent de la voix

Le groupe volailler LDC demandait dès fin novembre des revalorisations de 6% pour faire face au renchérissement mondial des céréales et donc des coûts de production des volailles:

"Seule une partie des hausses demandées a été obtenue, mais à ce stade, elles restent insuffisantes", a-t-il regretté début janvier.

Très remontée, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert a prévenu qu'elle ferait remonter les difficultés rencontrées par les industriels lors d'un comité de suivi des négociations commerciales vendredi. Elle souligne l'"embellie" de chiffre d'affaires dont ont bénéficié les distributeurs en raison de la fermeture des restaurants, au sortir d'un entretien avec le Premier ministre avec lequel elle a partagé son mécontentement.

Mépris de la loi Alimentation, et menace de "name and shame"

Un front commun d'autant plus compréhensible, que, très loin de l'esprit de la loi Alimentation, qui prévoit de partir des coûts des producteurs pour fixer les prix, le géant laitier Lactalis a prévenu vendredi que "la valorisation du lait s'appuiera notamment sur l'acceptation de hausses de prix par la grande distribution".

À la veille du comité, et à un mois de la fin des négociations, on assurait, au ministère de l'Agriculture, ne pas exclure le recours au "name and shame" (pointer du doigt publiquement) pour les "mauvais élèves", dans des négociations "très hétérogènes".

"Si d'ici à 15 jours, les choses ne s'améliorent pas, ce sera la marche suivante", a-t-on indiqué au ministère qui a, dans un premier temps, demandé aux services de la répression des fraudes d'intensifier leurs contrôles.

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Commentaires 5
à écrit le 31/01/2021 à 7:47
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Coté céréaliers, unigrains est un gros acteur... de l'industrie agroalimentaire

à écrit le 30/01/2021 à 9:47
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Entre la peste et le choléra, encore une bonne nouvelle, beaucoup de bonnes nouvelles aujourd'hui j'ai bien fait de venir, et si en plus ils pouvaient s'entretuer cela ferait tellement de bien à l'humanité, on a le droit de rêver !

à écrit le 30/01/2021 à 9:43
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Ok donc en gros, les céréaliers s'en mettent plein les poches puisque la hausse de 20% n'est pas forcement liée à une augmentation de leurs couts de production mais à une tension sur le marché global. Du coup le blé coûte plus cher aux éleveurs, aux...

à écrit le 30/01/2021 à 2:41
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L'infation va s'installer durablement en europe. C'est le prix qu'il va falloir payer suite a la planche a billet. Tout va augmenter. On vous avait prevenu.

le 30/01/2021 à 10:30
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le prix du blé dépend des récoltes, médiocre = plus rare que d'habitude donc plus cher, abondant, ben, là, .... effet cliquet, les produits voient leur prix grimper quand le blé augmente [logique, tant de % de blé dedans] mais stagnent quand il baiss...

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