ZOOM La grande distribution a-t-elle si bien profité de la crise du Covid-19 ?

FACE À LA DEUXIÈME VAGUE - ÉPISODE 5. Le Covid n'a pas été dévastateur pour tout le monde. Alors qu'avant la crise, la grande distribution voyait sa croissance diminuer, la fermeture des restaurants et les confinements ont entrainé un report des repas vers le domicile. Le secteur a notamment été boosté par l'explosion du drive (+41,8% entre janvier et septembre 2020). Seul bémol, la fermeture des rayons non essentiels en novembre. État du secteur en cinq questions.
(Crédits : Photo by Eduardo Soares on Unsplash)

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Que pèse la grande distribution alimentaire en France ?

A l'heure où Carrefour est approché par le géant canadien Couche-Tard pour une opération de consolidation, et où les géants du Web de la logistique accélèrent en pleine crise Covid-19, la grande distribution est sous pression. Pour l'économie française, l'enjeu est crucial : le secteur pesait 657.909 emplois en 2019, selon la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD).

La grande distribution est aussi omniprésente dans le paysage : les grandes surfaces alimentaires (GSA) rassemblent les hypermarchés (surface minimale de 2.500 m2), les supermarchés (entre 400 et 2.500 m2), le hard discount ou SDMP (supermarchés à dominante marques propres) ainsi que les drives (points de retrait d'achats).

Parmi ces salariés, la moitié travaille en hypermarchés, et près de 40% - 259.070 personnes - occupent un poste en supermarché ou dans un discounter. La puissance de ces géants se prouve également dans leur chiffre d'affaires : 151 milliards d'euros pour les hypermarchés en 2018 et 61,8 milliards pour les supermarchés et SDMP, pour un total de 225 milliards d'euros (hors taxe) pour le commerce alimentaire généraliste selon la FCD.

Au sein de ces géants, les leaders comme E. Leclerc, Carrefour ou encore Intermarché tiennent le marché de la distribution alimentaire en France.

Son marché immobilier est aussi gigantesque. La distribution de l'alimentation en France représente près d'un tiers de la surface commerciale totale dans l'Hexagone. Les magasins "à prédominance alimentaire" - incluant cette fois-ci les supérettes (entre 120 et 400m2) - totalisent plus de 43.000 points de vente pour une surface totale d'environ 24 millions de m2, estime la FCD.

Comment les ventes dans les grandes enseignes sont-elles réparties ?

Les grandes surfaces ne comptent pas uniquement sur l'alimentaire pour réaliser leur chiffre d'affaires. Les produits alimentaires correspondent, certes, à près de 70% des ventes en valeur, mais le carburant par exemple totalise à lui seul 10% des ventes, et les produits d'entretien ou d'hygiène réalisent quand à eux 8% en 2019, selon Xerfi.

Avec les confinements et la fermeture des restaurants, les grandes surfaces ont-t-elle profité d'un effet de report ?

Le confinement, la fermeture des restaurants, des écoles ou encore le développement du télétravail sont autant d'éléments qui ont entrainé un report massif des repas pris hors foyer vers la maison. Les ventes des produits alimentaires des supermarchés ont ainsi bondi de 7,9% au cours des 9 premiers mois de 2020 selon l'Insee (surface de vente comprise entre 400 et 2.500 m² - les supérettes sont exclues). En particulier, les ventes de PGC-FLS (Produits de grande consommation - Frais libre-service) en grande surface ont progressé de près de 5% en valeur en cumul à date à début septembre. En comparaison, la croissance moyenne des ventes en 2019 était inférieure à 1%, selon les données de Nielsen.

« Avant le Covid, sur les deux dernières années, on commençait à voir une rupture dans la croissance de la grande distribution alimentaire. Cette évolution s'expliquait notamment par un développement de la part de marché des dépenses alimentaires hors domicile. La montée en puissance de la livraison à partir des restaurants a, par ailleurs, apporté une concurrence nouvelle. La fermeture des restaurants et le développement du télétravail ont inversé ce mouvement », explique Jacques Creyssel, le directeur général de la FCD, à La Tribune.

Néanmoins, malgré cette augmentation, le chiffre d'affaires des GSA (grandes surfaces alimentaires) aurait connu un léger recul de -1,2% en 2020, lié à la fermeture des rayons "non-essentiels" annoncée au mois de novembre et à la chute de la demande en carburant, selon l'estimation d'une étude Xerfi publiée en décembre 2020.

Le drive a-t-il surfé sur la crise ?

Au sein de la grande distribution alimentaire, le grand gagnant de la crise reste sans conteste le drive. Ce service, qui permet aux consommateurs d'être servis tout en restant dans leur voiture (ou à pied avec le drive piéton), représente la part du e-commerce dans le chiffre d'affaires des grandes surfaces. Avec les confinements et les gestes barrières à respecter, ce service évitant tout contact humain a progressé de 41,8% entre janvier et début septembre 2020 par rapport à la même période l'an dernier, représentant ainsi 7,7% des ventes totales de PGC-FLS en grandes surfaces, selon Nielsen.

« L'augmentation du chiffre d'affaires des grandes surfaces alimentaires sur les premiers mois de la crise vient principalement de l'explosion du drive", selon Jacques Creyssel. "L'inconvénient, c'est que le e-commerce alimentaire s'accompagne d'une baisse des achats plaisir », estime-t-il.

Face à cet engouement, Auchan prévoit par exemple de déployer 300 drives piétons supplémentaires d'ici fin 2021, selon Xerfi.

Un contrecoup pour 2021 ?

Lorsque les restaurants pourront rouvrir, le transfert de la consommation à domicile vers la restauration hors foyer entraînera une baisse significative en volume des ventes alimentaires en grandes surfaces en 2021, estime Xerfi qui tablait en décembre 2020 sur une baisse du chiffre d'affaires des GSA de 2,5%. Néanmoins, la réouverture des restaurants a depuis été décalée.

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De son côté, Jacques Creyssel estime que la visibilité est plus réduite. « On est dans le flou, la vraie interrogation c'est ce qui va se passer sur l'épargne et sur le fait de savoir si la consommation va repartir. Néanmoins, nous sommes confiants puisque le secteur et principalement l'alimentaire a toujours prouvé sa résilience », conclut-il.

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Commentaires 3
à écrit le 15/01/2021 à 12:22
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Leurs fournisseurs industriels Français et Agriculteurs sont abusés en négo commerciales les plus dures au monde, comme avant la loi EGALIM, qui n'a servi qu'accroitre les marges de la Grande Distrib, et accroitre les difficultés des Industriels ...

à écrit le 15/01/2021 à 9:32
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Ah ça elle est présente dans le paysage c'est sûr ! Vraiment trop même tellement tout ces bâtiments construits à la va vite sont laids ! Parce que en plus les autres ont copié sur le mauvais goût de ces premiers générant des zones commerciales visuel...

le 17/01/2021 à 14:21
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"Plus ils sont riches, plus ils sont radins. " voire "plus ils sont radins, plus ils deviennent riches". :-) Vous voudriez des grandes surfaces avec une façade à la Disneyland ? J'ai vu quelques endroits en Suède où y a des 'entrepôts' grisâtres im...

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