Land Rover Freelander : Un "classique" anglais

Ce 4x4 compact est moins rigoureux et moderne que certains concurrents germaniques ou nippons. Mais, indémodable, accueillant, docile, confortable et apte au tout chemin, il est très agréable à vivre au quotidien. Dommage que l'addition soit salée.
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Land Rover est le plus vieux spécialiste mondial du 4x4, avec Jeep. Le label est né en 1948. Et son slogan « 4 x 4 x Far » a fait le tour du monde. Sur les pires chemins, on trouve quasiment partout des véhicules de la célèbre marque britannique. Seulement, voilà : ballottée au gré des actionnaires (feu le consortium national anglais British Leyland, puis Honda, BMW, Ford et maintenant l'indien Tata), la marque s'est laissée progressivement distancer par les japonais Toyota et Nissan. BMW, Mercedes, Audi, les coréens Hyundai et Kia lui ont aussi progressivement damé le pion. Aujourd'hui, Land Rover repart à l'offensive. En attendant le « petit » Range Rover Evoque pour la rentrée 2011, la firme revisite son « classique », le tous chemins compact Freelander, son « best seller » (54.800 ventes l'an dernier). Face aux VW Tiguan, Volvo XC 60 et autres BMW X3, il lui fallait réagir. Si le restylage est très léger, les moteurs diesel sont sérieusement revus. Nous voici donc au volant du plus puissant, fort de 190 chevaux.

Formes géométriques

Particulièrement compact (avec 4,50 mètres de long à peine), carré, bien campé sur ses roues, le Freelander conserve cette belle carrosserie qui séduit par sa simplicité même. Le comble du bon goût. Avantage de ces formes géométriques : on ne se cogne pas pour entrer ou sortir, on jouit d'une habitabilité optimisée et d'une visibilité étonnante aujourd'hui. Très bien. Malheureusement, la finition a vieilli avec des plastiques moins cossus que chez ses principaux concurrents. Et des crissements de mobilier se font parfois entendre. Dommage. Mais, la position de conduite en hauteur reste excellente, la douceur des commandes incroyable pour un 4x4. Pas besoin non plus de se poser 100.000 questions avant de démarrer ! Non. Car tout est d'une simplicité étonnante. Même l'écran tactile demeure un modèle d'ergonomie. Il suffit d'appuyer sur l'écran. Autre chose qu'une molette centrale avec des menus et sous-menus ! Vive le bon sens ! L'habitacle n'a toutefois pas grandi. Et le volume du coffre reste juste, heureusement aisé à charger. A noter, sur notre modèle d'essai, une sellerie en cuir clair très « british », c'est-à-dire confortable et chaleureuse. Petits détails qui agacent : un irritant système d'aide au stationnement indéconnectable, qui émet des bips-bips trop sonores et précoces ; des chiffres top petits au compteur de vitesse ; un essuie-glace à déclenchement automatique trop paresseux.


Souplesse et allant du moteur

Fruit des accords entre PSA et le groupe Ford auquel Land Rover appartenait avant d'être cédé à l'indien Tata, le moteur diesel voit donc, sur notre version, sa puissance passer de 160 à 190 chevaux. C'est la même mécanique qu'on retrouve à bord d'une Citroën C5 ou d'une Peugeot 508. Souplesse et allant sont très agréables. Même si les accélérations n'ont rien d'extraordinaire. Une BMW X3 de même puissance, essayée récemment, nous avait donné une sensation de puissance supérieure. Mais on ne se plaindra pas. Tout cela est amplement suffisant, avec beaucoup d'aisance. La transmission automatique de rigueur avec cette motorisation est fluide et réactive, en position « S ». Elle se marie fort bien avec l'engin. Un très bon choix (d'office), car la boîte manuelle, sur la version moins puissante, est assez ferme avec un embrayage maquant de progressivité. La consommation a été censément abaissée, selon le constructeur. Mais le Freelander demeure lourd (autour de 1,8 tonne). Et nous avons avalé un peu moins de 10 litres de gazole aux cents sur notre parcours routier, autoroutier et (un peu) urbain. Pas très économique. Et, en ville, ça grimpe. Peut mieux faire sur ce point.

Confort étonnant

Les qualités routières sont bonnes, mais la voiture penche exagérément en virage. C'est le côté 4x4. Pas question de foncer comme avec une petite sportive. On sent bien que ce véhicule n'aime guère la précipitation sur route sinueuse. Il faut en tenir compte. Mais, on s'y fait. Et, dans ce cas, la satisfaction est de rigueur. On aurait souhaité en revanche un freinage plus mordant. Mais il s'agit plus d'une sensation à la pédale que d'un réel défaut. Le confort étonne positivement, pour un 4x4. Il a un peu perdu de son légendaire moelleux depuis que Land Rover, imitant la concurrence, monte des grandes roues (18 pouces en finition de pointe HSE). Mais, par rapport aux rivaux, il reste d'une belle souplesse et constitue l'une des qualités premières de l'engin. Même si certaines petites inégalités sont abordées un peu fermement. Les 4x4 hauts sur pattes, tel le Freelander, sont d'ailleurs idéaux pour aborder confortablement les ralentisseurs et autres obstacles de dimensions variables que les municipalités plantent dans le bitume pour... écoeurer les automobilistes !

Aptitudes au tout chemin

Le véhicule n'est sûrement pas un 4x4 pur et dur. Ce n'est ni un Defender, ni un Discovery, ni un Range. Mais, par rapport à ses concurrents directs, il fait quand même mieux. La garde au sol est suffisante et le programme électronique (« Terrain Response ») permet de se tirer d'affaire dans la neige, le sable, les ornières boueuses. Il adapte la réaction du moteur, de la transmission, du châssis, pour répondre aux exigences du terrain. Il suffit pour cela de tourner le sélecteur rotatif et sélectionner l´icône désirée. Nous l'avons testé sur des chemins de campagne détrempés. Efficace, mais, évidemment, il faut rester prudent et limité dans ses ambitions, en sachant que ce n'est pas un vrai 4x4.

Prix élevés

Ce charmant véhicule typé haut de gamme est malheureusement plutôt cher par rapport à la concurrence. Signalons une nouvelle version de base à 27.950 euros, avec un diesel de 150 chevaux, mais sans les quatre roues motrices. Autant dire que les aptitudes hors route sont ici annihilées. Le comble sur un Land Rover ! Le même moteur avec la transmission aux quatre roues démarre à 29.750 euros. Pour un moteur de 190 chevaux et boîte automatique, comptez 35.940 ! La finition SE avec cuir est à 39.940 euros. Notre modèle de pointe en finition de luxe HSE s'affiche carrément à 44.490 euros. A ce prix, on a une navigation, des sièges électriques, des phares au xénon et grandes jantes de 18... à proscrire. Zéro pointé d'ailleurs pour l'absence de roue de secours, remplacée par un vague kit anti-crevaison. Pour un 4x4, c'est pas malin. La version HSE est vraiment trop onéreuse. Le plaisant toit ouvrant - à ouverture trop étroite cependant - est en option à 1.410 euros sur toutes les versions.

Compact et maniable

Le Freelander est un véhicule satisfaisant en utilisation de tous les jours, y compris en ville où ses dimensions guère supérieures à celles d'un monospace compact ne le handicapent pas. Même si le diamètre de braquage est excessif. Ses formes géométriques et son excellente visibilité rendent parfaitement perceptibles les contours du véhicule. Docile, accueillant, sécurisant, confortable, polyvalent, passe-partout, le Freelander est objectivement moins rigoureux et moderne qu'une allemande ou une japonaise. Mais, subjectivement, notre cohabitation de quelques jours nous a ravis. Un peu comme une italienne, une anglaise a des arguments qui la rendent attachante et sympathique. Bref, nous nous sommes sentis très bien avec.

Alain-Gabriel Verdevoye


Modèle essayé : Land Rover Freelander 2 SD4 HSE : 44.490 euros (+ 750 euros de malus)

Puissance du moteur: 190 chevaux (gazole)

Dimensions : 4,50 mètres (long) x 1,91 (large) x 1,74 (haut)

Qualités : carrosserie et intérieur élégants, position de conduite, qualités routières, aptitudes en tous chemins, confort, boîte automatique douce et réactive

Défauts : prix, plastiques dépassés, consommation, diamètre de braquage, freinage un peu juste

Concurrents : Hyundai Santa Fe 2,2 CRDi 4WD Pack Premium : 39.390 euros ; Peugeot 4007 DCS 6: 40.000 euros ; BMW X3 2,0d Luxe : 48.500 euros

Note : 14,5 sur 20
 

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