L'essai auto du week-end : Chevrolet Captiva, un faux dur mais une vraie familiale

Sous des airs de grosse brute, ce yankee "made in Korea" est à l'usage un brave véhicule familial, habitable et pas trop cher. Dommage, il consomme et ses prestations ne sont pas à la hauteur des rivaux. Mais, quelle "gueule" !
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Sa bouille de gros dur en impose et c'est sans doute son premier argument de vente. Sous ses allures de gros 4x4 yankee, typiquement Midwest, le Chevrolet Captiva n'est pourtant à l'usage qu'une... solution alternative au grand monospace des familles, avec son espace intérieur et ses sept places. La plupart des versions, dont celle de notre essai, ne sont que des modèles à deux roues motrices, sans aucune aptitude à emprunter un chemin légèrement boueux ou enneigé. D'autant plus que sa face avant, carrée et agressive, se prolonge vers le bas par un becquet descendant presque au ras du sol et rabaissant exagérément la garde au sol. Pas très malin pour un véhicule à prétention de baroudeur ! Dans un chemin un peu creux, crac, il racle par terre... Saluons par contre les généreuses protections latérales qui éviteront à la carrosserie les aléas du quotidien.

Esthétique massive

L'esthétique massive de la carrosserie se retrouve à l'intérieur, également très américain. Ce qui n'est nullement une critique. Au contraire. Ce côté grande brute lui donne un genre et une originalité certaine sur notre marché. Nous, on aime assez. Mais, malheureusement, on retrouve aussi cette "américanité" dans la finition ! Ce Captiva, qui n'est pas né dans le Michigan mais... en Corée, arbore des matériaux durs et creux, assez bas de gamme. Dommage. Un modèle réalisé à l'économie. La présentation attrayante, voire flatteuse tant qu'on n'y regarde pas de trop près, ne résiste pas un examen plus profond. L'ergonomie est aussi un peu simpliste. La colonne de direction ne se règle pas en profondeur. L'accoudoir central, fixe, est mal placé... La position de conduite n'est, du coup, pas parfaite. Certains détails agacent également. Impossible ainsi d'afficher la navigation et la température extérieur en même temps. Ah bon, pourquoi ?

Pestons aussi, au passage, contre le "juridiquement correct" stupide de notre époque... A chaque remise en marche, l'écran central, qui donne accès à la navigation, affiche un texte débile qui vous dit, en gros, de faire attention en conduisant ! Et, tant qu'on n'a pas appuyé sur la touche "Accepte", il refuse tout service. Le plus idiot, c'est que pour appuyer sur cette maudite touche, on détourne les yeux de la route. Malin. Quant à la navigation, elle est complexe et peu intuitive.

Comportement rustaud

La conduite est à l'image du reste. Ce sympathique engin un peu rustaud n'est pas très agréable en ville. Il faut composer avec un rayon de braquage démesuré, qui rend les man?uvres fastidieuses, un embrayage ferme et un moteur creux au démarrage. En première, il faut doser, sous peine de caler. Et, si on ne soigne pas l'embrayage et l'accélération, de petits à-coups vous rappellent vite à l'ordre. La boîte de vitesses est aussi un peu rêche. Sitôt qu'on quitte le bas du compte-tours, le gros diesel de 163 chevaux fait toutefois du bon boulot, malgré le poids (1,8 tonne à vide). Avec des performances satisfaisantes. En revanche, les consommations restent élevées, à 9,5 litres aux cents en moyenne.

Un peu flou

Le comportement routier est correct. Mais le train avant manque de consistance, donc de précision. La direction, un peu approximative, n'arrange rien. Ce bon gros ricain penche beaucoup en virage et a du mal à en sortir si l'on passe trop vite, comme un 4x4 d'il y a dix-quinze ans. Tout ça demeure flou, ce qui est assez typique des tout-terrain de conception coréenne... et américaine. Même si, bien sûr, on s'y habitue. Quand on a intégré ces paramètres, la conduite n'offre plus, en effet, de mauvaise surprise. Et il n'y a là rien de dangereux, à condition ne pas changer trop brutalement de trajectoire sur itinéraire sinueux. Raffermi récemment, le confort demeure, lui, satisfaisant. Mais le véhicule est sonore, avec des bruits de roulement et aérodynamiques sur autoroute.

Prix attractifs

En fait, les prestations comme la finition doivent être considérées en fonction du prix de vente ! La gamme démarre à 27.890 euros. Et, à ce tarif, on a déjà le plein d'équipements : climatisation manuelle, ordinateur de bord, vitres électriques avant et arrière, aménagement sept places, radar de recul, frein de parking électrique (pas très pratique, parce qu'il faut appuyer sur la pédale de frein pour le déconnecter)... Notre modèle en finition LT+ (sièges en cuir chauffants, système de navigation, caméra de recul - efficace -, climatisation automatique) est à 30.790. Le Captiva est donc clairement moins onéreux que ses rivaux. Il est absurde de le comparer aux concurrents directs (par le gabarit et la puissance), du genre Volvo XC 60, Nissan X Trail, Honda CRV, Peugeot 4007. Il coûte 6.500 euros de moins qu'un Volvo XC 60 4x2 D3 Momentum (ce dernier n'a pas de malus), par exemple ! Ce qui est beaucoup... mais peu si l'on compare la différence de prestations !... Il ne faut jamais oublier l'aspect tarifaire, sous peine d'être déçu.

Ceci dit, nous conseillons la version de base du Captiva, qui suffit amplement et est, elle, franchement compétitive. Mais, attention, un Nissan Qashqai +2, certes plus exigu et moins "4x4" dans sa bouille, se retrouve dans les mêmes zones tarifaires ! Disons que, pour le prix d'un monospace compact genre Peugeot 5008, on se retrouve ici au volant d'un grand costaud, large d'épaules, a priori valorisant, spacieux, assez pratique, plutôt puissant, et dont aucun des défauts n'est véritablement rédhibitoire... Pour ceux qui se laissent séduire par sa "gueule"... Pourquoi pas ? Mais, ceux qui raisonnent logiquement jugeront un 5008 ou un Nissan Qashqai +2 plus aboutis, fonctionnels et précis à conduire...

Modèle d'essai : Chevrolet Captiva LT+ : 30.790 euros (+ 750 euros de malus)
Puissance du moteur : 163 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,67 mètres (long) x 1,85 (large) x 1,75 (haut)
Qualités : carrosserie valorisante avec son style « gros 4x4 US », habitabilité, confort, rapport esthétique-équipement-prix
Défauts : rayon de braquage démesuré, comportement flou, moteur "creux" au démarrage, consommation
Rivaux : Nissan Qashqai+2 dCi 150 Connect : 28.900 euros ; Volvo XC 60 D3 Drive Momentum : 38.050 euros

Note : 12,5 sur 20

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