Essai auto : Range Rover Evoque, luxe "british" et baroud

Ce Baby Range Rover est incroyablement chic, raffiné, "glamour". La vieille Angleterre combinée à la haute technologie. Et c'est un vrai baroudeur comme tous les véhicules de la marque. Mais qui risquera un si bel engin dans la "bouillasse" ?
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Carré, agressif, plein de personnalité, le Range Rover Evoque interpelle. Certains le trouveront provocateur, d'autres archi-séduisant. En tous cas, il ne passera pas inaperçu. Une forte identité, très "Range", à l'heure où les voitures mondialisées se clonent les unes les autres dans un improbable style américano-coréano-nippo-européen, insipide et interchangeable ! Ce Baby Range Rover apparaît massif, alors que ses dimensions en font un véhicule plus compact (en longueur, pas en largeur) qu'un Renault Koleos ou un Volkswagen Tiguan, lesquels se fondent davantage dans le paysage automobile. Jolie prouesse que de suggérer l'impression d'un énorme engin, alors qu'il reste très sage dans ses mensurations. Sûr, il en jette !

Super raffiné

Personnellement, nous le trouvons un peu caricatural avec sa ceinture de caisse très haute et son faible vitrage. Mais il est quand même harmonieux et fait terriblement chic. A l'intérieur, c'est le luxe "british". Un vrai salon cossu, avec des matériaux soignés, des formes élégantes, des coloris chauds et raffinés. Le mélange de blanc cassé et de teinte cognac sur notre véhicule d'essai était superbe ! Cuir, aluminium, une réussite totale, qui renvoie les rivaux asiatiques au rôle de transport de troupes et fait ressortir la froideur des intérieurs allemands. Les designers d'outre-Manche doivent être félicités pour tant de bon goût. La vieille Angleterre dans toute sa splendeur surannée ? Non, car les créateurs ont choisi de combiner le tout avec de la haute technologie à gogo. Ecran tactile central, molette de boîte auto qui s'efface dans la console à l'arrêt et... ergonomie un peu compliquée pour ceux qui ne sont pas des passionnés d'informatique. Bref, un subtil mélange d'ancien et de moderne. Tout ça se marie bien. Même si ce n'est pas toujours pratique. La molette de boîte automatique n'est finalement pas si évidente. Et les divers réglages audio sont complexes. Nous préférerions des commandes plus intuitives et naturelles... Les sièges ne sont pas non plus parfaits et la ceinture de caisse très haute donne l'impression d'être engoncé dans un véhicule démesuré... Avec une vision arrière réduite. Mais, ne chipotons pas, l'ensemble, pas toujours pratique, ne manque guère d'originalité. Et quelle classe !

Boîte auto pas assez réactive

Le moteur diesel est issu de la coopération entre Ford (ancien actionnaire de la marque) et PSA. C'est globalement celui qu'on retrouve sur les Peugeot 508 et Citroën C5 ou DS5. Il est doux, linéaire et assez performant. Même s'il n'émet évidemment pas le doux bruit rauque d'un six cylindres. Mais, très lourd, le véhicule donne parfois l'impression de manquer un rien de dynamisme, dans les relances sur autoroute notamment. A noter que ce moteur était combiné sur notre véhicule d'essai avec une transmission automatique aux passages de rapports imperceptibles.... Sauf quand la voiture hésite entre deux rapports, ce qui lui arrive parfois. Là, c'est un peu brusque ! Même en position "S", cette transmission rechigne aussi à rétrograder. Elle n'est passez réactive, et on se retrouve souvent un ou deux rapports trop haut. On regrette la vivacité de la DSG Volkswagen (S Tronic chez Audi).

Suspensions souples

Cette impression de ne pas dominer complètement le véhicule d'un point de vue mécanique se combine avec des suspensions très souples, un peu déconcertantes au début, tant la caisse semble se vautrer dans les virages. A la manière des américaines d'antan. En fait, ce n'est qu'une impression, car l'Evoque s'accroche bien au bitume et se montre sûr. Mais il faut s'habituer à ce côté un rien "paquebot", gênant sur petites routes dégradées très sinueuses. A cause du poids et d'un centre de gravité haut. On ne sent pas parfaitement la voiture. Le confort, lui, est excellent... à partir d'une certaine vitesse. Malheureusement, les très, très grandes roues (19 pouces) de notre modèle de test entraînaient des réactions trop sèches sur les inégalités de la chaussée à faible allure.

Un vrai aventurier

Ce Range Rover Evoque nous a séduits, même s'il y a plus plaisant à conduire. Cette anglaise fort civilisée peut être définie par la légendaire figure du colonel de l'armée des Indes, gentleman dans les clubs et aventurier dans l'âme. Car ce Range se montre à la hauteur en tout-terrain. Il ne déparera pas l'image de la marque créée en 1948. Grâce aux réglages électroniques propres à chaque type d'utilisation, avec des hauteurs de caisse variables. Les pneus Continental mixtes offrent fort à propos une bonne adhérence hors des routes. Seul "hic" : qui risquera un si bel engin dans la boue ou la caillasse, au risque de rayer sa jolie peinture ? A propos d'armée des Indes, la marque et sa s?ur Jaguar, fleurons britanniques, sont aujourd'hui propriété de... l'indien Tata. Ironie de l'histoire.

Très cher

L'Evoque est extrêmement cher. Par rapport à ses dimensions. Même s'il est mieux équipé, il se révèle même plus onéreux qu'une Audi ou BMW concurrente ! Eh, oh ! "Notre" version haut de gamme Prestige SD4 automatique est à 48.800 euros ! Et, comme chez Audi ou BMW, les options sont nombreuses et dispendieuses : 720 euros pour la peinture métallisée, et même 1.230 pour le noir ! Les sièges avant chauffants sont à 380 euros, l'entrée sans clé à 950, la suspension adaptative à 1.240, le Pack Tech (climatisation automatique avec radars avant et arrière, caméra de recul...) à 3.920. Abusif ! Et on ne se consolera pas avec les consommations... élevées. Nous avons absorbé 10,5 litres de gazole aux cents durant l'essai. C'est beaucoup ! Un BMW X3 équivalent s'en sort mieux. Nous conseillons en tous cas aux amateurs "économes" la déjà très belle version de base Pure (cuir-tissu) avec un diesel de 150 chevaux. Négligeons l'offre de base à 32.900 euros (simple traction avant), mais recommandons celle à 34.700 (avec l'indispensable transmission 4x4 pour un véhicule de cette marque), voire à 37.000 (4x4, boîte automatique). Voilà qui est suffisant.

Pour 1.000 euros de plus, on peut aussi à votre demande vous enlever deux portières ! La même en... (faux) coupé, quasi-inaccessible aux places arrière. Là, ça touche à l'inutile exercice de pur marketing. Mais cette version existe désormais au catalogue. Une suggestion : si l'on veut plus discret, simple, et (un peu) moins cher (3 à 4.000 euros de différence à motorisation équivalente), il existe le Land Rover Freelander, en tous points comparable, déjà chic mais moins raffiné. Les mécaniques disponibles sont identiques. La gamme Freelander a l'avantage de démarrer avec des versions moins évoluées (à partir de 27.950 euros en traction avant, 29.750 en 4x4). Pourquoi pas ?

Prix du modèle d'essai : Range Rover Evoque SD4 auto Prestige : 48.800 euros (+750 euros de malus)
Puissance du moteur : 190 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,35 mètres (long) x 1,96 (large) x 1,63 (haut)
Qualités : forte personnalité, intérieur raffiné et chaleureux, confort (sauf à basse vitesse), prestations en tout-terrain
Défauts : boîte auto pas assez réactive, suspensions un peu floues, consommation, prix
Concurrents : BMW X1 2,0d Luxe X drive auto : 43.810 euros ; Audi Q3 2,0 TDi auto Ambition Luxe :43.950 euros ; Land Rover Freelander SD4 auto HSE : 44.490 euros

Note : 14 sur 20

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Commentaires 2
à écrit le 31/12/2011 à 12:23
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Une correction à apporter concernant le moteur il s'agit du 2.2 HDI Celui-ci n'équipe pas 508 et DS5, qui ont le 2 litres

le 02/01/2012 à 20:31
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si si, c'est le 204 ch de la 508 GT

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