Volkswagen devrait franchir la barre des dix millions de véhicules vendus... avant 2018. C'est-à-dire en avance sur son objectif. C'est ce que pronostique Martin Winterkorn, président du directoire du groupe allemand, dans une interview au site spécialisé Automobilwoche (Automotive News). Déjà, le patron de la filiale haut de gamme Audi, Rupert Stadler, assurait dernièrement qu'il franchirait la barre des 1,5 million de véhicules en 2014, dans un entretien avec l'hebdomadaire des affaires Wirtschaftswoche, avec un an d'avance sur l'objectif fixé initialement pour la marque aux anneaux.

Toyota et GM rivalisent

En franchissant ce cap symbolique des dix millions, le constructeur germanique espère devenir le numéro un automobile mondial. Mais Martin Winterkorn préfère désormais évoquer ces dix millions de ventes, passant sous silence... l'objectif de prendre la première place. En effet, l'actuel numéro un, le japonais Toyota, a déjà prévu d'atteindre les 9,9 millions d'unités cette année. Et, malgré une faible croissance aux Etats-Unis et une forte chute en Europe, GM, deuxième constructeur auto mondial l'an passé, compte sur l'Asie-Pacifique pour rivaliser pleinement. Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, et patron le mieux payé du Japon, a récemment  indiqué pour sa part au quotidien Nikkei que l'Alliance franco-japonaise visait des ventes de 10 millions de véhicules durant l'exercice comptable 2016-2017. Il s'agit toutefois de deux entreprises séparées...

Ventes en progression

Sur les cinq premiers mois de l'année, les ventes du groupe Volkswagen s'affichaient à 3,87 millions d'unités, soit une progression de 5,9%. Entre janvier et mai, les volumes ont certes reculé de 3,5% à 1,53 million de véhicules sur le Vieux continent. En revanche, les ventes ont grimpé de 11,2% à 249.300 unités aux Etats-Unis, de 18,2% à 1,28 million (+18,2%) en Chine. « Nous accroîtrons nos capacités de 2,6 millions de véhicules annuels actuellement à plus de 4 millions d'ici à 2018 » dans l'ex-Empire du milieu, martelait fin avril Martin Winterkorn, lors d'une conférence de presse au salon de Shanghai. Les ventes de la marque Volkswagen proprement dite ont progressé sur cinq mois de 5,3% à 2,41 millions de véhicules, celles d'Audi de 6,7% à 640.200 unités, tandis que l'espagnole Seat a progressé de 11% à 149.100.

Un bénéfice record

L'an dernier, le consortium de Basse-Saxe, qui a intégré la marque sportive Porsche, avait augmenté ses ventes de 11,2% des ventes à un record de 9,07 millions d'unités. 60% de ses véhicules sont écoulés hors d'Europe. Le géant automobile européen aux douze marques a annoncé un bénéfice net record de 21,9 milliards d'euros l'an passé, cinq fois plus que Ford, six fois plus que GM, douze fois plus que Renault, quinze fois plus que Fiat (avec Chrysler). Et son profit représente plus de quatre fois la perte nette de PSA l'an passé. Certes, c'est l'intégration de Porsche qui génère ce résultat inhabituel. Le consortium de Wolfsburg affiche toutefois un  bénéfice opérationnel substantiel de... 11,5 milliards d'euros, un pic historique en très légère progression. Soit une marge de 6%, honorable pour un groupe essentiellement généraliste (sauf Audi). 

Enormes investissements

Le constructeur a provisionné la bagatelle de... 50,2 milliards d'euros à investir sur trois ans, soit 16,7 milliards par an. Une somme colossale par rapport à la concurrence, qui lui permet par exemple d'augmenter les salaires dans ses usines allemandes. PSA n'a investi pour sa part que 3,8 milliards l'an dernier (y compris 861 millions pour sa filiale équipementière Faurecia) et Renault 2,9 milliards. Un vrai rouleau compresseur, avec une multiplication des nouveautés et... des usines. Le groupe possède une centaine d'usines à ce jour dans le monde.  Rien qu'en Chine, sept usines sont en construction, dont cinq doivent démarrer cette année.