Comment Renault veut transformer l'essai

Renault a annoncé un chiffre d'affaires ainsi qu'une marge opérationnelle en hausse pour son année 2022. Maintenant que la phase de redressement est activée, le groupe doit confirmer et investir massivement. Les arrivées de la Renault 5 et de la 4L, deux modèles phares, sont très attendues pour relancer les ventes et rénover l'image de marque. Explications.
(Crédits : Reuters)

« Le plan de redressement est réel et commence à porter ses fruits. » Tel est le constat des analystes financiers. Dix jours après l'annonce de la refonte de son alliance avec Nissan et Mitsubishi, les résultats du groupe Renault ont d'ailleurs été meilleurs que leurs prévisions avec un chiffre d'affaires de 46,4 milliards d'euros, soit +11,4% par rapport à 2021, et une marge opérationnelle, en hausse de 2,8 points, qui a doublé, à 2,6 milliards d'euros et 5,6% du chiffre d'affaires.

« Nous avons tourné la première page de la Renaulution en nous redressant financièrement. Nous n'allons pas faire machine arrière et nous allons continuer à nous tenir à notre discipline », a commenté Luca de Meo, directeur général du groupe. Mais cette performance ne cache pas la baisse des ventes en volume du groupe, en recul de 14,6% par rapport à 2021. Renault marche sur la corde raide dans un marché bousculé par la transition écologique et les changements de mobilité.

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Continuer à investir

Pour continuer à progresser, Renault doit continuer d'investir. En se focalisant uniquement sur son redressement à court terme pourrait mettre le groupe difficulté dans le futur. Le constructeur français, tout comme ses concurrents, doit trouver le juste équilibre entre investissement et redressement financier. La hausse de sa marge opérationnelle est un bon signal pour la trésorerie. « Cela rend plus serein pour l'avenir du groupe », confirme José Baghdad, analyste financier automobile chez Pwc. La marge opérationnelle devrait continuer à augmenter puisque le groupe mise sur une hausse supérieure ou égale à 6% pour 2023.

Renault a également envoyé des signaux forts à ses actionnaires en proposant un dividende de 0,25 euro par action. Une décision qui démontre la sérénité et la confiance du groupe pour l'avenir mais qui vise aussi à attirer de nouveaux actionnaires pour financer les investissements.

Renault se recentre et laisse la Russie derrière

Malgré la pénurie de semi-conducteurs qui a, en partie, entraîné une chute des ventes de véhicules, le groupe a réussi à augmenter son chiffre d'affaires. La marque au losange a développé une stratégie de production massive en mettant plus de véhicules sur ses lignes. Par exemple, sur la seule usine de Douai, le nombre de Megan E-tech produites est passé de 30 véhicules à l'heure en 2021 à 60, grâce au renfort des équipes. Renault a également amélioré sa productivité en automatisant davantage ses lignes et en réduisant ses délais d'ingénierie.

Le groupe a également redéfini ses objectifs sur les différentes marques. Ainsi, quand Alpine cible le haut de gamme et présentera son prochain SUV en 2023, le groupe Renault vise une clientèle plus populaire avec des véhicules d'un niveau supérieur en qualité et en termes d'innovation, tandis que Dacia se concentre sur la catégorie des voitures plus accessibles.

Son retrait en Russie, deuxième marché après la France, a néanmoins pesé sur les résultats. Le constructeur français a enregistré une perte nette de près de 338 millions d'euros en 2022. Un résultat à nuancer toutefois puisque, sur le premier trimestre, Renault a perdu plus de 2,3 milliards d'euros qui ont été en grande partie compensés par les performances au cours des mois qui ont suivi sa sortie de Russie.

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Le pôle Electricity : une ambition électrique française

Pour le futur, le géant français de l'automobile a annoncé plusieurs projets dont un pôle nommé ElectriCity ayant pour ambition de sortir de ses chaînes 400.000 véhicules électriques d'ici 2025. Les voitures sont assemblées dans les usines historiques de Douai et de Maubeuge et les batteries fabriquées à Douai. Une gigafactory de batteries, en partenariat avec la startup française Verkor, viendra compléter la production à Dunkerque, ainsi que les bacs batteries en partenariat avec l'usine chinoise Minth qui prendra place sur le site de Ruitz. Ce pôle a été lancé en 2021 avec pour objectif clair de placer l'ensemble de la chaîne de valeur des voitures en France. « Pour être un constructeur fort, il faut l'être dans son pays d'origine », a souligné Luciano Biondo, directeur du pôle ElectriCity.

Actuellement, ce sont la nouvelle Renault Megane E-Tech et le nouveau Renault Kangoo électriques qui sont assemblés dans les usines du Nord. La Renault Megan a par ailleurs fait un très bon démarrage puisqu'elle se classe en troisième position des véhicules électriques les plus vendus en France, juste derrière la Dacia Spring (autre modèle du groupe) et la Fiat 500. En 2024 arriveront le Scenic électrique ainsi que la Nissan Micra, deux modèles emblématiques de Renault-Nissan. Mais le retour le plus attendu est sans doute le retour de la Renault 5 ou R5, un modèle plus compact prévu pour remplacer la Zoé.

Le retour de la R5 et de la 4L pour relancer la marque

Jouer sur la nostalgie pour se relancer, c'est le pari de Renault et en particulier de Luca de Meo, convaincu du fort potentiel des deux modèles emblématiques français que sont la Renault 5, prévue pour 2024 ainsi que la 4L, prévue pour 2025. Ces deux voitures seront plus chères que la Zoe, marquant l'envie de la marque Renault de monter en gamme et d'augmenter les prix de ses véhicules afin de générer plus de valeur.

« La Renault 5 va populariser la voiture électrique et la rendre abordable. Nous jouons sur le patrimoine et l'histoire de cette voiture », a précisé Luciano Biondo. « C'est une bonne stratégie, cela permet de renforcer l'identité des véhicules et de s'adresser à une population qui s'est éloignée de la marque, notamment les plus jeunes », observe José Baghdad. Renault souhaite ainsi marcher sur les pas de la Fiat 500 ou encore de la Mini qui ont su, toutes deux, conquérir le marché de la citadine électrique. Reste à savoir si la nostalgie fonctionnera également sur ces modèles plus anciens, dont le design a tout de même été fortement repensé et dont il reste surtout le nom.

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