"Le départ de PSA va augmenter l'attractivité de Faurecia", Patrick Koller (PDG)

L'équipementier automobile français a publié des résultats annuels en ligne avec ses objectifs. L'exercice 2019 aura été marqué par l'intégration de Clarion dans le cadre d'une nouvelle branche liées au cockpit du futur, mais également l'annonce de la vente des 46% que PSA possède dans le capital de Faurecia. Pour Patrick Koller, PDG depuis 2016, le marché pourrait reprendre sa croissance dès 2021. Interview.
Nabil Bourassi
(Crédits : DR)

Vous signez une année 2019 conforme à vos objectifs mais qui a également été un exercice marqué par des restructurations. Est-ce que d'une certaine manière vous avez préparé Faurecia à la baisse du marché attendu les prochaines années ?

Je ne pense pas que la baisse du marché va se poursuivre plusieurs années encore. 2020 sera en baisse, c'est certain, nous tablons sur une contraction de 3% du marché automobile mondial. Nous aurons alors cumulé fin 2020 cinq semestres de baisse consécutive. Or, si on regarde les éléments macroéconomiques, rien ne justifie une poursuite de ce cycle, que ce soit en Chine ou aux Etats-Unis. En Europe, la baisse du marché est surtout due à la gestion de la réglementation CO2. Celle-ci a été aussi complexe que rapide à gérer pour les constructeurs. On peut aussi ajouter les effets du Brexit. Mais dans les deux cas, nous parlons d'événements limités dans le temps. La crise du Coronavirus aura un impact limité dans le temps. A partir de 2021, les constructeurs pourraient rencontrer des conditions meilleures.

Les restructurations que vous avez conduites en 2019 vont pourtant avoir des effets en 2021, cela ne va-t-il pas vous impacter en cas de reprise de la demande?

Nous avons entrepris des mesures de restructurations en 2019 et elles se poursuivront en 2020, certes de manière moins intensive. La raison principale c'est que nous avons dû intégrer Clarion et pris des mesures pour ramener cette entreprise dans nos standards de compétitivité. En outre, sur notre périmètre historique, nos restructurations n'ont pas seulement consisté à réduire notre capacité de production, mais davantage à les redéployer. Un des enjeux pour Faurecia dans les prochaines années est de continuer à rationaliser son outil industriel notamment par des mesures de massification de la production. Nous allons ainsi mener des arbitrages sur notre empreinte industrielle notamment en Chine où par exemple la compétitivité en matière d'outillage s'est érodée. Nous voulons également profiter davantage des améliorations de la productivité et de la qualité rendues possibles grâce à la transformation digitale de nos usines, processus que nous avons entamé il y a quelques années.

Lorsque vous avez pris les rênes de Faurecia en 2016, vous avez entrepris une stratégie de transformation de l'entreprise. Cette transformation est-elle achevée ?

La transformation n'est pas quelques choses qui s'achève, mais un processus continu qui permet à l'entreprise de se développer sur les segments les plus porteurs dans une optique de leadership. Pour Faurecia nous nous focalisons sur le cockpit du futur et la mobilité durable et nous avons investi dans ces domaines au travers d'acquisitions et de partenariats. Le marché a maintenant une meilleure compréhension de nos arbitrages stratégiques en matière d'innovation, ce qui nous a permis d'accélérer nos investissements dans ces domaines. En même temps, nous avons fait la démonstration de notre résilience face aux aléas de marché. Nous avons également montré notre capacité à gérer nos lancements et amélioré notre relation avec les clients. Sur notre activité "clean mobility" notre positionnement est devenu plus lisible. La valeur créée par la complexification des systèmes de dépollution sur les véhicules thermiques et hybrides va compenser dans un premier temps l'émergence de la voiture électrique. Nous investissons aussi fortement sur des solutions zéro-émission notamment l'hydrogène où nous avons remporté nos deux premiers importants contrats. Enfin, nous avons démontré que nous étions capables de mener ces investissements en innovations sans que cela pénalise notre profitabilité, et ce, malgré un environnement adverse.

Vous avez néanmoins choisi d'ajouter une brique dans votre portefeuille d'activités en rachetant Clarion... Comment cette acquisition s'inscrit-elle dans votre cohérence stratégique ?

L'acquisition de Clarion nous permet de réaliser notre vision du cockpit du future avec comme point de départ notre leadership dans nos activités Sièges et Intérieur. Notre conviction est que l'attente des consommateurs de demain ne sera plus seulement dans des technologies isolées, mais plutôt dans une expérience globale. En d'autres termes, la valeur viendra de notre capacité à combiner différentes fonctionnalités pour créer une expérience. Or, pour y parvenir, il nous fallait acquérir des compétences dans le software et l'électronique, tout à fait complémentaire à nos technologies. D'où notre initiative de réunir les activités de Clarion mais également de Parrot, de Coagent Electronics, de Creo Dynamics et de Cova Tech que nous avons acquis en 2018 pour créer cette nouvelle activité.

Avez-vous estimé le potentiel de croissance en part de chiffre d'affaires ?

La stratégie de croissance rentable de Clarion Electronics s'articule autour de deux priorités : accélérer les prises de commandes et améliorer la compétitivité des coûts. Cette stratégie de croissance permettra à l'activité d'atteindre des ventes de 1,6 milliard d'euros en 2022 et de 2,5 milliards d'euros en 2025.

PSA a annoncé qu'il céderait, à l'occasion de sa fusion avec FCA, sa participation de 46% dans Faurecia à ses actionnaires. Ne craignez-vous pas d'être soumis à une plus forte pression des marchés en perdant un actionnaire de référence si puissant ?

D'un côté, notre flottant va significativement augmenter, nous permettant d'être plus attractif sur les marchés. Cela impliquera également d'être davantage attentif à nos actionnaires et nous devrons également fournir davantage de gages en matière de gouvernance, d'éthique, de compliance mais également de convictions de marché. D'un autre côté, nous n'aurons plus un actionnaire qui est en même temps un client. Faurecia aura plus de liberté pour déployer sa stratégie, même si PSA a été un bon actionnaire et nous a accompagné et soutenu dans notre développement ces dernières années.

Nabil Bourassi

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Commentaires 2
à écrit le 24/02/2020 à 11:55
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Le problème pour faire de l'argent c'est aussi de comprendre ce que l'on appel les facteurs d'interopérabilités. Tout la fait dépendre la voiture du futur. Tout cela est ce dont je dispose, et sachant ce que je sais, et bien bon courage les potos,...

à écrit le 24/02/2020 à 11:01
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"La transformation n'est pas quelques choses qui s'achève, " Relisez vous >.<

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