BTP : Le collectif Empreinte expérimente de nouvelles méthodes de construction à Beaucouzé

A Chalonnes-sur-Loire, dans le Maine-et-Loire, l’entreprise de BTP ERB a fondé le collectif Empreinte avec une vingtaine de startups, TPE, PME pour explorer de nouvelles façons de construire. Un premier projet démarre ces jours-ci à Beaucouzé, associant la réalité augmentée, l’impression 3D, le recyclage de déchets en granulats et de terres excavées, l’utilisation de nouveaux matériaux en fibre de bois, de peintures recyclées et de techniques inspirées de la permaculture… Objectif : réduire l’impact des chantiers sur l’environnement.
L'entreprise angevine de bâtiment ERB a réuni une vingtaine d'acteurs du BTP au sein du collectif Empreinte pour réduire l'impact environnemental de la construction en adoptant de nouveaux matériaux et de nouvelles méthodes de travail.
L'entreprise angevine de bâtiment ERB a réuni une vingtaine d'acteurs du BTP au sein du collectif Empreinte pour réduire l'impact environnemental de la construction en adoptant de nouveaux matériaux et de nouvelles méthodes de travail. (Crédits : collectif empreinte)

A Beaucouzé dans le Maine-et-Loire, près d'Angers, dans l'écoquartier des Echats III, les robots de la société Batiprint 3D sont entrés en action le 21 juin dernier pour élever les murs d'une maison de 130 m² comprenant cinq pièces sur deux niveaux. Plus qu'une maison, il s'agit d'un concept qui veut amener de l'innovation et répondre aux nombreux enjeux de normes, de ressources humaines, de matériaux, de digitalisation et de transition écologique... rencontrés par le secteur du BTP.

« Pour intégrer ces nouveaux défis, nous sommes repartis d'une page blanche », explique Thomas Grenouilleau, Président de l'entreprise général de bâtiment ERB, qui emploie 80 collaborateurs et qui a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires de 11,2 millions d'euros.  ERB a réuni une vingtaine de startups, de TPE, de PME au sein du collectif Empreinte pour plancher sur ces nouveaux modes de construction.

« On veut prouver qu'en travaillant le sujet de façon globale, en s'entourant des bons partenaires on peut parvenir à des performances très intéressantes à des coûts économiquement acceptables », esquisse le jeune entrepreneur entouré de l'agence d'architecture Johanne San, de l'expert en ingénierie structurelle Even structure, du bureau d'études AB Ingénierie, d'ABC construction pour son expérience dans l'industrialisation des procédés dans le bois, de Batiprint 3D dont les robots avaient été mis a contribution pour le projet d'habitat social Yhnova sortie de terre en trois jours à Nantes...

Une expérimentation pure et dure où chaque acteur s'est engagé à tenir un coût du m² acceptable. « Il a fallu se gratter la tête pour trouver des solutions qui ne sont pas celles appliquées traditionnellement dans la construction des bâtiments de tous les jours », reconnait Bertrand Moreau, fondateur d'AB Ingénierie.

L'utilisation de matériaux recyclés

Tout au long du chantier, les process vont être testés et, si besoin, corrigés.

« Les robots et l'approche technique sont, ici, différents du projet Yhnova où, cette fois, le béton des murs est coulé en une seule fois dans la mousse expansive et de nombreux éléments sont fabriqués avant en usine, notamment pour les ouvertures, de manière à limiter les étapes provisoires et raccourcir les délais de construction », détaille Thomas Grenouilleau.

Mais la vraie rupture par rapport au projet nantais Yhnova, ce sont les matériaux employés, comme l'isolation du toit en fibre de bois, les granulats d'excavation ou les peintures recyclées.

« Je crois beaucoup en cette mixité des matériaux qui permet d'apporter tous les avantages des uns et des autres pour beaucoup plus de cohérence et de performance », note Julien Bopp, d'ACB Construction.

Pour cela, le collectif associe les savoir-faire de Neolithe (lequel est capable de transformer des déchets non-recyclables jusqu'ici enfouis ou incinérés en granulat utilisable par le secteur de la construction), de Terra Innova qui redonne un intérêt agricole et écologique à des terres provenant de terrassement, ou de Circouleur, seul fabricant de peintures recyclées en France..., dont la valorisation des produits permet d'éviter l'incinération et l'extraction de nouvelles matières premières et donc de réduire l'impact environnemental.

Résultat, au regard des normes E+ C- visant à améliorer performance énergétique et diminution de l'impact carbone, le projet d'Empreinte se situerait en Carbone 2, soit le meilleur résultat possible.

« On aura un impact carbone bien plus faible qu'une maison traditionnelle », assure Thomas Grenouilleau, fondateur de ce collectif destiné à codévelopper des solutions collaboratives pour faire émerger un démonstrateur.

« L'idée, c'est que chacun ne soit pas sur son business de départ ; sans quoi il est impossible d'être sur une rupture aussi globale. L'objectif n'est pas de faire, demain, un Empreinte bis mais de faire évoluer les technologies de rupture pour comprendre comment vont changer les métiers du BTP et pour apporter des solutions nouvelles face aux enjeux de la transition écologique et sociétale.»

Une évolution comparable à l'arrivée des grues

Sur ce chantier où ERB a investi dans le foncier, la numérisation intervient à toutes les étapes de construction. Avec la réalité augmentée pour permettre une visite de l'habitation avant sa construction, la création de maquettes numériques en BIM, avec la fabrication additive... utilisée avec de la mousse expansive où est coulé le béton.

« Les matériaux changent finalement peu, par contre la techno est comparable à la l'arrivée des grues sur les chantiers. La technologie a un intérêt dans certains cas de figure, comme pour la réalisation de formes complexes, de tâches pénibles... ou exigeant des opérations de sécurité. C'est un nouvel outil auquel il faut s'acculturer. Il faut faire muter les métiers, mais ce n'est pas une substitution de nos équipes. On travaille beaucoup sur la coordination pour aller au bout de la démarche d'ingénierie et pousser le concept à sa limite», remarque Thomas Grenouilleau.

Le jardin a aussi pour vocation de recréer un écosystème autonome, inspiré des techniques de la permaculture, grâce à l'eau de pluie récupérée par le toit.

"En final, la construction de ce prototype devrait s'étaler sur quatre mois pour prendre le temps d'ausculter toutes les étapes, car c'est en gagnant sur les étapes provisoires que nous pourrons réduire le prix », indique le président ERB.

Pour l'heure, le constructeur préfère ne pas s'avancer sur le coût de l'habitation ou un prix au mètre carré.

« Nous pensions  que nous allions exploser les coûts, finalement nous serons dans les prix de marché au regard de ses performances, assure-t-il. Elle est dans les standards d'un maison passive. Et nous devrions diviser les temps de construction par deux», estime Thomas Grenouilleau pour qui, « l'avenir, ne consiste pas à créer une Empreinte bis mais de trouver une trajectoire de commercialisation », dit-il, travaillant aussi la mise au point d'un modèle économique pertinent. Plusieurs promoteurs auraient déjà montré leur intérêt pour des projets de plusieurs centaines de mètres carré. C'est un autre des enjeux pour le collectif dont le démonstrateur doit valider son fonctionnement au cours de l'été et faire émerger « une autre façon de faire.» Nullement destinée à la vente, la maison pourrait, en final, être destinée à accueillir des startups du BTP intervenant sur l'innovation. De quoi boucler la boucle.

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