Chimie : le secteur attend 2010 avec impatience

Lourdement frappés par le ralentissement de l'activité et la baisse de la demande, les industriels, de Rhodia à Dow Chemical, de BASF à Bayer, publient des résultats en chute voire en perte. Mais ils entrevoient une amélioration dès l'année prochaine.

A en croire la réaction assez positive de la Bourse à la publication des mauvais résultats des groupes de chimie, la situation du secteur aurait pu être pire. Dans un contexte de ralentissement économique mondial, les pertes enregistrées sont considérées comme un moindre mal. Signe de la dureté de la crise qui frappe le secteur depuis la fin de l'année 2008. A l'avant poste de la demande mondiale industrielle, la chimie continue de voir rouge mais aperçoit le bout du tunnel d'ici la fin 2009.

Pour l'heure, les groupes affichent de mauvaises performances au deuxième trimestre. Pour le numéro un mondial BASF, cela se traduit par une baisse de 74% du bénéfice avec un recul des ventes de 23%. Pour Bayer, c'est une baisse de 7,3% de son bénéfice. Le résultat de l'américain DuPont chute de 61%. Le français Rhodia annonce une perte de 40 millions d'euros contre un bénéfice de 35 millions d'euros l'an passée. Même situation pour le suisse Clariant qui passe de 51 millions de frans suisses de bénéfices trimestriels à 61 millions (40 millions d'euros) de pertes et va supprimer encore des emplois cette année. De son côté, le groupe belge de chimie-pharmacie Solvay voit son bénéfice net plonger au deuxième trimestre de 39% à 77 millions d'euros.Quant au géant américain Dow Chemical, il est retombé dans le rouge au deuxième trimestre avec une perte de 486 millions de dollars (345 millions d'euros).

Aucune branche de cette industrie, considéree comme un indicateur avancé de conjoncture, n'est épargnée par la crise. D'après le rapport d'étude 2008 de l'Union des industries chimiques, la chimie de base a été la plus touchée avec une baisse de 23% de la demande dès la fin du dernier trimestre 2008. Cette filière est en effet tributaire des nombreuses industries durement touchées par la crise comme l'automobile, la construction et le bâtiment. Les activités comme les polymères, les plastiques, le caoutchouc synthétique, les peintures et les revêtements en ont aussi fait les frais. L'année 2008 avait été marquée par une baisse de la production de près de 8% en volume.

Le bilan de l'année 2009 devrait être encore plus difficile. Sur le marché européen, le Conseil européen de l'industrie chimique (Cefic) prévoit une baisse de la production de chimie minérale (chlore, acide, engrais) de 17,4%. Pour la chimie organique (plastic, chimie fine), la baisse serait de 15%. Au total, le secteur verra sa production chuter de 11,2%. Pour la France, ce secteur clé de l'économie enregistrera une baisse de 7,5%

Dans ce marasme général, seul l'agrochimie, la cosmétique et la pharmacie tirent leurs épingles du jeu. Ce mercredi, le français Sanofi Aventis surprenait les analystes avec un bénéfice net en hausse de 29,4%. BioMérieux a vu ses ventes augmenter de 11,6%. Bristol-Myers a enregistré un bénéfice en hausse de 28% en un an. De bons résultats aussi pour Wyeth, Pfizer et Eli Lilly. Les lancements de nouveaux médicaments pour contrer les génériques et les perspectives qu'ouvre la grippe A, expliquent ce phénomène.

Espoirs

Pour l'heure, les industriels de la chimie se félicitent de ces résultats, eux qui avaient prévu bien pire. Mais le pessimisme est là. Aucun ne prévoit un retour rapide à une situation d'avant crise.

En attendant une éventuelle reprise, l'industrie de la chimie mise donc sur des investissement dans la filière, très porteuse, de l'environnement. Cela se traduit par des dépenses R&D en hausse dans la chimie "verte". Déjà en 2008, 16% des 3,1 milliards d'euros d'investissement ont été consacrés à la protection de l'environnement et la maîtrise des risques. Certain groupes, comme Rodhia ou Solvay, opèrent à ce niveau des rapprochements pour mutualiser leurs moyens. Un premier pôle a été constitué dans la chimie végétale.

Autre solution pour survivre en tant de crise : la réduction drastique des coûts. Pour compenser la baisse de la demande, les industriels veulent faire des économies. Le secteur de la chimie est donc particulièrement touché par les plans sociaux. Début juillet, BASF annonçait une suppression de 3.700 emplois, 4.500 pour DuPont. Dow Chemical ferme 20 sites et supprime 5.000 postes dont 200 en France, un plan qu'il pourrait encore durcir face à la mauvaise conjoncture et après ses pertes trimestrielles.

Bien que les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le secteur, les professionnels gardent confiance en l'avenir, ce qui réconforte les marchés. Pour BASF, même si "une reprise durable n'est pas encore en vue, la chute semble stoppée et une stabilisation à un faible niveau apparaît". Tous maintiennent leurs prévisions pour la fin de l'exercice 2009. Les signaux positifs leurs viennent des pays émergent et des Etats-Unis où une légère hausse de la demande apparaît. De la même façon, les groupes voient d'un bon ?il les mouvements de destockage chez leurs clients.

D'après le Cefic, l'année 2010 devrait être de meilleur augure. En Europe, la production devrait repartir à la hausse de 5,1%. En même temps que la reprise.

 

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