De l'e-cigarette à l'hygiène et la cosmétique, l'itinéraire post-pandémie de Lips France

Venu à la fabrication de gel hydroalcoolique au début de la crise sanitaire, le fabricant d’e-liquide pour les cigarettes électroniques, Lips France, a transformé cet élan en une ambitieuse diversification vers les marchés de l’hygiène et des cosmétiques.
De 30% aujourd'hui, la part de l'activité hygiène devrait compter pour 50% des ventes de l'acteur du vapotage LIPS France à l'horizon 2023.
De 30% aujourd'hui, la part de l'activité hygiène devrait compter pour 50% des ventes de l'acteur du vapotage LIPS France à l'horizon 2023. (Crédits : Lips France)

« Notre métier, c'est la réduction des risques... », conceptualise Cedric Merino-Riocher, co-fondateur du laboratoire Lips France, entré dans l'univers des biocides (produits chimiques destinés à lutter contre les organismes nuisibles à l'homme) au début de la pandémie. Deux ans plus tard, la jeune entreprise nantaise (7 millions d'euros de chiffres d'affaires), spécialisée dans la fabrication de e-liquides, s'ouvre les portes du marché de l'hygiène et de la cosmétique. Elle projette d'investir, d'ici à deux ans, 5 à 6 millions d'euros dans une unité de fabrication et un centre de R&D de 8000 m².

« Il y a deux ans, nous avons fortement ralenti la production de e-liquides pour nous consacrer à la production de gel hydroalcoolique et répondre à la demande urgente de la population et de centres hospitaliers, où comme à Saint-Nazaire, on ne disposait que de quatre heures de stocks. Finalement, pour nous, à l'exception des approvisionnements compliqués de matières premières, il s'agissait de mettre du liquide dans des bouteilles !», rappelle Cedric Merino-Riocher.

Les experts en chimie de l'entreprise ont été mis à contribution pour finaliser les formulations. Plus d'un million de flacons de gel ont ainsi été produits. L'entreprise, basée à Saint-Julien de Concelles, près de Nantes, qui s'était jusque-là focalisée sur la vape ou, dit-elle, « la réduction des risques pour les fumeurs » va saisir la balle au bond.

Un investissement de deux millions d'euros

« Notre objectif demeure toujours de convertir des fumeurs en vapoteurs et d'accompagner les vapoteurs à devenir des non-vapoteurs... », assure-t-il. « Chaque année 75.000 fumeurs meurt du tabac, c'est moitié moins que les morts de la Covid, mais on en parle très peu. Le développement de produits virucides, bactéricides et fongicides s'inscrivait dans notre ADN de réduction des risques pour les personnes », argumente le dirigeant de Lips France.

Entre le développement de la R&D, l'acquisition de machines d'analyses et de conditionnement, deux extensions pour doubler sa surface, et le recrutement d'une dizaine de collaborateurs supplémentaires, le laboratoire (41 personnes) a investi 2 millions d'euros. En fonds propres, sans levée de fonds, avec l'appui de son seul pool bancaire (CIC et Crédit Mutuel). Malgré les appels du pied de certains cigarettiers, Lips a tenu à conserver son indépendance.

L'entreprise s'est réorganisée en scindant ses activités en deux départements : Lips Vape, qui revendique d'avoir été le premier fabricant français d'e-liquide certifié Iso 9001, dont le chiffre d'affaires a grimpé à 6 millions d'euros l'an dernier ; et Exigiène, département « biocide », dont les ventes ont atteint un million d'euros en 2021.

Cette dernière a développé une gamme complète de virucides, bactéricides et fongicides dont un savon liquide désinfectant, une mousse désinfectante sans rinçage, un spray désinfectant multi-surfaces, des lingettes et un dispositif anti-buée dédié aux masques chirurgicaux...

Dernièrement, la gamme s'est enrichit d'une crème 3 en 1 (Minimes), hydratante, virucide et antibactérienne, « pour se protéger des virus sans se dessécher les mains. Une solution inexistante sur le marché que les tests menés auprès de panels de consommateurs ont plébiscité à plus de 95%, dont une formulation sans parfum a été créée pour le secteur professionnel », assure Lips France.

L'entreprise est devenue l'un des trois seuls laboratoires français capables de produire des lingettes grâce à l'acquisition d'une machine automatisée de 20 mètres de long capable de produire jusqu'à quatre-vingts paquets de lingettes à la minute.

Des applications possibles vers les dispositifs médicaux et le monde vétérinaire

« Nous avons désormais la capacité de nous ouvrir au marché de la cosmétique avec des lingettes démaquillantes par exemple, mais aussi au monde de l'hygiène et du soin pour bébé avec des solutions nettoyantes hypoallergéniques", estime le co-fondateur de LIPS France. Des lingettes fabriquées en coton ou à partir de fibres plastiques recyclées et recyclables et compostables pour l'emballage, qui se veulent loin des produits chinois visés par la loi Anti-Gaspillage du 1er janvier 2022.

L'objectif du texte est d'atteindre en 2040 le zéro plastique jetable et prévoit l'interdiction de faire figurer les mentions « biodégradable », « respectueux de l'environnement » sur les emballages.

« Une très bonne chose, selon Cedric Merino-Riocher. Tous nos produits sont certifiés Origine France. Nous avons lourdement investi dans des analyses menées par des laboratoires indépendants pour décrocher une quinzaine de normes de désinfection microbiologiques NF-EN », dit-il. « Nous gardons à l'esprit que nos produits doivent être compatibles avec un mode de consommation proche du zéro déchet », ajoute Florent Légalité, l'un des deux docteurs en chimie du laboratoire.

Approchée par la grande distribution pour des fabrications sous marque blanche, Lips France vise un chiffre d'affaires de 10 à 11 millions d'euros en 2022 dont trois à quatre millions pour les seuls produits d'hygiène et cosmétiques. De 30% aujourd'hui, la part de cette activité devrait compter pour 50% des ventes à l'horizon 2023.

D'ici là, doté d'un futur site de production, équipé de salle blanche sous atmosphère contrôlé, l'entreprise, appuyée sur son savoir-faire normatif, pourrait s'engager vers la fabrication de dispositifs médicaux. Elle envisage aussi décliner ses lingettes vers le secteur vétérinaire pour le soin des chiens et chats ou le nettoyage des pis de vaches au moment de la traite, pour là encore limiter les risques de maladies.

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