Grève des raffineries : le gouvernement met Total sous pression

Après l'annonce de la CGT, dimanche, de la rupture des négociations, le gouvernement convoque la direction de Total afin de trouver une solution. Le directeur général de Total, Christophe de Margerie, a annoncé qu'il n'y aura "aucun départ forcé". Des stations-service sont déjà à court de carburant mais selon le gouvernement, ces indisponibilités sont courantes après des week-end de chassé-croisé routiers. Le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a quant à lui, estimé ce qu'il n"y avait pas de risque de pénurie" de carburant en France.

Le gouvernement durcit le ton concernant le dossier Total. Nicolas Sarkozy a reçu ce lundi à midi le Président du Conseil d'administration de Total, Thierry Desmaret. Rien n'a filtré de leur conversation. Mais le groupe pétrolier a tout de même annoncé avoir fait une concession : il avance au 8 mars la date du comité centrale d'entreprise extraordinaire, initialement prévu le 29 mars. La direction a par ailleurs invité les syndicats à une réunion ce mardi.

Ce mardi, le ministre de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a estimé quant à lui, qu'il n"y avait pas de risque de pénurie" de carburant en France, au septième jour d'un conflit entre le groupe pétrolier Total et les syndicats. Il a notamment expliqué qu'il y avait une "dizaine de jours de sécurité", selon ses déclarations dans un entretien à la radio Europe 1.

Ce premier pas porte déjà ses fruits. En effet, la FCE-CFDT vient d'annoncer qu'elle demandait l'arrêt du mouvement de grève dans les raffineries du groupe. "La FCE-CFDT considère comme une avancée l'annonce faite par la direction de convoquer le 8 mars un comité central d'entreprise extraordinaire", a indiqué le syndicat, minoritaire chez Total. "Dans l'intérêt des salariés de Total et des sous-traitants, et afin de créer les conditions du dialogue pour gagner le pari de l'emploi, la FCE-CFDT (...) demande la suspension du mouvement de grève".

En revanche, la CGT, majoritaire chez Total, a indiqué que la décision d'avancer la date au 8 mars était insuffisante. Elle précise qu'elle veut poursuivre le mouvement de grève. D'ailleurs, les grévistes ont annoncé la reconduction du mouvement, selon l'AFP.

Par ailleurs, Christophe de Margerie a annoncé qu'il n'y a "aucun problème avec les livraisons françaises de pétrole pour l'instant. Lesmarges dans le raffinage vont s'effondrer si on ne réduit pas les capacités de production. Mais les projets sur la raffinerie des Flandres feront en sorte qu'aucun salarié ne sera touché". Il a également annoncé que"tous nos effectifs resteront dans la société, il n'y aura pas de départ forcé".

La direction vient d'annoncer que 132 stations-service Elf et Total sur 2.000 sont à court de carburant. Mais le ministère de l'Ecologie et de l'Energie a annoncé, dans un communiqué, que "des indisponibilités provisoires, (en majorité dans le réseau Total), ont pu être observées, ce qui est courant après des week-ends de chassé-croisé routiers. Les stations concernées devraient être en majorité réapprovisionnées dans la journée".

Vendredi, l'Union française des industries pétrolières (UFIP) avait souligné que Total ne possède que la moitié des raffineries en France, 41 dépôts de carburant sur quelque 160 et un quart des stations-service. Ce lundi, elle a annoncé que selon elle, le pays dispose entre "7 et 10 jours" de carburant.

 

Le ministre de l'Industrie demande des actions immédiates

Lundi matin, dans un communiqué, le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, avait déjà demandé au groupe "de sortir enfin de l'ambiguïté en annonçant très rapidement les modalités qui permettront de pérenniser l'activité du site industriel de Dunkerque". Il veut également que le groupe fasse un choix : "Soit, Total est en mesure d'apporter un projet précis et daté d'implantation de nouvelles activités, soit Total doit très rapidement redémarrer sa raffinerie de Dunkerque".

Christian Estrosi exige la reprise immédiate des négociations. En effet, la CGT, qui avait accepté samedi de participer à une réunion de négociations dimanche avec la direction du groupe Total au siège de la Défense, près de Paris, afin d'"éviter une rupture d'approvisionnement pour les consommateurs", a décidé dimanche soir de claquer la porte. Lors d'une interruption de séance, elle parlait d'un "dialogue de sourd" avec la direction. Elle appelle à la grève dans l'ensemble des raffineries de France, pas seulement celles de Total.

Dimanche, Christian Estrosi s'était entretenu avec le directeur général de Total, Christophe de Margerie, au ministère de l'Economie et des Finances. Il a affirmé à son issue que "Total s'engage à tout faire pour maintenir une activité industrielle" à Dunkerque, dont le site ne fermera pas quel que soit l'avenir de son activité de raffinage, qu'il n'y aurait pas de suppression de postes - Total a proposé des reclassements - et que le groupe ne fermera pas d'autres raffineries en France.

Il avait préalablement déclaré dimanche que Total doit "garantir" la "non fermeture" de la raffinerie de Dunkerque."La raffinerie des Flandres c'est tout l'avenir économique du port de Dunkerque, de sa plate-forme logistique, de ses sous-traitants. Je veux m'entretenir avec le président de Margerie pour m'assurer qu'à aucun moment nous ne mettrons en péril l'activité économique et sociale du bassin de Dunkerque, que nous garantirons l'emploi des salariés de Total et la non fermeture de la raffinerie et qu'(...)ils pérenniseront nos relations aussi avec les sous-traitants et avec l'activité du port de Dunkerque".

 

Les propositions

Total a proposé aux syndicats une demande d'une table-ronde d'ici la fin mars sur l'avenir de la raffinerie des Flandres et plus généralement de l'avenir du raffinage en France. Le groupe pétrolier s'engage aussi, en cas de cession de dépôts de produits pétroliers, de réembaucher, pendant trois ans, des salariés transférés dans des entreprises qui rencontreraient des difficultés économiques.

De leur côté, les syndicats souhaitent que Total s'engage à effectuer le "grand arrêt" de maintenance de la raffinerie de Dunkerque, une opération préalable à une reprise de la production, et ils réclament une table ronde sur l'avenir du raffinage en France, un plan d'investissement pour les raffineries françaises et l'assurance que Total ne fermera pas d'autre raffineries.

 

Grève illimitée

"J'appelle l'ensemble des consommateurs à créer la pénurie, à aller faire le plein, pour éviter que ne dure trop la grève", a lancé devant les salariés Marcel Croquefer, délégué CGT régional du pôle chimie devant les salariés de la raffinerie des Flandres, menacée de fermeture.

Les salariés des raffineries de Total se sont mis cette semaine en "grève illimitée" en soutien aux salariés du site de Dunkerque, menacé de fermeture. Selon la CGT, la France risque d'arriver la semaine prochaine "au bord de la pénurie" d'essence.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a déclaré dimanche sur France 2 à propos du risque de pénurie d'essence en France que "si on devait avoir un conflit qui s'éternise, il ne faut pas l'exclure car un pays comme la France n'a pas la capacité et les réserves pour vivre durablement avec une paralysie de la filière du raffinage". Quant aux propos de Christian sur la "non fermeture" de la raffinerie de Dunkerque, il estime que "ce ne sera peut-être pas la première fois qu'on constatera un décalage entre un engagement ou une déclaration du ministre et les faits".

 

Pas de licenciements

Les syndicats disaient attendre de Total des décisions concernant Dunkerque ainsi que les autres raffineries. Dans l'édition de samedi du "Journal du Dimanche", Christophe de Margerie, assurait que le site de la raffinerie de Dunkerque sera maintenu en activité et que, quelle que soit la solution finale, les salariés seront si besoin reclassés "sans aucun licenciement". Il réaffirme que le groupe pétrolier n'a "aucun projet de fermeture ou de cession de (ses) cinq autres raffineries en France".

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Commentaires 7
à écrit le 23/02/2010 à 12:57
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A Sacco&Vanzetti Pour vous l'hortographe ne compte guère ! mais pour le reste,vous êtes à côté de la plaque,la cgt ne défend pas les emplois,bien au contraire,elle les détruit ! elle les détruit par son obstination et sa bêtise,la défense de l'emplo...

à écrit le 23/02/2010 à 10:47
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Ce le pays qui compte pour la CGT! Elle défend les emplois en France et donc les salariés. Elle demande un engagement sérieux de Total (8 milliards de profits) sur l'industrie de raffinage en France qu'il veut délocaliser. Le gouvernement se tai et d...

à écrit le 23/02/2010 à 9:02
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La grève dans les rafineries ! Encore une fois la cgt prend les populations en otage ! Si vous êtes commerçants,artisans,retraités etc...et si vous ne pouvez pas vous rendre à votre travai,à vos occupations journalières (car vous,vous n'êtes pas fo...

à écrit le 23/02/2010 à 7:52
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la CGT controle Total, l'EDF, GDF, SNCF, RATP, les dockers, les controleurs aériens. Elle peut bloquer le pays quand elle veut. peut on encore parler de syndicalisme? A quoi sert la démocratie et le vote des citoyens quaznd une petite minorité peut t...

à écrit le 23/02/2010 à 6:54
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il faut proposer, ainsi que le prévoit la loi, de muter les syndicaliste CGT en IRAK POUR CHERCHER DU PETROLE.

à écrit le 23/02/2010 à 6:54
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il faut proposer, ainsi que le prévoit la loi, de muter les syndicaliste CGT en IRAK POUR CHERCHER DU PETROLE.

à écrit le 22/02/2010 à 21:44
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Vous ne viendrez plus chez nous par hazard

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