Marée noire : démission imminente du patron de BP

La presse évoque le départ du patron de BP,Tony Hayward, dans les 24 à 48 heures. Le géant pétrolier affirme pour sa part qu'aucune décision définitive n'a été prise pour l'instant. Le verdict pourrait tomber mardi lors de la présentation des résultats du groupe.

Les efforts de BP pour combattre la marée noire dans le Golfe du Mexique sont loin de suffire à stopper les critiques à l'encontre du directeur général du géant pétrolier, Tony Hayward. Le responsable est étrillé pour sa gestion de la crise depuis que l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, que gère le pétrolier britannique, a causé la plus grande catastrophe écologique que les Etats-Unis aient jamais connue.

Si le groupe pétrolier britannique affirme ce lundi qu'aucune "décision définitive" n'a encore été prise sur un changement de sa direction, de nombreux articles de presse évoquaient dimanche un départ imminent du directeur général Tony Hayward.

Le journal Sunday Telegraph a ainsi annoncé que Tony Hayward quitterait ses fonctions dans les prochains jours. Selon le journal, le dirigeant serait résolu à démissionner avant l'annonce, mardi, des résultats semestriels du groupe.

Selon la BBC, le responsable devrait même annoncer son départ dans les 24 heures qui viennent. "Tony Hayward négocie les conditions de son départ", affirme l'organisme public, citant une source au sein de BP. Le directeur général, qui travaille pour le groupe depuis 28 ans, a droit à un an de salaire, soit plus de 1 million de livres (1,2 million d'euros), auquel s'ajoute une prime annuelle de plus de 2 millions de livres ainsi qu'une retraite de près de 600.000 livres par an.

Selon la BBC, il devrait être remplacé par l'Américain Bob Dudley, qui occupe déjà depuis juin la direction effective des opérations du groupe pétrolier contre la marée noire. Membre du conseil d'administration de BP, en charge des activités aux Amériques et en Asie, "Bob" Dudley est entré chez BP au moment du rachat en 1998 par le groupe britannique de la compagnie pétrolière américaine Amoco, au sein de laquelle il travaillait depuis une vingtaine d'années.

Retour de la plateforme de secours après le passage de la tempête Bonnie

La plateforme de forage Development Driller 3, plateforme de secours qui travaille à colmater la fuite de brut, est retournée samedi sur sa zone d'intervention. Elle travaillait au forage de deux puits de dérivation pour colmater la brèche qui, depuis avril, déverse des millions de barils dans l'océan.

Development Driller 3 a été temporairement évacuée en raison des craintes liées à la dépression tropicale Bonnie. L'arrivée de Bonnie a également obligé le gros des équipes luttant contre la pollution à quitter vendredi la zone située à quelque 80 km au large des côtes de Louisiane (sud). La tempête tropicale a faibli samedi à mesure qu'elle avançait dans le golfe du Mexique pour se transformer en dépression, permettant à la compagnie britannique d'annoncer le retour de Development Driller 3.

Les opérations de lutte contre la marée noire avaient déjà été perturbées fin juin par Alex, le premier ouragan de la saison dans l'Atlantique. L'entonnoir récemment installé par BP sur la fuite de brut en eaux profondes est conçu pour résister à de telles conditions climatiques, alors que la saison cyclonique dans l'Atlantique promet de battre des records.

"Nous nous attendons [...] à ce que Bonnie aide à dissoudre le pétrole à la surface, à réduire la taille des billes de goudron, ce qui permet une dégradation plus rapide", a souligné Jane Lubchenco, sous-secrétaire au Commerce chargée de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA).

Une nouvelle opération prévue dans les jours qui viennent

Avec le départ de Bonnie, BP a également annoncé qu'elle espérait tenter une nouvelle tentative pour boucher définitivement le puits. Si le puits a été fermé, récemment, grâce à la pose d'un entonnoir, ce n'est en effet que de manière provisoire. La nouvelle manoeuvre, sur laquelle planchent depuis plusieurs jours les ingénieurs du groupe, consisterait à injecter un mélange d'eau et de matières solides par la tête du puits avant de le sceller avec du ciment.

L'opération, qui avait été annoncée pour la semaine prochaine, a été, dimanche, reportée à début août.  "La semaine prochaine sera consacrée à des préparatifs, pour s'assurer que tout est en place [...] puis nous essayerons ensuite de [lancer l'opération] la semaine du 1er août", a déclaré l'amiral Thad Allen, qui supervise la lutte contre la marée noire pour le compte de l'administration américaine. Baptisée "Static kill", l'opération ressemble cependant fort à celle tentée, sans succès, fin mai.

Nouveaux éléments d'enquête

Par ailleurs, dans l'enquête américaine sur les causes de la marée noire, un ingénieur de forage de la plateforme Deep Horizon a fait des déclarations surprenantes vendredi aux enquêteurs. Selon lui, une alarme aurait été volontairement désactivée. Cette alarme aurait pu détecter la formation d'une poche de méthane dans la conduite montante, à l'origine de l'explosion du 20 avril qui a déclenché la pollution, a précisé Mike Williams.

Les responsables de la plateforme "ne voulaient pas que les employés soient réveillés à trois heures du matin par de fausses alertes", a-t-il déclaré devant les six membres d'une commission d'enquête fédérale, lors d'une audience à Kenner, en banlieue de la Nouvelle-Orléans.

Les déclarations de Williams semblent contredire des témoignages écrits recueillis auprès d'autres employés et que Reuters a pu consulter. "Au moment de l'accident, j'étais dans la salle de contrôle des moteurs en train d'effectuer mes tâches de nuit. Plusieurs alarmes au gaz ont alors retenti", a ainsi raconté Douglas Brown, mécanicien en chef de la plat-forme. Selon Transocean, le propriétaire de la plateforme, "la configuration générale des alarmes sur Deepwater Horizon était intentionnelle et conforme aux pratiques maritimes en vigueur".

Le groupe ajoute que la plate-forme disposait de "centaines d'alarmes distinctes contre l'incendie et le gaz, qui avaient toutes été testées, se trouvaient en bon état et étaient contrôlées depuis le poste de commandement. Aucune n'avait été désactivée".

Après une semaine d'audiences de responsables de Transocean à Kenner, la commission d'enquête doit se réunir à Houston du 23 au 27 août pour entendre les dirigeants du groupe ainsi que ceux de BP.

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