LA TRIBUNE - Comment EDF Nouveaux Business s'articule-t-il avec les dispositifs pré-existants dédiés à l'innovation ?

MICHEL VANHAESBROUCKE - EDF Nouveaux Business ne se substitue pas aux processus existants dans l'entreprise. Il s'agit d'un maillon complémentaire, qui vient enrichir l'offre du Groupe envers les startups, en privilégiant une approche 100% business, tandis que les autres dispositifs sont plus orientés vers de la notoriété (Prix EDF Pulse) ou bien de l'expérimentation (Innovation hub à la R&D). Ainsi notre vocation est de contribuer à bâtir l'EDF de demain avec les collaborateurs d'aujourd'hui. EDF Nouveaux Business se veut très orienté client, qu'il s'agisse de particuliers, de collectivités locales ou d'entreprises.

Concrètement, EDF Nouveaux Business est une pépinière de startups, à la fois un incubateur et un fonds d'investissement. Notre mission consiste à détecter parmi les compétences en R&D celles qui peuvent être valorisées à l'extérieur. Notre savoir-faire d'industriel peut en effet bénéficier à d'autres entreprises. Nous contribuons aussi à la stratégie CAP 2030 du groupe en stimulant les innovations. Nous nous efforçons de donner les bons signaux afin de valoriser les compétences internes, ce qui répond à une attente forte des salariés en termes de reconnaissance. Nous disposons d'un formidable vivier, il nous faut trouver les moyens de pousser les salariés à passer à l'acte.

L'objectif est de développer de nouvelles activités qui permettent à EDF de s'adapter aux mutations du monde de l'énergie et des modes de consommation.

Quel est le mode de fonctionnement de EDF Nouveaux Business ?

Nous avons commencé par exploiter l'existant, en passant en revue les 529 dossiers qui avaient candidaté pour les prix EDF Pulse cette année. Nous lançons également des appels à projets thématiques, par exemple autour de dispositifs innovants en matière de déconstruction de centrales nucléaires ou sur le marché des particuliers, le confort durable dans la maison, la maison connectée, le maintien à domicile des personnes âgées, dans une optique autant sociétale que technologique. L'objectif étant de faire émerger rapidement de nouvelles offres et de nouveaux services pour les clients.

Nous pouvons également identifier des porteurs de projets qui sont amenés à travailler dans notre FabLab dénommé La Chocolaterie.

Nous avons un guichet auprès duquel tous les porteurs de projets peuvent se manifester. Nous opérons en phase d'amorçage, avec l'objectif de brasser beaucoup de bons projets en partenariat avec les métiers, afin de les aider à transformer ces projets en véritables nouveaux business.

Nous sommes très sélectifs, mais aussi extrêmement réactifs, et nous sommes capables de stopper très rapidement une expérience qui ne nous semblerait pas pertinente, dans une logique de performance.

Notre spécificité, c'est de mener des tests marché à chaque étape de développement d'un projet. L'objectif est que les entreprises crées par notre entité soient à l'équilibre en 3 ou 4 ans.

Nous étudions ainsi plusieurs centaines d'idées. Notre objectif est d'identifier les meilleures pour créer 10 start-up dans les deux prochaines années, avec une capacité d'investissement de 40 millions d'euros. . Certaines sont hébergées dans nos locaux à Levallois, d'autres au sein d'incubateurs plus adaptés à leurs besoins.

Quels projets ont déjà été lancés par votre structure ?

Métroscope, qui sera bientôt filialisé,  est une startup interne qui a vu le jour dans un laboratoire d'intelligence artificielle grâce à des chercheurs de la Direction R&D. Il s'agit d'un système expert  parfaitement réplicable, qui permet d'identifier les causes d'un dysfonctionnement sur un outil industriel, et de les traiter, sans passer par des capteurs spécifiques.

Agregio, qui est une nouvelle filiale, provient des équipes de Henri Lafontaine (Directeur exécutif en charge du Pôle Clients, Services, et Action régionale ndlr). C'est à la fois un agrégateur de production et d'effacement, capable de former la colonne vertébrale du pilotage de systèmes décentralisés.

Store & Forecast, qui commercialise un système permettant de mieux maîtriser la variabilité des énergies renouvelables grâce au pilotage intelligent de la production électrique via la prévision et le stockage d'énergie, est une société détenue à 51% par EDF EN et 49% par EDF Nouveaux business.

En matière de mobilité électrique, un secteur stratégique pour nous, nous travaillons également sur un projet de Smart charging permettant de délivrer aux propriétaires de véhicules électriques, le meilleur service de recharge à un coût compétitif et d'assurer en même temps le meilleur équilibre sur le réseau électrique. Outre l'écosystème des filiales d'EDF comme Sodétrel, NeoT Capital, Agregio et Store & Forecast, nous avons identifié deux entreprises américaines intéressantes avec lesquelles nous pourrions envisager de nouer un partenariat.

Qui percevez-vous comme vos principaux concurrents ?

Nos concurrents sont de diverses natures. Il peut s'agir de nos concurrents directs, ou d'acteurs venus d'une autre verticale (telle que la grande distribution ou le e-commerce, ndlr), ou encore d'entreprises plus transverses du monde des données tels que les GAFA. Mais nous avons la légitimité du fournisseur d'énergie et de services associés, que nous élargissons progressivement par de nouveaux services et de nouvelles activités. C'est le sens de la mission d'EDF Nouveaux Business : donner à EDF  la longueur d'avance dans le monde de l'énergie, comme cela est le cas depuis plus de 70 ans.

Propos recueillis par Dominique Pialot