Carbios décompose le plastique grâce aux enzymes

Cette société auvergnate a validé une technologie permettant d'une part de recycler le plastique utilisé pour fabriquer des bouteilles, et d'autre part, de biodégrader les emballages alimentaires et la vaisselle jetable.
Giulietta Gamberini
Carbios, société de biochimie basée en Auvergne, utilise des enzymes pour décomposer divers types de polymères.
Carbios, société de biochimie basée en Auvergne, utilise des enzymes pour décomposer divers types de polymères. (Crédits : Carbios)

Et si la solution au problème du plastique était des ciseaux... biologiques ? C'est le pari de Carbios, société de biochimie basée en Auvergne qui, à l'issue d'un projet au budget global de 22 millions d'euros, Thanaplast, vient de valider une technologie utilisant des enzymes pour décomposer divers types de polymères.

L'entreprise a notamment travaillé sur deux applications au fort potentiel commercial. La première concerne le PET, le plastique utilisé pour fabriquer les bouteilles, qui perd en qualité lorsqu'il est recyclé par la voie traditionnelle et qui reste difficilement recyclable lorsqu'il est coloré ou mélangé à d'autres matières.

« Les enzymes agissent spécifiquement sur le PET en le réduisant en monomères qui, nettoyés, peuvent être utilisés par les polyméristes pour reconstituer un plastique identique », explique Jean-Claude Lumaret, fondateur et directeur général de Carbios.

La société vient de déposer une demande de financement auprès de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) afin de construire un premier site de production pilote en 2019, puis une usine de démonstration en 2022, dans l'espoir de vendre sa technologie à des producteurs de PET à l'horizon 2031. Un partenariat de cinq ans a été signé fin 2017 avec L'Oréal, qui met justement sur le marché des flacons en PET coloré ou opaque. Carbios compte d'ailleurs étendre ses recherches au PET utilisé dans le textile - quelque deux tiers du total.

Un plastique qui s'autodétruit

La deuxième application consiste dans la fabrication de PLA biodégradable, un plastique utilisable dans l'emballage alimentaire et la vaisselle jetable. Les « ciseaux » sont ici introduits dans le polymère lui-même. Lorsqu'il est composté, voire jeté dans la nature, il s'autodétruit sans laisser aucun résidu, puisque les monomères sont digérés par les micro-organismes du sol, selon Carbios.

Une co-entreprise, Carbiolice, a été créée avec un fonds de BPI France et de Limagrain Céréales Ingrédients afin de commercialiser des granules dès cette année, et de finaliser un produit adapté à la « rupture économique de 2020 », année où, en France, toute la vaisselle jetable en plastique sera interdite, sauf celle compostable en compostage domestique et constituée à 50% de matières biosourcées.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 5
à écrit le 10/09/2018 à 11:25
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Quand la fin du pétrole arrivera il y aura moins de plastiques théoriquement.

à écrit le 05/04/2018 à 6:26
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Depuis Lavoisier, la chimie a fait des bonds prodigieux et ca continue. Certains sont toujours bloques dans les couloirs du temps. C'est ainsi.

à écrit le 04/04/2018 à 9:14
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"la vaisselle jetable" c'est amusant, on avait des assiettes en résine à base de mélamine quand j'étais jeune, j'en ai encore une, du durable (incassable en usage normal), rien de tel ! De nos jours tout se jette, même en forêt ou montagne, apporter ...

à écrit le 04/04/2018 à 8:53
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"Rien ne se perd, rien ne se créé tout se transforme" Du coup il se transforme en quoi ce plastique svp ?

le 04/04/2018 à 15:03
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...en bénéfices, you silly!

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