Carburant : la Hongrie supprime le plafonnement des prix instauré depuis un an, touchée par une forte pénurie

Le gouvernement hongrois a annoncé mettre fin au plafonnement des prix du carburant à cause d'une pénurie d'essence qui a entraîné une ruée vers les stations-service. Ce manque est dû à une baisse de 30% des importations de carburant couplé à des opérations de maintenance dans une raffinerie. Le plafonnement était de plus en plus critiqué ces derniers temps. Prôné par Budapest pour soutenir l'activité économique et juguler la flambée des prix, il n'a pas empêché l'inflation d'atteindre le niveau record de 21% en octobre.
Depuis novembre 2021 le prix du litre de sans-plomb 95 en Hongrie était bloqué à 1,17€.
Depuis novembre 2021 le prix du litre de sans-plomb 95 en Hongrie était bloqué à 1,17€. (Crédits : MARKO DJURICA)

C'est une mesure qui était en place depuis un an. En novembre 2021, le gouvernement hongrois avait décrété un prix fixe maximal pour les prix du carburant (1,17 euro le litre de sans-plomb 95). Un plafond depuis révisé tous les trois mois. Prolongé pour la dernière fois en septembre, il devait rester en vigueur jusqu'à la fin de l'année. Rétropédalage ce mardi 6 décembre. « La mesure est supprimée » avec effet immédiat, a déclaré Gergely Gulyas, le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte. Une décision prise sur suggestion du géant national de l'énergie MOL.

Le responsable hongrois a pointé les sanctions européennes contre la Russie, régulièrement critiquées par l'exécutif hongrois car accusée d'être responsable du marasme économique du pays. « Ce que nous craignions s'est produit », a-t-il dit. À savoir l'entrée en vigueur ce lundi d'un embargo de l'Union européenne sur le pétrole russe acheminé par voie maritime. Selon lui, cette mesure « a provoqué des perturbations tangibles dans l'approvisionnement de pétrole ».

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Offre critique mais demande accrue

Un peu plus tôt, MOL avait déploré une « situation de l'offre clairement critique ». Or, la demande a, elle, « explosé ». « Les consommateurs font des réserves et les achats de panique ont commencé », a déclaré Gyorgy Bacsa, directeur exécutif de la compagnie, dans un communiqué transmis à l'AFP. Les médias ont montré mardi des files d'attente d'une centaine de mètres de long aux abords de stations-service du pays, tandis qu'un photographe de l'AFP a constaté des difficultés en plusieurs endroits de la capitale Budapest.

« Une pénurie partielle de nos produits touche tout notre réseau et un quart de nos stations sont complètement à sec », avait déploré Gyorgy Bacsa. Cette pénurie est due à une baisse de 30% des importations de carburant, ainsi qu'à des opérations de maintenance dans l'une des raffineries de MOL, qui doivent durer « plusieurs semaines », a-t-il précisé.

L'Association des stations-service indépendantes (FBSZ) avait aussi appelé le gouvernement à abandonner le plafonnement des prix du carburant, le jugeant responsable du manque d'essence constaté depuis des semaines. Pour ne pas vendre à perte, les entreprises étrangères ont en effet réduit leurs livraisons de carburant à la Hongrie, selon FBSZ.

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Inflation au plus haut

Le plafonnement des prix, également appliqué à une série de produits alimentaires de base, visait à soutenir l'activité économique et à juguler la flambée des prix, argue le gouvernement hongrois. Mais il semblerait qu'il n'ait pas eu les effets escomptés puisque l'inflation a dépassé 21% sur un an en octobre. Soit son niveau le plus élevé depuis 1996, et le troisième plus élevé de l'UE, selon Eurostat.

Le gouverneur de la banque centrale hongroise a d'ailleurs fustigé cette semaine les « plafonnements des prix ». Gyorgy Matolcsy est pourtant généralement considéré comme un allié de Viktor Orban. Mais pour lui, ils ont gonflé « de trois à quatre points de pourcentage l'inflation » en poussant les commerçants à augmenter les prix des autres biens. Ils avaient d'ailleurs appuyé l'idée de les « retirer immédiatement » devant une commission parlementaire lundi.

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ZOOM : LE BRAS DE FER ENTRE LA HONGRIE ET L'UE SE POURSUIT

L'Union européenne et la Hongrie ont échoué ce mardi à dénouer leur conflit sur l'État de droit. Le pays est menacé de perdre 13 milliards d'euros de fonds européens : 7,5 milliards de fonds de cohésion qui devaient être versés dans le cadre du budget 2021-2027 et 5,8 milliards pour son plan de relance post-Covid. Le paiement de cette dernière somme est conditionné à la mise en œuvre de réformes pour améliorer la lutte anticorruption et l'indépendance de la justice.

Parallèlement, Budapest fait obstruction au plan d'aide à l'Ukraine de 18 milliards d'euros pour 2023 et au projet d'impôt minimum sur les bénéfices des multinationales conclu au sein de l'OCDE. Accusée de chantage, la Hongrie dément tout lien entre ces blocages et la question des fonds européens. Mais elle s'oppose aussi à de nouvelles sanctions contre la Russie, avec qui elle maintient des liens, et reste le seul pays de l'Otan avec la Turquie à ne pas avoir ratifié l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Alliance atlantique.

Réunis à Bruxelles, les ministres des Finances des Vingt-Sept n'ont pas réussi à convaincre le dirigeant nationaliste Viktor Orban de lever des vetos qui paralysent les institutions. Le dossier pourrait alors remonter dans les prochains jours au niveau des chefs d'État et de gouvernement, l'UE cherchant une issue tout en restant ferme sur ses principes.

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(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 07/12/2022 à 17:15
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La Hongrie qui est le seul pays avec la France en Europe à ne pas vouloir réintégrer le personnel soignant non vacciné.

à écrit le 07/12/2022 à 14:16
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C'est fou quand même, qu'en 2022, on continue à essayer d'appliquer des recettes absurdes et en contradiction avec toutes les règles économiques, telles qu'un plafonnement des prix

le 07/12/2022 à 15:58
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La Hongrie d’or an est has been heureusement que les budapestois sont plus intelligents et culturellement évolués… leur maire est en opposition directe avec le vizir orban

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