
Commencées dès mercredi soir dans des barrages hydrauliques, les baisses de production d'électricité enclenchées par des agents d'EDF s'intensifient ce jeudi au premier jour de la mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Dans un post sur les réseaux sociaux publié ce jeudi 19 janvier, la fédération CGT Mines Energie - première organisation syndicale de l'électricité et du gaz - annonce déjà « plus de 7.000 MW de baisse de production sans aucun impact sur les usagers ». « C'est énorme : on ne lâche rien !! », est-il écrit, ainsi que « c'est le début de la lutte jusqu'au retrait !! ».
De son côté, le gestionnaire du réseau électrique français RTE observe « une baisse de 5.000 MW », soit « environ l'équivalent de deux fois la consommation de Paris ». De quoi envoyer aux grévistes « un message qui demande l'arrêt des baisses ». Mais l'entreprise de service public chargée d'assurer la sécurité de l'approvisionnement en électricité se veut rassurante : « Cela ne devrait pas baisser plus bas », a-t-elle précisé à l'AFP.
Les syndicats de l'énergie chauds comme la braise
Cette journée de grève contre la réforme des retraites pourrait être particulièrement suivie et reconduite dans le secteur de l'énergie et notamment chez EDF, qui compte de nombreux salariés ayant le statut IEG (industries électriques et gazières). Ces salariés profitent d'un régime spécial qui leur permet de partir à la retraite avec cinq années d'avance en raison de la pénibilité de leur travail. Si la réforme est adoptée, ce régime particulier doit disparaître pour les nouveaux embauchés, ce à quoi les salariés sont farouchement opposés.
Dans le cadre de cette journée de mobilisation, la fédération CGT des mines et de l'énergie envisage notamment de procéder à des coupures d'électricité ciblées contre les élus qui soutiendraient la réforme des retraites. La CGT réfléchit également à retarder les travaux sur des stockages de gaz, ou d'empêcher le déchargement des méthaniers.
Une tension entre syndicats et dirigeants qui ne date pas d'hier
Dans le secteur, dominé par les géants EDF et Engie, cela fait de nombreux mois que le climat se tend. Une tension qui a atteint son paroxysme avec le placement en garde à vue début en /-octobre de quatre agents du gestionnaire des lignes à haute tension RTE, dans les locaux des services anti-terroristes de la DGSI. Ces agents sont soupçonnés d'interventions frauduleuses sur le réseau électrique en juin et juillet derniers. Licenciés, ils sont convoqués le 28 février devant le tribunal correctionnel de Paris.
Concernant cette affaire, une source syndicale extérieure à la CGT évoque à l'AFP « une tension générale sur le secteur de l'énergie, avec un climat anxiogène » lié à un hiver difficile, marqué par des centrales nucléaires à l'arrêt et des tensions sur l'approvisionnement énergétique.
Mais pour Sébastien Ménesplier, secrétaire général CGT Mines-Energie, ce sont les plans de réorganisation d'EDF et Engie qui ont mis le feu aux poudres, bien avant la crise de l'approvisionnement hivernal. « Le climat social s'est tendu depuis 2021, avec la bataille contre le projet Hercule et le plan Clamadieu », dit-il, évoquant les plans de réorganisation chez EDF et Engie, synonymes pour les syndicats de démantèlement du service public.
Pour lui, ces « luttes gagnantes », notamment le retrait du projet Hercule, donnent « un peu plus d'élan » pour la bataille contre la réforme des retraites. Le représentant syndical se déclare ainsi prêt à assumer « pleinement » les retards qu'entraîneraient les grèves pour le redémarrage très attendu de plusieurs réacteurs nucléaires.
D'autres conflits ont fini devant la justice : la CGT Energie Paris a déposé deux plaintes contre X, en juillet et décembre, arguant avoir découvert des caméras utilisées pour « espionner » les salariés, respectivement de GRDF et d'Enedis. Des accusations réfutées par Enedis, alors que GRDF évoque une caméra « entre deux sites ».
(Avec AFP)
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