Tenir l’objectif de neutralité carbone est encore possible (AIE)

Pour rester dans les clous de l'Accord de Paris et donner une chance au monde de limiter le réchauffement planétaire à +1,5 degré par rapport à l'ère pré-industrielle, le dernier rapport de l’agence internationale de l’énergie (AIE) estime que les « économies avancées » telles que les Etats-Unis et l'Union européenne, vont devoir avancer de 5 ans - de 2050 à 2045 - leur objectif de neutralité carbone, et la Chine de 10 ans à 2050.
(Crédits : Reuters)

La partie n'est peut-être pas perdue. Il y a encore une chance de respecter les objectifs de l'Accord de Paris en 2015 et de contenir le réchauffement planétaire à +1,5 degré par rapport à l'ère pré-industrielle. A quelques semaines de la 28e Conférence sur le climat des Nations unies (COP 28) qui se tiendra à Dubaï, c'est ce qu'indique le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) sur l'actualisation de sa feuille de route pour la neutralité carbone en 2050.

« La voie vers (l'objectif de) 1,5°C s'est rétrécie au cours des deux dernières années, mais la croissance des technologies d'énergie propre la maintiennent ouverte », veut croire l'AIE,

Même si depuis deux ans les émissions du secteur de l'énergie sont restées élevées, atteignant un nouveau record de 37 milliards de tonnes de CO2 en 2022  (1% de plus qu'en 2019), l'AIE estime que « le secteur de l'énergie évolue plus rapidement que ce que beaucoup pensent, mais il reste encore beaucoup à faire et le temps presse ».

Coup d'accélérateur

Pour l'AIE, les progrès sont bien là, en témoigne l'essor rapide de l'électricité solaire et de l'électrification du parc de véhicules. « Le développement des énergies propres est le principal facteur à l'origine d'une baisse de la demande de combustibles fossiles de plus de 25% cette décennie » et leur essor conduit à une baisse des émissions de CO2 dans l'énergie de 35% d'ici à 2030, selon son scénario actualisé.

Mais pour tenir les objectifs, l'AIE appelle les Etats à accélérer le calendrier pour atteindre la neutralité carbone. Les « pays riches », dont les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, doivent avancer leur objectif à 2045 (contre 2050 jusqu'ici) et la Chine à 2050 (contre 2060). Cette anticipation est nécessaire pour réussir à contenir le réchauffement planétaire à +1,5°, fait valoir l'AIE, en précisant que tout retard était impossible.

« Même un petit retard » dans la réduction des émissions au-delà de leurs engagements actuels, « entraînerait une température mondiale supérieure à 1,5°C pendant près de 50 ans », sachant qu'avec un réchauffement actuel d'environ 1,2 degré, les catastrophes climatiques destructrices se multiplient.

Un retard dans les ambitions pousserait en outre les pays à recourir massivement aux technologies de captage de CO2 alors qu'elles sont « chères » et encore non éprouvées à grande échelle.

« Le fait de ne pas relever les ambitions jusqu'en 2030 créerait des risques climatiques supplémentaires », estime l'AIE en soulignant qu'un tel scenario d'« action retardée » rendrait le monde dépendant « du déploiement massif de technologies de captage du carbone qui sont coûteuses et n'ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle ».

Son rapport intervient au lendemain de la présentation de la planification écologique du gouvernement français, qui vise une baisse de 55% à l'horizon 2030 par rapport à 1990. Mais aussi à quelques semaines de négociations cruciales à la COP28 à Dubaï où l'avenir des énergies fossiles devrait donner lieu à d'âpres débats. Il y a deux ans, le précédent rapport de l'AIE avait marqué les esprits en appelant le monde à renoncer « maintenant » à tout nouveau projet pétrolier ou gazier.

« À l'approche de la COP28, les dernières données scientifiques sont sans équivoque : l'ère des énergies fossiles touche à sa fin », a commenté Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne pour le climat. L'AIE a récemment affirmé que le pic de la demande de toutes les énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) sera atteint « dans les prochaines années » de la décennie, grâce au bond des énergies plus propres et de la voiture électrique.

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Le manque de cuivre menace la transition énergétique

Un « déficit de 5 à 6 millions de tonnes » à moyen terme dans le monde: les tensions entre l'offre et la demande de cuivre inquiètent pour la transition énergétique, tant le métal rouge est central pour l'électrification des usages, levier majeur de réduction des gaz à effet de serre. Selon l'AIE, qui organise cette semaine un sommet sur les métaux critiques de la transition, le marché du cuivre a augmenté d'environ 50% entre 2017 et 2022, atteignant près de 200 milliards de dollars.

Etant donné la croissance exponentielle de la demande, « on pourrait effectivement se retrouver avec un problème au début des années 2030, avec un déficit de l'ordre de 5 à 6 Mt » explique à l'AFP Laurent Chokoualé, de l'International Copper Association (entreprises minières et fondeurs), qui représente 50% environ du tonnage du cuivre produit dans le monde. L'International Copper Study Group, organisme intergouvernemental, évalue à environ 10 Mt les quantités de cuivre « verrouillées » dans des projets miniers en cours d'approbation sur les cinq à dix prochaines années.

Commentaire 1
à écrit le 26/09/2023 à 9:28
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Et je vous dis pas si notre classe dirigeante si était mise il y a 40 ans quand elle l'a appris ! Quand on ne veut pas on ne peut pas.

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