Pour la Société générale, le numérique est « le » défi à relever par les banques

La banque dirigée par Frédéric Oudéa a annoncé mercredi 5 août un nouveau programme d’économies, de 850 millions d’euros. Un plan dicté par la transformation digitale du secteur bancaire et par la hausse des coûts réglementaires.
Christine Lejoux
Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale : L'innovation numérique est au centre de nos priorités.
Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale : "L'innovation numérique est au centre de nos priorités." (Crédits : Reuters)

Des résultats trimestriels « de très bonne facture », dixit les analystes de Natixis, un relèvement des objectifs de solvabilité pour 2016, salué par un bond de 9% du cours de Bourse en séance... C'est peu dire que la Société générale, qui a présenté ses résultats du deuxième trimestre mercredi 5 août, se porte bien. Pourtant, la banque dirigée par Frédéric Oudéa a simultanément annoncé un nouveau plan d'économies, de 850 millions d'euros pour la période 2015/2017. Et ce, alors que l'établissement bancaire a déjà sécurisé 97% de son précédent plan, lequel prévoyait 900 millions d'euros d'économies entre 2013 et 2015. « Il est nécessaire de prolonger ces efforts, pour financer le développement de nos métiers, en particulier dans le digital », a expliqué Philippe Heim, directeur financier de la Société générale, lors d'une conférence téléphonique.

« Il nous faut poursuivre la transformation du groupe. L'innovation numérique est au centre de nos priorités. Le défi numéro un, pour les groupes bancaires, réside dans l'intégration des technologies numériques au sein de nos business-models »,

a insisté Frédéric Oudéa, directeur général de la banque. Et le patron de la Société générale de préciser sa pensée :

« Nous devons revoir nos processus-clients, afin d'être en mesure de répondre à leurs nouvelles exigences de services en temps réel et à moindre coût, ce que font certains concurrents. »

Une allusion à peine voilée aux « pure players » de la banque en ligne, ainsi qu'aux fintech, ces startups qui se font fort de démocratiser des services qu'elles jugent trop onéreux chez les acteurs classiques de la finance. Il faut d'ailleurs voir dans le récent rachat de la totalité du capital de Boursorama par la Société générale « un mouvement stratégique, dans le contexte des changements qui s'opèrent au sein de la banque de détail », a souligné Frédéric Oudéa.

 Des économies également dictées par les coûts réglementaires

Pour être moins cher, il n'existe pas 36 solutions. D'où ce nouveau plan d'économies de 850 millions d'euros, également dicté par un autre défi de taille pour le secteur bancaire, à savoir la hausse des coûts réglementaires. Les banques n'en ont en effet pas terminé avec « le tsunami » des réglementations qui se sont abattues sur le secteur, depuis la crise financière de 2008. L'une des dernières innovations en la matière est le TLAC (total loss absorbing capacity), une nouvelle exigence de renforcement des fonds propres décidée par le Conseil de stabilité financière, qui devrait en communiquer la calibration exacte aux banques en septembre. Le TLAC n'entrera en vigueur qu'en 2019 mais la Société générale s'y prépare déjà, qui a relevé son objectif de ratio global de solvabilité à « plus de 18% » à la fin 2017.

C'est « une nécessité de faire des économies », a reconnu mercredi dans un entretien à l'AFP Jean-Pierre Clauzel, délégué syndical national SNB/CFE-CGC, le premier syndicat de la Société générale. Mais cela engendre « forcément une préoccupation » quant à l'évolution de l'emploi, a ajouté le syndicaliste. « Faire des économies, c'est bien, mais 850 millions d'euros en deux ans, ça passera forcément par des réductions d'effectifs », s'inquiète également Mathieu Pué, délégué central CFDT, deuxième syndicat de la Société générale, également cité par l'AFP. Le plan d'économies devant être détaillé à la rentrée, les dirigeants n'ont pas précisé son impact sur l'emploi, lors de la conférence téléphonique de mercredi. « Ce plan s'inscrit dans la continuité des initiatives déjà prises, nous utiliserons les mêmes leviers, comme la priorité donnée à certaines dépenses et les synergies de coûts entre nos métiers », a indiqué Frédéric Oudéa. Reste que le précédent plan d'économies, de 900 millions d'euros sur la période 2013/2015, comprenait également la suppression de plus de 1.000 postes dans le monde. Sans départs contraints, c'est vrai.

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Renforcement des provisions pour litiges

Au deuxième trimestre, la Société générale a augmenté de 200 millions d'euros ses provisions pour litiges, qui s'élèvent désormais à 1,3 milliard. La veille, le Crédit agricole avait annoncé une hausse de 350 millions d'euros de ses provisions pour risques juridiques, en vue du probable dénouement, cette année, d'un litige avec les autorités américaines portant sur des transactions en dollars avec des pays soumis à un embargo économique des Etats-Unis. Le non-respect d'embargos américains avait valu à BNP Paribas une colossale amende de 6,6 milliards d'euros, il y a un an.

 « L'augmentation de nos provisions ne correspond pas à un litige en particulier. Dans un contexte général de multiplication des litiges, il nous semble qu'une politique de prudence nécessite de renforcer le niveau global des provisions », a expliqué Frédéric Oudéa. Quant au sujet d'un éventuel non-respect des embargos américains par la Société générale, « il n'y a rien de nouveau, le calendrier reste le même, nous aurons terminé notre enquête interne au plus tôt fin 2015, ou début 2016 », a ajouté le patron de la Société générale.

Christine Lejoux

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Commentaires 5
à écrit le 07/08/2015 à 15:48
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Qu'ils gèrent donc nos dépôts honnêtement et contrôlent leurs processus sérieusement, au lieu de penser à autre chose. Kerviel, amendes, prises de risque ici ou là, entente illicite... On lit plein de ça dans les journaux. Dernièrement, je suis allé...

à écrit le 06/08/2015 à 14:41
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Oh oui les black hat vont être content ! Enfin, c'est le progrès non ?

à écrit le 06/08/2015 à 9:44
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Le problème de notre époque a toujours été de virtualiser ce qui est concret, et de règlementer pour donner confiance!

à écrit le 05/08/2015 à 18:15
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Ouais, y a peut-être aussi la relation client, la formation du personnel à la politesse et son éveil au fait que eux aussi sont les clients de quelqu'un et que sans clients, une entreprise qu'elle quelle soit ne survit pas. Mais bon, avec des chefs d...

le 06/08/2015 à 7:18
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votre commentaire meme adouci par un smiley est méchant : peut être auriez vous aimé être responsable d une agence bancaire sans y parvenir ? 😃

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