Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel : « La Française des Jeux nous spolie »

Le président de la Ligue de football professionnel veut récupérer une partie de la manne financière des paris sportifs en ligne, qui s'ouvrent début 2010.

La Tribune : Les huitièmes de finales de la coupe de la Ligue se sont joués cette semaine et la quasi-totalité des équipes n'ont pas aligné leur équipe type. Qu'en pensez-vous?

Frédéric Thiriez : C'est le marronnier qu'on me ressert depuis quinze ans, à propos de la Coupe de la Ligue. C'est une sottise. C'est le travail normal d'un entraîneur que de faire tourner son effectif pour aborder les différents matchs. Je ne crois pas que ça nuise à la qualité. On a vu un Lyon-Metz (ndlr mardi soir) qui était un très beau match de coupe.

On parle de passer l'arbitrage, géré par la Fédération, sous l'égide de la Ligue. Est-ce vrai?

Personne n'a jamais dit ça et nous on ne le demande pas. La ligue est organisatrice d'un championnat professionnel. Elle est responsable de sa qualité vis-à-vis du public et de son équité vis-à-vis des clubs. Et en plus, accessoirement, c'est nous qui payons les arbitres. Il est normal que la Ligue essaie de contribuer à l'amélioration de l'arbitrage.

Vous militez pour l'arbitrage vidéo. Que pensez de l'arbitrage à cinq que préfère Michel Platini, le président de l'UEFA?

J'y suis favorable. Les deux formules vont de paire. Il faut que ça soit l'arbitrage à cinq et pas à six. A ce moment-là, il n'y a plus besoin du quatrième arbitre, qui ne servirait à rien. Remplaçons-le par un délégué officiel de la Ligue ou de la Fédération. Ensuite il ne faut pas que l'arbitrage à cinq soit le substitut à la vidéo. Le franchissement de la ligne de but ne pourra être vérifié par les arbitres supplémentaires. L'?il humain ne permet pas de le voir. Seul un ?il électronique peut le faire.

Que pensez-vous du rapport Besson?

C'est un rapport fondateur, le premier qui fait le lien entre la compétitivité économique et le sport. Il fait des propositions de trois ordres, relevant de l'Europe, de la République et du mouvement sportif. Dans le premier cas, je retiens la nécessité d'une DNCG européenne et dans le second, les mesures concernant les stades.

Un contrôleur de gestion pour le foot européen (la DNCG) est un vieux serpent de mer, où en est-on?

C'était un serpent de mer jusqu'au mois dernier. Depuis, le président de l'UEFA Michel Platini a constitué un groupe de travail sur le sujet. Pour que la DNCG soit créée, il fait qu'elle soit validée par le comité exécutif de l'UEFA. Presque tout le monde est d'accord, ça va se faire vite. Bien sûr, cela ne concernera que la Champion's League. Mais c'est déjà bien.

Certaines suggestions du rapport Besson font polémique, comme une meilleure répartition des droits télévisés à la faveur de la Ligue 1, et la réduction du nombre de clubs de L1 à 18 contre 20. Qu'elle est votre position?

Le ministre a le droit d'avoir des idées et de les dire. Moi je n'ai pas de position figée. C'est aux clubs de décider. Je pense que la répartition des droits, difficilement négociée entre les clubs après le dernier appel d'offres, en février, a abouti à un point d'équilibre. Quant au passage à 18 clubs, je l'avais moi-même défendu en 2003, mais encore une fois c'est aux clubs eux-mêmes de décider.

La réforme des statuts de la Ligue qui va être votée vendredi et qui a mis fin à la menace de grève des clubs, semble vous affaiblir. Qu'en pensez-vous?

Elle ne peut pas m'affaiblir. Je n'ai aucun pouvoir ! Je ne suis que président du conseil d'administration de la Ligue, et non directeur général du football professionnel. Mon rôle est d'être un conciliateur, un médiateur, un arbitre. Ce que j'ai fait lors de la menace de grève des joueurs il y a quelques jours.

Qu'attendez-vous de l'ouverture du marché des paris sportifs en ligne?

Il y a un problème éthique : il faut s'occuper des problèmes éventuels de blanchiment et de corruption. Nous voulons donc pouvoir accorder notre feu vert aux paris qui existeront. Au niveau financier, cela fait des années que la Française des Jeux, qui génère 300 millions d'euros sur le foot, nous spolie de nos droits. Nous voulons récupérer le droit de propriété, pour toucher des royalties sur les mises et négocier des contrats de sponsoring avec les sociétés de paris.

Le démarrage d'Orange Foot est lent. Cela ne nuit-il pas à la visibilité du championnat?

Orange fait des efforts. Il faut que ça continue. Pour moi, l'objectif, c'est qu'ils aient le plus vite possible 1 million d'abonnés, soit les deux tiers de leurs abonnés à la télé ADSL. Je ne suis pas inquiet sur la visibilité du championnat. Le match premium de Canal le dimanche fait 22% d'audience de plus que l'an passé. Et le magazine qui résume les meilleurs moments est en clair. Et il est très bon.

Pour conclure, on vous a taxé d'être un anti-Domenech. Est-ce vrai?

C'est vrai qu'après l'échec de l'Euro, j'étais pour le changement immédiat de selectionneur. La fracture avec l'opinion était telle que je pensais que nous n'avions pas le choix. J'étais pour Didier Deschamps. En juin, j'ai fait un choix de solidarité avec la fédération. Aujourd'hui, nous avons fait le bilan après les trois matchs de qualification reste jusqu'en 2010. Il s'agit d'un choix raisonné : il ne faut pas briser l'élan de la jeune équipe de France. Je souhaite donc que Domenech reste jusqu'en 2010.

Retrouvez cette interview, et bien plus encore, dans votre journal La Tribune de ce jeudi!
 

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Commentaires 5
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Par les temps qui cours je trouve ces remarques indécentes. Quelle est la place du mot "sport" dans le football ?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Par les temps qui cours je trouve ces remarques indécentes. Quelle est la place du mot "sport" dans le football ?

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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il devient urgent que le foot ne soit plus une manne financière pour un petit nombre et que le législateur se penche sur ce sport ou comme d'autre à limiter les salaires et les transferts, comment peut on expliquer qu'un sportif puisse gagner des mil...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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il devient urgent que le foot ne soit plus une manne financière pour un petit nombre et que le législateur se penche sur ce sport ou comme d'autre à limiter les salaires et les transferts, comment peut on expliquer qu'un sportif puisse gagner des mil...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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pair/paire Aller de pair, c'est aller ensemble. Ex. : le sérieux et l'humour peuvent aller de pair. Mais on dira faire la paire. Ex. : Laurel et Hardy font la paire. La Française des Jeux spolierait les organisations sportives... C'est nouveau ?

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