"Il est urgent de remettre du droit et de la régulation dans le domaine des jeux sur Internet "

Entretien exclusif avec le ministre du Budget et des comptes publics qui intervient ce lundi après-midi au Sénat, lors d'un colloque intitulé "Jeux de hasard et d'argent : nouvelle donne, nouvelle politique ?", organisé par Aromates et dont La Tribune est partenaire.

La Tribune - Vous estimez que le jeu en ligne représente aujourd'hui 2 milliards d'euros d'activité, dont 75 % de jeux illégaux. Un an après l'ouverture à la concurrence, à combien espérez-vous ramener la part du jeu illégal ?

Eric Woerth - Avoir légalisé au moins 50% du marché dès les premières années d'ouverture me semble être un objectif atteignable. Le projet de loi du Gouvernement vise en effet à inciter les opérateurs à faire le choix de la légalité, en leur donnant un cadre d'activité clair et une fiscalité raisonnable. Pour les opérateurs qui n'auront pas de licence, en revanche, la vie va devenir de plus en plus dure: blocage de l'accès à leur site, blocage des transactions financières avec les joueurs, interdiction de la publicité, saisine de la justice, nous jouerons sur tous les leviers que nous donne le projet de loi, et ce dès 2010.

- Vous venez de réclamer l'arrêt de la publicité des opérateurs du jeu en ligne sur les médias traditionnels (presse écrite, radios) mais vous tolérez que les acteurs du jeu en ligne, y compris illégaux, continuent à faire leur promotion sur le net. Pourquoi ?

- Non, nous ne le tolérons pas. J'ai lancé un avertissement clair aux opérateurs illégaux qui se sont engagés dans des campagnes de publicité alors que celles-ci sont interdites jusqu'à l'ouverture. Le CSA a lui-même averti des stations de radio. Les choses sont d'ailleurs en train de rentrer dans l'ordre, et je constate avec satisfaction que les deux opérateurs de jeu concernés s'apprêtent à mettre fin à leur campagne de publicité. C'est l'Etat qui donnera le signal de l'ouverture effective du marché, et personne d'autre.

- Comment allez-vous parvenir à respecter le calendrier d'ouverture à la concurrence sur les jeux en ligne pour le 1er janvier prochain. Pour accélérer les discussions autour de la loi sur le jeu, avez-vous l'intention de décréter l'urgence parlementaire ?

- Nous prendrons le temps nécessaire au débat, car nous sommes devant un sujet complexe, où beaucoup de questions et de sensibilités s'entremêlent. Une chose est sûre: le vote rapide de la loi est indispensable, car ce qui est vraiment urgent, c'est de remettre du droit et de la régulation dans le domaine des jeux sur Internet. On doit sortir de cette situation dans laquelle une offre se développe à un rythme rapide sans contrôle ni transparence. La crise nous l'a à nouveau montré: l'Etat ne peut pas être en retard d'une régulation. C'est vrai dans tous les domaines, et notamment sur ce marché des jeux qui connaît un développement considérable sur Internet.

- Avez-vous l'impression d'un retour en arrière sur ce dossier de la part de Bruxelles qui voudrait désormais laisser chaque Etat gérer ce processus d'ouverture à son rythme et selon ses modalités ?

- Il n'y a pas de consensus en Europe sur le sujet des jeux, même si certains Etats membres partagent des préoccupations communes en matière d'ordre public et d'ordre social. La régulation doit être donc faite avant tout au niveau national. Et il y aura des différences d'un Etat à l'autre, parce qu'un grand nombre d'Etats membres, dont la France, refusent la «reconnaissance mutuelle», c'est-à-dire le fait qu'une licence obtenue dans un Etat permette à l'opérateur d'exercer son activité partout en Europe.

- L'Etat n'a pas vocation à rester actionnaire majoritaire de la Française des Jeux. Avez-vous fixé un calendrier pour l'ouverture du capital de l'opérateur des loteries en France ?

- La priorité aujourd'hui, c'est de réussir l'ouverture du marché des jeux sur Internet et de tenir notre calendrier. Ce nouveau contexte va cependant conduire la Française des Jeux à adapter sa stratégie, son organisation et sa gouvernance. C'est la raison pour laquelle, à l'initiative du Gouvernement, une réflexion a été lancée sur l'évolution de ces questions. Elle est encore en cours.

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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De nouveaux acteurs tels que Paridamis, Betsetter ou bien encore 1j1p sont en lice pour des licences d'exploitation payantes...Qui des grands acteurs ou des nouveaux entrants l'emportera ? C'est un marché de quelques 3milliards d'euros d'ici 5ans qui...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'ouverture du marché des paris en ligne est un enjeu majeur de 2010. Beaucoup de nouveaux acteurs verront le jou (comme paridamis ou 1j1p). C'est l'occasion de voir de nouveaux modèles économiques émerger. A suivre de près !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Quand on est le ministre des finances Françaises, on montre l'exemple, avec un gouvernement capable d'effectuer des économies. L'exemple doit venir d'en haut, çe n'est pas au peuple victime de la corruption gouvernementale à se priver du nécessaire ...

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