Axe Seine : Haropa anticipe la possible mise en place de zones franches portuaires

Pour ses dirigeants, ce pourrait être l’un des instruments du rebond. Le futur établissement public qui regroupera les ports de la vallée de Seine se prépare dans l’éventualité où le gouvernement donnerait son feu vert à la création de zones d’exemption douanière en bordure de la voie d’eau.
Le port d'Achères, peut-être une future zone d'exemption douanière et fiscale ?
Le port d'Achères, peut-être une future zone d'exemption douanière et fiscale ? (Crédits : Villes d'Achères)

« Lancement d'une réflexion sur les mesures fiscales permettant d'améliorer l'attractivité des zones industrialo-portuaires et d'améliorer leur compétitivité vis-à-vis de leurs concurrents européens. » Extraite du compte rendu du dernier Comité Interministériel de la Mer, cette petite phrase au vocable délicieusement techno ne signifie pas grand chose pour l'Homme de la rue. Mais pour les états-majors des grands ports de la vallée de Seine, elle veut dire beaucoup.
Elle laisse à penser que le gouvernement accrédite l'idée de la création de « ports francs » - ou si l'on préfère de zones d'exemption douanières et fiscales - sur les emprises portuaires : une vieille antienne qui a ré-émergé à la faveur du Brexit et qui ne laisse pas indifférente sur les terminaux.

« Nous sommes très contents de cette annonce et nous attendons beaucoup de cette mission d'étude. C'est un sujet que nous travaillons depuis des mois » s'est félicité Stéphane Raison, préfigurateur et futur directeur d'Haropa, lors de la présentation à la presse des résultats 2020 des ports de Paris, Rouen et Le Havre (lire encadré ci-dessous).
De toute évidence, l'intéressé a mal vécu d'être passé à côté de gros investissements industriels du temps où il était patron du port de Dunkerque. « Je pense à l'usine de batteries de LG ou à celle de Tesla. Tous ces grands projets ont été perdus pour des raisons fiscales », se désole-t-il.

Des zones déjà identifiées

Aussi Stéphane Raison appelle-t-il à « préparer ces plateformes par anticipation ». Dans l'idée des dirigeants d'Haropa, plusieurs grandes zones pourraient bénéficier de dispositifs accommodants susceptibles d'hameçonner des établissements industriels et logistiques plus créateurs de valeur que le seul passage des marchandises.

Dans leur ligne de mire notamment, le futur grand port fluvial de la plaine d'Achères (dit Port Seine Métropole Ouest) dont les travaux d'aménagement devraient débuter en 2023 ou 2024 si rien ne vient enrayer la procédure. « C'est un projet très important à 170 millions d'euros qui s'étend sur une centaine d'hectares », rappelle Antoine Berbain, directeur de Ports de Paris.

La perspective de facilités douanières fait aussi briller les yeux du patron du port de Rouen. A toutes fins utiles, Pascal Gabet rappelle avoir lancé « un appel à manifestation d'intérêt pour un espace d'une cinquantaine d'hectares extensible à cent-quinze » sur un site de bord de Seine, récemment libéré par une filiale de Renault.

Au Havre, ce sont plusieurs emprises situées dans le périmètre de la zone industrialo-portuaire qui pourraient être ciblées. « Il s'agit de quatre zones à industrialiser pour lesquelles nous comptons proposer une offre clé en main avec une aide que nous a accordé le gouvernement dans le cadre du plan de relance », précise Baptiste Maurand, directeur du GPMH.

L'analyse de la chefferie des ports normands et parisiens rejoint celle de l'Institut Montaigne. Dans un rapport peu amène paru fin janvier sur le risque de déclassement du port du Havre, le think tank libéral préconisait « le développement de zones de compétitivité industrielle à forte valeur ajoutée le long de l'axe Seine ». Et ajoutait que celles-ci pourraient constituer « le fer de lance d'une stratégie de relocalisation industrielle et un levier additionnel de l'attractivité portuaire ».

Reste à voir ce qui sortira de l'étude lancée officiellement par Jean Castex depuis Le Havre et dont les conclusions devraient être dévoilées lors du prochain Comité Interministériel de la Mer. Rendez-vous est pris.

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Encadré

 « L'ensemble portuaire a résisté

Les statistiques du premier semestre laissaient craindre le pire. Plombés par les mouvements sociaux du début d'année et la crise sanitaire, le trafic maritime des ports de la Seine accusait une dégringolade de 30% au début de l'été. Le second semestre, marqué par une reprise forte des importations en provenance de Chine, a permis de remonter la pente. Haropa termine 2020 sur une baisse de 6% de l'ensemble des trafics (fluvial et maritime).

Baromètre de l'économie, les flux de marchandises conteneurisées sont en recul de plus de 14% mais « repartent clairement à la hausse depuis l'été » souligne Stéphane Raison pour qui « l'ensemble portuaire a résisté ».
Parmi les bonnes nouvelles, l'appétit grandissant de l'empire du milieu pour les céréales françaises. Lequel permet au port de Rouen d'afficher un niveau record d'exportations. A Paris, on se félicite du maintien du trafic fluvial porté par les chantiers du Grand Paris et du stade olympique. Le trafic lié au BTP a ainsi progressé de 12% sur le fleuve.

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Commentaire 1
à écrit le 29/01/2021 à 9:54
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Quand on voit le succès que cela a eu pour Singapour et Hong kong je pense que c'est une bonne chose

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