Rosneft à la recherche de nouveaux partenaires étrangers pour explorer les gisements arctiques

Exxon, Chevron, Statoil, Total, Shell sont cités par des experts pour travailler avec le russe.
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Le pétrolier d'État Rosneft a jeté l'éponge et déclare chercher de nouveaux partenaires pour développer les gisements arctiques situés dans la juridiction russe. Selon Denis Borisov, analyste chez Banque de Moscou, Rosneft « a absolument besoin d'un partenaire étranger expérimenté et qui maîtrise les technologies d'extraction du pétrole en région arctique. Rosneft doit attirer des spécialistes étrangers et il me semble tout à fait logique qu'un partenariat soit développé avec le groupe norvégien Statoil, surtout à la lumière du récent accord intergouvernemental entre Moscou et Oslo sur l'exploitation offshore ». Des sources chez Rosneft citées par la presse russes indiquent que le groupe est prêt à offrir la place de BP à un autre groupe étranger. Le pétrolier russe aurait déjà reçu des propositions des groupes américains de Chevron et ExxonMobil (qui travaille déjà avec Rosneft à Sakhaline) et de l'anglo-hollandais Shell. D'autres experts estiment que le Kremlin préférerait voir un partenaire européen joindre Rosneft et citent Total et Shell.

Les acteurs russes de l'affaire pourraient bien réserver d'autres désagrément à BP. Dmitri Routiaguine, analyste auprès du cabinet d'experts Alor Invest, estime que le gouvernement russe, Rosneft et les actionnaires russes de TNK-BP peuvent désormais chacun se « retourner contre BP et demander des dommages et intérêts. Ceci pour dégradation de l'image du groupe TNK-BP, qui s'est traduit par une dévalorisation en Bourse ».

Coup de bluff ?

Mais nombre de commentateurs russes restent persuadés que Rosneft et BP continuent de négocier avec les actionnaires russes de TNK-BP à l'origine du blocage, et que l'annonce de la rupture du contrat est destinée à faire pression sur ces derniers. Les trois milliardaires russes Mikhaïl Fridman, Lev Blavatnik et Viktor Vekselberg, regroupés sous le sigle AAR (soit leurs holdings respectifs Alfa, Access Industries et Renova), ont surpris par leur ténacité dans cette affaire. AAR a résisté à la triple pression de Rosneft, de son actionnaire majoritaire le Kremlin et de BP. Bien qu'AAR se dise favorable à un accord avec Rosneft et BP sur un projet conjoint dans l'Arctique, le consensus des experts s'accorde autour de l'idée que AAR cherche à vendre ses 50 % dans TNK-BP à un prix très supérieur à sa valorisation boursière (22 milliards de dollars). BP aurait proposé de monter jusqu'à 30 milliards tandis que AAR aurait demandé au moins 32 milliards de dollars. Mais en cette période préélectorale (les présidentielles se dérouleront dans moins d'un an), le versement d'une telle somme à des milliardaires honnis par les Russes risque d'avoir un coût politique encore plus élevé pour le Kremlin.

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