IBM, la centenaire toujours pionnière

En 2011, IBM a fêté ses 100 ans. l'occasion pour la firme de armonk (dans l'État de New York) d'organiser expositions et conférences, mais surtout de rappeler tout ce que lui doit l'industrie High-Tech. Car si IBM n'est plus numéro 1 mondial de son secteur en terme de chiffre d'affaires (106 milliards de dollars en 2011 contre 127 milliards de dollars pour HP et 108 milliards de dollars pour apple), elle reste néanmoins la société qui dépose le plus de brevets aux États-Unis (6 180 en 2011), et ce, pour la 18e année consécutive.
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Le succès d'IBM (qui ne prendra ce nom qu'en 1924) est d'autant plus remarquable qu'il s'inscrit dans la durée puisqu'il s'agit de la seule entreprise aussi ancienne dans un secteur où la majorité des acteurs n'ont guère plus de 40 ans (hormis HP, créée en 1939 et dans une moindre mesure certains conglomérats japonais et coréens comme Samsung, fondé en 1938). et surtout, elle n'a jamais cessé en cent et un ans d'existence de connaître les sommets.

En 1993, Big Blue perd 8 milliards de dollars

Dès les années 1930, International Business Machines, qui a gagné un gros contrat avec le gouvernement américain pour ses machines à tabulation (mélange de calculatrice mécanique et de machine à écrire), fait partie des grandes compagnies américaines et commence à se développer à l'international. Mais c'est à la fin de la guerre qu'IBM va réellement prendre une nouvelle dimension en misant sur l'informatique. Commence alors près de cinquante ans d'ascension où la compagnie va faire entrer les ordinateurs dans les entreprises grâce à ses mainframes et à un langage de programmation alors révolutionnaire, le Fortran.1981 marque un nouveau tournant fondamental : IBM lance son premier ordinateur personnel, le PC 5150. Doté d'un lecteur de disquettes et coûtant près de 3 000 dollars, le premier PC a un sérieux concurrent : Apple. Mais grâce à une architecture ouverte qui permet à d'autres entreprises de proposer des clones et au poids commercial d'IBM, le PC va rapidement s'imposer sur son concurrent. Profitant alors de la croissance du secteur informatique tant dans le grand public que dans le monde professionnel, la firme d'Armonk ne cesse de développer ses activités : ordinateurs, imprimantes, semi-conducteurs, systèmes de stockage... Big Blue (ainsi nommé en raison de la couleur de la tenue réglementaire - bleu foncé - des salariés de l'entreprise) est omniprésente au point qu'elle compte près de 400 000 collaborateurs en 1988.Mais cette fin des années 1980 marque aussi le début des difficultés pour l'entreprise devenue trop grosse et qui doit affronter des jeunes sociétés (Microsoft, EMC, Compaq, Intel, etc.) plus agiles et aux tarifs très concurrentiels. en 1993, IBM perd 8 milliards de dollars, ses effectifs sont retombés à 250 000 collaborateurs et nombreux sont ceux à prédire sa faillite. Est alors nommé comme PDG celui qui non seulement va sauver Big Blue, mais qui va surtout lui donner les moyens de rebondir et de redevenir un leader technologique. Cet homme, c'est lou Gerstner, un ancien de McKinsey et d'American express qui, faisant fi des préconisations de certains experts lui recommandant de filialiser l'entreprise, la réorganise, vend des actifs non stratégiques et l'oriente résolument vers les services et le logiciel. Un choix audacieux qui s'avère payant : « Aller vers les services n'était pas une stratégie gagnée d'avance. Pour l'entreprise qui depuis son origine était associée au hardware [matériel], il s'agissait d'un véritable changement d'image », explique Franck Nassah, senior vice-président des opérations chez Pierre Audoin Consultants France.les résultats ne se font pas attendre. en 1994, Big Blue est de nouveau bénéficiaire de 3 milliards de dollars, mais la restructuration est loin d'être finie. IBM achète à tour de bras, d'abord dans le secteur du logiciel (lotus, Tivoli, Rational Software, Cognos, etc.) et aussi dans le monde des services où il rafle, à la barbe d'HP, le cabinet de conseil PWC Consulting qui lui permet de devenir numéro 1 du secteur. Parallèlement, Sam Palmisano, qui a succédé à Lou Gerstner, décide de se séparer de l'un des emblèmes du groupe qui ne dégage plus suffisamment de rentabilité : les PC, vendus en 2004 après des mois de négociations avec le gouvernement américain au chinois Lenovo. Car IBM, malgré ses déboires, est toujours resté un champion national, celui qui fournit à la naSa et au gouvernement américain des technologies de pointe dont les supercalculateurs et les systèmes d'analyse de réseaux (criminels, terroristes...).
« Ce qui distingue vraiment IBM de ses concurrents, c'est sa très forte capacité d'innovation - cinq prix Nobel, plusieurs milliers de brevets déposés chaque année - et sa présence à l'international. La société a des laboratoires dans le monde entier et n'hésite pas à lan-cer des programmes de recherche innovants même si tous n'aboutissent pas. Leur force a été de faire évoluer le marché par rapport aux idées qu'ils avaient », souligne Franck Nassah. C'est ainsi qu'après avoir inventé le concept d'e-Business puis popularisé ceux de Cloud Computing et de Big Data, IBM se positionne aujourd'hui sur les marchés très prometteurs du Smart Grid (réseau de distribution d'électricité intelligent) et plus largement du Smart City qui mettent la technologie au service du développement durable.
Ainsi, malgré son grand âge, Big Blue reste, un siècle après, le pionnier d'une industrie qui - et c'est peut-être cela le miracle américain, quand on voit les succès des Salesforce, Apple, Oracle, Cisco, Google, Facebook et autres Twitter - ne cesse de se renouveler et de nous étonner.

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