La Chine face à la crise financière

Par Valérie Niquet, directrice du Centre Asie à l'Institut français des relations internationales.

La Chine est-elle à l'abri des conséquences de la crise financière?? Les tenants de la théorie du découplage l'espèrent encore. Face aux folies du modèle financier américain, Pékin affirme vouloir jouer un rôle de «stabilisateur» pour l'économie mondiale. Pourtant, plus peut-être que les analystes étrangers, les dirigeants chinois s'inquiètent.

Le contraste est frappant entre les positions des analystes extérieurs, qui veulent croire en la Chine comme à un dernier espoir, et les dirigeants chinois eux-mêmes, qui voudraient y croire mais en sont moins persuadés. La Chine est aujourd'hui le troisième détenteur de bons du Trésor américain. Pour Wang Qishan, vice-Premier ministre en charge des questions financières, Pékin peut difficilement « tuer » l'économie américaine dont elle dépend en se tournant vers d'autres placements moins intéressants.

Si, financièrement, la Chine est relativement peu exposée, elle l'est tout de même dans des proportions qui ne sont pas négligeables. Pékin était par exemple le premier débiteur des agences Fannie Mae et Freddy Mac, pour un montant de 396 milliards de dollars. Deuxième élément, la crise financière mondiale a éclaté à un moment très particulier de l'histoire de la finance chinoise. Les autorités, grisées par la vigueur de la croissance, et soucieuses de projeter une image de modernité, avaient choisi de considérablement « booster » les investissements financiers et leur rendement au prix d'une prise de risque accrue.

La création de la China Investment Corporation (CIC), nouveau bras armé de la puissance financière chinoise, répondait à cet objectif. Mais au-delà de la Safe (State Administration of Foreign Exchange) et de la CIC, fortement stimulées dans leurs prises de risques par une rivalité institutionnelle caractéristique du système chinois, les banques d'Etat se sont également lancées dans des jeux financiers plus risqués.

Ainsi, l'exposition de la Banque de Chine au risque des "subprimes" avait atteint 10 milliards de dollars avant l'éclatement de la crise. Les critiques se sont donc faites plus sévères à l'égard de ces prises de risques, et la Chine retrouvera sans doute une nouvelle prudence dans ses investissements extérieurs, ce qui relativise à moyen terme le poids financier de la République populaire dans le système mondial. Mais, au-delà, les conséquences les plus préoccupantes pour l'avenir de la Chine proviennent des répercussions de la crise sur l'économie mondiale et, par voie de conséquence, sur une économie chinoise qui, en dépit de trente années de croissance ininterrompue, demeure très dépendante de l'extérieur. L'enjeu principal pour la Chine, après avoir craint la surchauffe au début de l'année 2008, est de préserver une croissance «stable et suffisante»,croissance qui repose encore, pour une large part, sur l'accès aux marchés extérieurs.

La consommation intérieure n'a en effet représenté que 38% du PIB en 2007. Comme le souhaitait Deng Xiaoping, la Chine est devenue une très grande puissance exportatrice, mais au prix du développement de son propre marché. L'Union européenne est ainsi devenue le premier importateur de produits chinois, avec un montant de 230 milliards de dollars en 2007, mais, à l'inverse, les exportations de l'UE en direction de la Chine n'ont pas dépassé 72 milliards de dollars pour la même période, suscitant des tensions et des critiques de plus en plus sévères devant ce creusement abyssal du déficit. Tensions aggravées par la crise de la qualité des produits chinois, dont le dernier exemple dramatique est celui des produits laitiers empoisonnés.

Les Etats-Unis sont, eux, touchés de plein fouet par la crise des "subprimes" et le resserrement du crédit qui pèsent sur la consommation des ménages. Quant aux pays émergents vers lesquels certains analystes chinois veulent se tourner, ils sont loin de peser suffisamment pour compenser le recul des marchés européens et américains.

Eternel serpent de mer, le marché intérieur n'est pas capable à court terme d'absorber une production chinoise de produits de consommation difficile à réguler. Le taux d'épargne des ménages s'élève à 25% des revenus disponibles, mais cette épargne demeure vitale pour assurer l'ensemble des coûts sociaux, santé, retraite et plus encore éducation, non prise en charge par l'Etat. Le transfert massif de la cagnotte des réserves de change vers ces coûts sociaux, solution envisagée par certains, est une illusion qui détruirait l'équilibre des changes aujourd'hui très favorable au yuan et donc aux exportations c

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Commentaires 3
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Cela explique que nous pouvons dormir tranquille meme si nous tombons dans la crise actuellement les chinoises ne seront pas capable de vivre au niveau de nous.car elle dépend surtout de toutes de nous.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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l'éducation n'est pas prise en charge par l(état en Chine???

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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non, la Chine sera la première puissance mondiale dans une vingtaine d'année.et c surtout une bonne chose, t méchant!!!

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