L'auto, SOS pompiers

Par Odile Esposito, rédactrice en chef à La Tribune.

Lorsque la maison brûle, difficile de critiquer les méthodes des pompiers. A l?évidence, l?automobile traverse une crise profonde qui justifie un effort particulier du gouvernement pour un secteur employant, directement ou indirectement, quelque 2,5 millions de personnes dans l?Hexagone. Les prêts bonifiés accordés par l?Etat vont aider les constructeurs à traverser la tempête et il est logique qu?en retour les dirigeants de l?automobile acceptent une ingérence dans leur gestion.

Le contribuable supporterait mal en effet que son argent soit redistribué en bonus ou en plantureux dividendes. Et il ne comprendrait pas que les constructeurs, une fois les aides empochées, lancent des suppressions d?emplois massives.

Mais il ne faudrait pas que ce ballon d?oxygène empêche de reconstruire la maison sur de nouvelles bases. Car la flambée du pétrole l?an dernier, de courte durée mais appelée à se répéter, a révélé que la voiture avait changé de statut. Trop chère, trop sophistiquée, trop polluante, elle est tombée de son piédestal. Même les Américains, rois de la bagnole s?il en est, n?ont mis que quelques mois à abandonner leurs chers 4×4. En France, avec le succès de la Logan, auquel Renault lui-même ne croyait pas au départ, puis la ruée vers les petites voitures économes, le marché a été totalement bouleversé. Il a rétréci. Et ce sont les modèles délocalisés dans les pays à bas coûts qui se vendent le mieux, tandis que les usines françaises, spécialistes de la moyenne gamme, tournent au ralenti.

En prêtant aux constructeurs et en leur interdisant les licenciements à un moment où les rangs des chômeurs se gonflent de plus de 40.000 personnes par mois, l?Etat pare au plus pressé. En les aidant à financer la recherche sur les voitures propres et en promettant de supprimer la taxe professionnelle en 2010, il montre aussi qu?il a compris les enjeux de long terme. Mais il laisse à Renault et PSA le soin de gérer la délicate période du moyen terme, avec son lot d?usines inadaptées, de salariés désabusés et de sous-traitants déboussolés.

Sans leur fournir de mode d?emploi autre que des contraintes en termes d?effectifs. Et sans exiger d?eux, comme le fait l?administration américaine vis-à-vis des "Big Three", de plan détaillé de retour à la viabilité. L?urgence et la politique imposent leurs règles. Mais dans une industrie automobile européenne qui chiffre ses surcapacités de production à 4 ou 5 millions de véhicules (sur un total de 20 millions), Renault et PSA sont loin d?être sauvés.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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"Et ce sont les modèles délocalisés dans les pays à bas coûts qui se vendent le mieux, tandis que les usines françaises, spécialistes de la moyenne gamme, tournent au ralenti." Le choix de Toyata qui produit des Yaris à Valenciennes montre que d'autr...

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