Patrons voyous et Etat de droit

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef à La Tribune.

Qui sème le vent récolte souvent la tempête. En s'attaquant aux "patrons voyous" dans son discours "à la France qui souffre" à Agen le 22 juin 2006, le candidat Nicolas Sarkozy ne pouvait se douter que trois ans plus tard la France verrait ressurgir une flambée de séquestrations de dirigeants d'entreprise, dans un climat de crise économique profonde.

Et qu'il lui faudrait, devenu président, rappeler que la France est un Etat de droit où entraver la liberté de circulation d'un individu, fût-il patron, est un délit pénal passible de poursuites, même si très rares sont ceux qui portent plainte. Sony, Continental, Caterpillar : les actions violentes se banalisent en France, affectant son image auprès des investisseurs étrangers.

Face à la multiplication des plans sociaux, le danger est désormais celui d'une contagion, voire d'une escalade. La plupart du temps, la séquestration du dirigeant intervient quand les salariés ont le sentiment de ne plus avoir d'interlocuteur ou lorsque la justification des licenciements n'a pas été clairement exposée.

Le phénomène n'est pas nouveau. De telles actions ont été fréquentes au début des années 1970 avec l'apparition du chômage de masse, puis à la fin des années 1990 avec ce que l'on a appelé les "licenciements boursiers". On retrouve dans les actions actuelles ce soupçon, selon lequel la crise servirait de paravent à des opérations de "délestage".

Pour autant, on aurait tort de ne voir dans le retour de ce mode d'expression qu'une forme de désespoir de salariés ayant épuisé toutes les formes classiques de revendication. Il s'agit aussi d'instaurer un rapport de force, pour obtenir des conditions plus favorables. C'est là où se trouve la limite. En droit, un accord négocié sous la contrainte est nul et non avenu. C'est ce qu'a rappelé hier le patronat, en soulignant que les réponses aux conflits sociaux doivent être trouvées "par la négociation libre et consentie entre les parties" et dans le respect du principe de légalité qui fonde une société démocratique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
La france est plus en état de DOIS qu'un état de DROITS; ce souci de l'esthétique est à l'origine de l'instabilité bananière de notre pays depuis deux siècles

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Comme vous le dites dans votre article "...affectant son image auprès des investisseurs étrangers...." Le magazine Forbes a déclaré que la France est N°1..... des pays au MONDE ayant la pression fiscale la plus élevée, on se serait bien passé d'être ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.