EDF et le printemps du nucléaire

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Le pari est risqué. La Bourse s'est chargée hier de nous le rappeler, avec un recul du titre EDF de 5,7% à la clôture. Pour conserver les cinq années d'avance que son PDG, Pierre Gadonneix, revendique sur ses concurrents dans le nucléaire, l'électricien national avait mis le prix dans les derniers mois de 2008, investissant plus de 16,8 milliards d'euros pour acquérir British Energy (BE) et 50% des actifs nucléaires de l'américain Constellation.

Les concessions qu'a dû faire EDF, hier, pour parachever son offensive britannique, ont rappelé le coût et le risque de celle-ci. Non seulement l'électricien a dû accepter de revendre 20% de BE, 6% moins cher qu'il ne les avait achetés, mais il a dû amadouer son acquéreur, Centrica, en lui reprenant sa filiale belge, SPE. Les Anglais, on le sait, sont de bons négociateurs. Mais il y a plus que cela.

A l'automne, EDF pariait sur la fin de l'"hiver nucléaire", dans lequel le monde était plongé depuis la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986. Pour les quelque 436 réacteurs en service dans une trentaine de pays, on en comptait une quarantaine en construction et, surtout, 230 environ en projet. L'Agence internationale de l'énergie tablait à l'horizon 2030 sur une capacité installée de 650 millions de kilowatts, contre 375 seulement aujourd'hui.

Or, la chute du cours du pétrole - il a perdu les deux tiers de sa valeur depuis le pic de juillet 2008 - et la crise financière ont bousculé la donne. Le nucléaire est moins compétitif et plus difficile à financer. Aux Etats-Unis, premier parc nucléaire mondial, les investissements programmés sont en "stand by" depuis l'élection du président Obama.

De mesuré, le pari d'EDF est devenu audacieux. Un échec fragiliserait toute la filière française, du fabricant de réacteurs Areva aux activités de recherche du Commissariat à l'énergie atomique. La réponse, gagnante ou perdante, ne sera connue qu'à long terme. On ne jugera qu'alors les années Gadonneix.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Certes le " pari nucléaire " n'est pas sans le moindre risque mais trois critères me semblent incontournables. 1- Il faut continuer à dompter et améliorer technologiquement cette source d'énergie pour l'exploitation actuelle des centrales, le démantè...

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