Retenez-moi, ou je fais une loi

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

L'"omniprésidence" de Nicolas Sarkozy, qui se saisit avec voracité de tous les sujets sans distinction ni hiérarchie, a de nombreux inconvénients. Et encore bien plus de détracteurs. Mais ce régime a aussi quelques avantages. Il a permis de faire redémarrer un dialogue social français poussiéreux et largement improductif. Le thème du partage du profit donne ainsi une nouvelle illustration de la méthode.

Premier temps, le constat. Le président passe commande d'un rapport à un économiste incontestable, Jean-Philippe Cotis, qui pointe la forte croissance des inégalités salariales et celle de la rémunération du capital. Deuxième temps, la pression. Sarkozy avertit patronat et syndicats, avec la diplomatie nuancée d'une infirmière-chef, qu'il serait opportun de trouver un accord pour réduire ces déséquilibres. Avant la mi-juillet. Faute de quoi, il y aura une loi des parlementaires UMP, qui ont l'humeur sociale ces temps-ci. Il leur arrive même de dépasser Besancenot sur sa gauche.

C'est la bonne vieille technique du bâton, qui a déjà fait ses preuves sur la représentativité syndicale et sur la formation professionnelle : retenez-moi, ou je fais une loi. Et ça marche. Tant mieux. Restera à traiter l'autre constat du rapport Cotis : depuis vingt ans, l'économie française ne produit qu'un très faible surplus à distribuer, car les gains de productivité du travail sont limités. De surcroît, ils sont mangés par la ponction croissante des cotisations maladie et retraite.

Cette particularité française a plusieurs causes. L'une d'elles tient au développement des emplois peu qualifiés, massivement subventionnés par des allégements de charges, pour réduire le chômage. Allégements non financés, qui ont creusé le déficit. Le partage de la valeur ajoutée à la française se fait entre générations : celle qui travaille hypothèque les revenus de celle qui travaillera demain, et qui devra acquitter la charge d'une dette substantielle. Là-dessus, une loi ne suffira pas.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Va-t-on enfin penser aux salariés qui payent pour tous les inactifs?

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