Séquestration... ou médiation ?

Par Frédéric Brunet, chef d'entreprise et président délégué du Centre de médiation et d'arbitrage de Paris.

Le système de résolution des conflits semble se dégrader de jour en jour en France. Que penser des séquestrations de patrons d'entreprise qui deviennent un processus habituel de gestion de conflit ? La séquestration est une atteinte à la liberté. Ce n'est pas parce qu'un directeur séquestré est nourri et qu'il dispose d'un matelas pour dormir que, pour autant, il n'est pas privé de liberté, acte violent.

Nous sommes entrés dans un système où le pouvoir est le mode d'action, où seules les démonstrations de force ont voix au chapitre médiatique. Montrer ses muscles, rester campé sur ses positions. D'un côté comme de l'autre. Provocations, actes de violence, jusqu'où ? La souffrance ne peut pas justifier ces comportements.

Il est temps d'arrêter, il est temps de comprendre. De dire le passé, oui ; de penser le présent avant tout. Un présent où le contexte économique ne permet plus de demander ce qui était peut être encore possible hier mais qui ne l'est plus aujourd'hui. Ni aux salariés, ni aux patrons, ni au président de la république.

C'est dans le présent, bien réel, avec ses données complexes, psychologiques, comptables et financières, qu'il faut résoudre les difficultés rencontrées. Voilà qui appelle des solutions neuves pour permettre à chacun d'exprimer son point de vue et parvenir à des solutions comprises et partagées.

Un exercice toujours difficile tant les tensions peuvent être grandes, mais salutaires pour sortir de la crise. Un exercice qui demande une confrontation encadrée des parties en cause, une médiation neutre et de bonne volonté.

Ainsi, les techniques de médiation permettent à la fois de rappeler le passé, de comprendre les souffrances, de résoudre des difficultés cachées et surtout de trouver une solution actuelle qui permette de continuer sereinement.

Cette philosophie de la conduite des conflits, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris l'applique depuis 1995, par l'intermédiaire du Centre de médiation et d'arbitrage de Paris (CMAP) qui propose aux entreprises de résoudre les conflits qu'elles rencontrent à l'aide de modes alternatifs de résolution de conflits, les "Marc" (médiation, avis juridique ou technique, arbitrage)...

La caractéristique commune à ces modes de résolution des conflits est qu'ils sont amiables : les parties en conflit ont la volonté de trouver une solution qui satisfasse tout le monde et elles ?uvrent en ce sens, aidées par un tiers (médiateur, expert, arbitre...) dont le rôle est de rappeler les règles et faire avancer le processus. La médiation a cela de particulier que c'est la solution trouvée par les parties qui mettra fin au conflit, le médiateur n'étant là que pour "faire accoucher" les parties de leur accord.

Dans chacune de ces procédures, les parties sont présentes pour dire leurs intérêts et leurs besoins ; elles abandonnent petit à petit leurs positions (inacceptables aux yeux de l'autre partie) pour converger vers un accord consensuel.

C'est cette voie qu'il est urgent d'adopter en France : que chacun écoute les intérêts et les besoins de l'autre, dès le début, au lieu de le provoquer et de l'humilier.

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Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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s'exprimer ne sert malheuresement plus assez. Le fait que les entreprises sous estiment délibérément les salaires, sauf ceux des dirigeant, le prouve assez. Ces actions cesseront lorsqu'il y'aura de la part des entreprises plus de transparence sur l...

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