Paroles de banquiers !

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Pour leur huitième convocation à l'Elysée hier, les grands banquiers français ont reçu leur feuille de route. Celle de l'après-G20 de Pittsburgh, aux Etats-Unis, encadrant bonus des traders et relations avec les paradis fiscaux. Dans un bel élan, ils ont donné les gages demandés.

Les bonus ? Ils avaient pris les devants. Dès le printemps, la profession s'est dotée d'un code de bonne conduite, qu'un arrêté gouvernemental devrait entériner dans les jours à venir. Les paradis fiscaux ? Les banquiers, emboîtant le pas de BNP Paribas, ont promis de fermer leurs implantations dans les Etats figurant sur l'infamante "liste grise" de l'OCDE.

La profession balaie devant sa porte et il serait d'autant plus malvenu de lui faire un procès d'intention que même les banquiers britanniques vont à Canossa. Cinq établissements de la City viennent de s'engager "sans réserve" à appliquer les principes du G20. Si cela devait se traduire en acte, on pourrait sans exagération parler de révolution culturelle. Mais, disons-le tout net, il est impossible aujourd'hui de dire qui, de la volonté de changement des dirigeants des grandes banques ou du réalisme brutal des salles de marché, va l'emporter.

Comme Janus, toutes les décisions annoncées ont deux faces. Les bonus différés restent des bonus, les malus que l'on veut leur adjoindre seront difficiles à mettre en ?uvre, et la liste des paradis fiscaux fond plus vite que neige au soleil. La réponse, la vraie, celle qui nous dira si la feuille de route d'hier était plus qu'une feuille de vigne, nous l'aurons, mais dans quelques années. Lorsque l'activité sera repartie, que la créativité financière, nécessaire à la fluidité de l'économie, sera de retour, et que la concurrence entre des établissements financiers ragaillardis fera son ?uvre : dans la banque d'affaires, ce métier d'hommes où le portefeuille est faible, on se doit de rémunérer les talents.

Transformer la cupidité humaine en abnégation promet d'être aussi difficile que de transformer l'or en plomb.

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Commentaires 6
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Monsieur Pagay vous avez raison " transformer l'or en plomb " impossible. Mais, vous oubliez une chose, le chef d'un état peut renvoyer -virer c'est mieux - un directeur de banque qui n'en fait qu'à sa tête, n'obéit aux décisions, injonctions politi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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La vraie solution c'est de séparer la banque d'investissement, de la banque de détail.On mettra ainsi à l'abri de la spéculation les déposants-contribuables. Faire de l'argent avec les flux financiers, pourquoi pas...mais avec ses fonds propres.Quan...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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D'accord avec Odette... Si l'on veut que cela change, il faut changer les têtes. Il n'y a pas d'autres solutions. Croire qu'un banquier va s'amender, c'est croire en la possibilité de changer le plomb en or! Du rêve, quoi...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Esperer changer les mentalités en changeant de banquier, c'est changer du plomb en plomb. Tout reprendra très vite comme avant. Ce qui est déjà le cas à la City où les bonus vont de nouveau bon train. Les maîtres de la finance n'ont que faire du plom...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Faire confiance à un banquier c'est faire confiance à un voleur. Savez-vous qu'il y a dans le monde plus d'emprunts que de fonds propres dans les banques (dépôts des états, particuliers et entreprises). Cela veut dire que l'on signe des reconnaissanc...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les principes du G20 sont des principes et non des règles factuelles. Beaucoup de bruit autour de ces décisions mais pour quasiment pas de changement d'un point de vue pratique. Je ne crois qu'à une harmonisation volontariste des fiscalités par zo...

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