Quand l'Etat pédale dans le yaourt

Par Pierre Kupferman, rédacteur en chef de latribune.fr.
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A la fin des années 1990, sentant sa mort prochaine, le patron de la plus grosse entreprise de Bourgogne avait fait sensation à la radio en affirmant avoir écrit dans son testament que si son groupe devait être cédé, il voulait que ce fût à des Asiatiques et non à des Français. Pour justifier son souhait iconoclaste, ce concurrent de Servier affirmait en substance : "c'est le plus sûr moyen de préserver l'emploi. Les Asiatiques ne sont pas présents en France alors qu'un Français ou un Américain s'empressera de restructurer l'entreprise."

Ses dernières volontés ne furent pas respectées. Les propos de cet entrepreneur emblématique résument le problème que soulève aujourd'hui le devenir de Yoplait, pépite de l'agroalimentaire français qui suscite de nombreuses convoitises étrangères. Le Fonds stratégique d'investissement, bras armé de l'Etat, projette d'intervenir pour favoriser une solution de reprise bien française. Un Etat doit-il investir dans le yaourt ? Doit-il se mêler de la production de biens de consommation ? Les produits laitiers sont-ils désormais stratégiques ? L'entreprise Yoplait, éminente, n'a pas besoin d'autre chose que se développer sur des marchés en croissance. Pourquoi dans ces conditions faudrait-il retoquer un investisseur qui lui offrirait un réel potentiel en la matière ?

Quant à l'argument du made in France qu'il conviendrait de défendre, il ne tient guère. Les yaourts Yoplait qu'achètent les Français sont évidemment fabriqués en France. Mais pas ceux que l'entreprise vend à l'étranger, qui sont fabriqués à partir de produits locaux - le yaourt n'est guère délocalisable. Et son origine locale est même un argument de vente. La preuve : en Suisse, Danone ajoute un drapeau helvétique sur ses yaourts. 

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