Des parlementaires ont pris récemment pour cible le transport aérien au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Ainsi certaines propositions de loi ou d'amendement visent-elles à réduire voire supprimer les liaisons aériennes domestiques au bénéfice supposé du transport ferroviaire.
Ces propositions sont surtout révélatrices de postures qui méconnaissent les réalités du transport aérien. Les responsables politiques doivent prendre acte de l'attente des Français en matière de mobilité aérienne et reconnaître enfin le rôle incontournable joué par le transport aérien dans le développement économique et social des régions françaises.
La mobilité aérienne est plébiscitée par les régions françaises
Le mode aérien attire aujourd'hui de plus en plus de voyageurs. Les aéroports français ont accueilli en 2018 plus de 206 millions de passagers dont 52 millions sur les lignes domestiques. Si le trafic domestique représente 27% du trafic passager au niveau national, le chiffre monte à 49% pour la région Occitanie ou encore 75% pour la Bretagne. Au sein de ce trafic domestique, les connexions région-région connaissent la croissance la plus forte. En 2018, les liaisons transversales ont crû de 9,9% contre une diminution de 1,72% pour les liaisons Paris-Régions.
Entre 2008 et 2018, les liaisons transversales ont augmenté de 64,4% contre une diminution de 2,4% pour les radiales. La France connaît, ces dernières années, un développement sans précédent d'ouvertures de lignes transversales par les compagnies low-cost. Ces nouvelles connexions permettent aux régions françaises d'être mieux reliées entre elles à un prix comparable à celui du TGV. Ces lignes répondent avant tout à une attente de mobilité rapide des Français à laquelle le TGV est incapable de répondre. Ainsi un Caen-Toulouse ou un Strasbourg-Marseille en avion peut se faire en 1h30 contre plus de 6h en train.
Le transport aérien est complémentaire des autres modes
Il est faux d'affirmer que l'avion est, sur les lignes intérieures, en concurrence avec le train. Le mode aérien est aujourd'hui complémentaire du mode ferroviaire. Là où le TGV existe, par exemple entre Lyon, Nantes et Paris, la part du trafic vers Paris représente moins de 20% des passagers. Et ces passagers aériens sont essentiellement des passagers acheminés vers les hubs parisiens de Paris- Charles de Gaulle et d'Orly pour poursuivre sur des vols internationaux. La suppression des liaisons domestiques aurait ainsi pour principale conséquence de compliquer pour les Français habitant en région l'accès aux liaisons aériennes internationales.
Elle rendrait aussi plus difficile l'acheminement des touristes étrangers vers les principales régions touristiques
françaises. La suppression des lignes intérieures affaiblirait donc le hub de Paris-Charles de Gaulle et tournerait paradoxalement à l'avantage des hubs étrangers et non du rail français. La suppression des liaisons domestiques entraverait enfin le développement des relations économiques entre les régions françaises alors même que les liaisons transversales permettent d'améliorer les relations entre les régions françaises sans construction de nouvelles infrastructures ferroviaires coûteuses et génératrices de pollutions supplémentaires.
Le transport aérien améliore de façon continue son efficacité énergétique
Les émissions de CO2 du trafic aérien domestique ne représentent que 1,1% des émissions de CO2 de la France en 2016. Chaque nouvelle génération d'avions consomme en moyenne 20 % à 30 % de carburant en moins que la précédente comme le prouve, une nouvelle fois, le dernier né d'Airbus l'A321. Ainsi, entre 2000 et 2017, les émissions de CO2 par passager/km ont-elles baissé de 25,7% soit de 1,7% par an.
Pour l'avenir, le transport aérien a également su prendre des engagements forts : croissance carbone neutre à partir de 2020, en dépit de l'accroissement prévisible du trafic, par le biais du dispositif CORSIA et réduction de 50 % des émissions de CO2 d'ici à 2050 par rapport à leur niveau de 2005.
De réelles possibilités s'offrent à nous de réduire l'empreinte carbone du transport aérien sous réserve de l'appui des pouvoirs publics. Affaiblir le transport aérien français par la suppression des lignes intérieures ou par la taxation franco-française est un contre-sens alors qu'il faut plus que jamais mobiliser des fonds pour accélérer la transition écologique du transport aérien. Il est plus que temps aujourd'hui de mettre en place la filière biocarburant et d'accroître le financement pour la recherche en vue d'amplifier et d'accélérer les ruptures technologiques favorables au développement durable.
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