De plus en plus de Français prennent l'avion pour se déplacer entre deux villes régionales

Au-delà de la concurrence et de la complémentarité entre le train et l'avion, il demeure que les lignes aériennes transversales (de région à région) sont nécessaires à la mobilité des personnes et au développement économique des métropoles.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Stefano Rellandini)

La formule proposée par François Ruffin pour déterminer les lignes aériennes intérieures à supprimer ne concerne pas, pour l'essentiel les lignes transversales (de région à région). Celles-ci sont en effet nécessaires au développement économique des grandes métropoles régionales. Et pour cause : en raison de la longueur des trajets en train et en voiture, le choix de l'avion sur ces lignes est pertinent : la durée moyenne du trajet en train dépasse neuf heures sur les lignes Bordeaux-Nice ou Toulouse-Brest, et dure plus de cinq heures entre Nantes et Strasbourg, quand l'avion assure les mêmes trajets en une heure. Sur ce réseau de lignes transversales, l'avion joue un rôle prépondérant. « Cette partie du réseau français affiche la croissance du trafic la plus dynamique », explique Thomas Juin, le président de l'Union des aéroports français.

Nouvelle clientèle

En 2018 en effet, le trafic aérien sur les lignes transversales a bondi de 10% quand il a diminué de 1,7% sur les lignes reliant Paris à des villes régionales. Cette forte croissance du trafic en région a permis de dépasser le record de 2000 du nombre de passagers voyageant en avion sur des lignes intérieures.

Surtout le profil de clientèle a changé. Pendant des années, les lignes aériennes transversales étaient assurées par les filiales d'Air France avec des prix élevés que seuls les voyageurs d'affaires pouvaient payer. Ses tarifs étaient souvent la conséquence de coûts au siège très importants, accentués par l'utilisation d'avions plus petits. L'arrivée il y a quelques années de compagnies low cost étrangères, comme EasyJet, Volotea et Ryanair, a bouleversé le paysage.

Avec des coûts d'exploitation moins élevés et des avions de plus grande capacité en sièges qu'il fallait remplir (de 100-150 places, voire 188 dans le cas de Ryanair), ces compagnies ont fait chuter le prix du transport aérien entre les villes régionales. Surtout, elles ont attiré une nouvelle clientèle qui n'utilisait pas l'avion jusqu'ici. Il ne s'agit pas pas tant de clientèle touristique que de voyageurs allant rendre visite à des amis ou à des membres de leur famille (clientèle dite « Visit Friend and Family »).

« Par exemple, entre Toulouse et Brest ou Toulouse et Caen, ils représentent respectivement 80% et 50% du trafic . Il y a une attente pour que la mobilité interrégionale se développe », explique Thomas Juin.

Or ce trafic qui n'existe que par la vente de billets d'avion abordables pourrait être fragilisé par un alourdissement de la taxation.

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H296, LT1, UNE, couv, hebdo

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 8
à écrit le 17/06/2019 à 19:45
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le problème est que sur des distances courtes, les 2.5 au cent sont explosées du fait du decollage..... Lyon Bordeaux 500 km sur du moyen courrier ou long courrier...votre raisonnement tient la route..... hormis le fait que le w end a Marrakech c est...

à écrit le 17/06/2019 à 17:26
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La Tribune sort des articles sur commande pour parler bien de l'avion,à l'occasion du salon du Bourget 2019.Le mouvement "honte de prendre l'avion",qui a fait baisser de 6% le nombre de passagers en Suède,en 2018,fait peur au lobby de l'aérien.Celui-...

à écrit le 17/06/2019 à 17:22
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toujours pas de TGV pour faire le tour de la France, encore et toujours des corail ?

à écrit le 17/06/2019 à 15:24
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Cocasse d'habitude on nous parle de l'avancée progressiste des pays du Nord de l'Europe mais là non hein faut pas exagérer hein ! :D Bon sang quelle hypocrisie générale...

à écrit le 17/06/2019 à 11:12
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L'avion c'est bien ça va vite et alors ? L'étape suivante sera d'aller encore plus vite...et ainsi de suite. Pour quels résultats? Pour l'impression que la vitesse donne de la puissance, symbolisée par la course au profit, à l'argent. Pour qu'elles...

à écrit le 17/06/2019 à 10:55
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AirFrance devrait en profiter pour développer des vols long-courriers depuis la province, avec des interconnections régionales. Un lyon new-york pourrait satisfaire un client Bordeaux-Lyon-NewYork, car transiter par paris n'est pas forcément un plai...

à écrit le 17/06/2019 à 10:11
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Lyon / Bordeaux tgv; 6 heures et 170 euros avion; 1 grosse heure et 50 a 60 euros voiture, 6 heures et 100 euros la sncf sur certaines liaisons devraient réactiver les trains couchettes de nuits....a des prix cohérents.....l avion étant sur ce ...

le 17/06/2019 à 11:02
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Moi je veux bien qu'on récite à longueur de temps que l'avion est hyper polluant... mais la réalité, c'est que par exemple l'A350 (certes pas sur du court-courrier) consomme 2.5l/100km par siège ... Si on se base sur une voiture avec 2 personnes à ...

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