Auto : « Roule, ma pile »

Heuliez devrait obtenir aujourd'hui un sursis. 1100 emplois en jeu. Heuliez, le carrossier automobile, c'est aussi la voiture électrique. Pour cela très précisément, pas question pour l'Etat de laisser tomber cette entreprise...

Attention, Heuliez, c'est la voiture électrique, c'est un peu vite dit. C'est même complètement faux. Parmi ses activités, Heuliez a effectivement travaillé depuis plusieurs années sur la voiture électrique - comme d'autres. L'entreprise a, c'est vrai aussi, déposé dans ce domaine quelques brevets. Mais ce sont tout au plus une cinquantaine de personnes, sur le millier de salariés du groupe, qui sont concernées. Ce n'est pas ensuite avec une commande de 300 exemplaires - une commande de la Région - que l'on lance un véritable projet industriel.

Cela étant, cette affaire Heuliez va obliger l'Etat, assez vite, à prendre position, voire à intervenir dans ce débat sur la voiture électrique.

La voiture électrique, ça existe. Elle reste néanmoins encore à l'état de quasi-prototypes ?

Oui, la voiture tout électrique existe. Des industriels aux Etats-Unis, en Israël, en France avec par exemple Vincent Bolloré et sa « Blue car », en fabriquent. Mais ces premiers modèles restent chers, très chers. Exemple : en Californie, un pionnier, Tesla Motors, commercialise sa dernière-née, une berline, à plus de 100.000 euros ! Ces engins, surtout, ont une autonomie réduite. Après 200 ou 300 kilomètres, il faut les recharger. La technologie n'est pas encore arrêtée.

Cela étant, la voiture électrique, une voiture silencieuse et peu polluante, c'est sûr, c'est l'avenir. Elle fait rêver des industriels. Elle est surtout l'objet d'une bataille à la fois technologique et commerciale qui s'annonce rude...Partout, en Chine même, on veut être les premiers sur ce créneau. Il n'y a pas de temps à perdre.

Dans ce domaine, la France est bien partie ?

Moyen.

D'abord, les grands constructeurs, Renault, Peugeot et Citroën, ont mis du temps à s'y intéresser. Aujourd'hui, Renault y travaille avec Nissan, Peugeot avec Mitsubishi. Sans enthousiasme ni l'un ni l'autre.

Des outsiders, des entrepreneurs qui flairent le filon, des gens comme Vincent Bolloré ou Serge Dassault ont au contraire l'enthousiasme nécessaire. Il faut les entendre parler de la voiture électrique. Chacun a sa propre technologie, chacun suit sa propre route. Personne n'est néanmoins encore capable de proposer un véhicule sûr, autonome et accessible au plus grand nombre.

Compte tenu de l'enjeu, l'Etat français envisage d'aider la filière à s'organiser. C'est sans doute nécessaire. Qu'il joue le facilitateur, qu'il impulse la recherche, qu'il incite les automobilistes à acheter des véhicules non polluant, OK, mais il ne faudrait surtout pas qu'il se prenne pour le concepteur, le père de la voiture électrique de demain. On sait ce que cela donne : Concorde. Un superbe objet technologique, un fiasco économique et commercial total.

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